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À Kindia, aujourd’hui une cité universitaire par excellence, les étudiants tirent la sonnette d’alarme face à la dégradation progressive de leurs conditions de vie, à quelques jours seulement de la rentrée universitaire 2025, conformément au communiqué du ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de l’Innovation.
Entre insécurité, loyers exorbitants, absence d’activités génératrices de revenus et difficulté d’accès à l’alimentation, beaucoup peinent désormais à se concentrer sur leurs études.
La rédaction de Guineenews.org s’est rendue dans plusieurs cités universitaires où vivent la plupart des étudiants.
Interrogé, Mohamed Doumbouya, étudiant en Licence 2 Banque, Finance et Assurance, témoigne : « le banditisme est très fréquent ici. L’année dernière, une amie a été violée. Cet événement a eu de lourdes conséquences psychologiques sur elle. Et même récemment, un individu est entré dans notre cité universitaire par l’arrière. Il a tenté de voler une moto garée à proximité. Heureusement, il n’a pas réussi à partir avec. On l’a aperçu alors qu’il s’enfuyait vers la forêt derrière la cité, mais nous n’avons pas osé le poursuivre, de peur qu’il soit accompagné.
Concernant le logement, les loyers sont beaucoup trop chers pour la qualité des chambres. Ici, une petite pièce coûte 140 000 GNF par mois. C’est excessif vu l’exiguïté des lieux. Quant à la nourriture, c’est tout aussi compliqué. Dès 19h ou 20h, il n’y a plus rien à manger dans les environs. Ce n’est pas évident de demander de l’argent chaque jour aux parents, surtout que la majorité d’entre nous vient de familles modestes. J’appelle les autorités à prendre des mesures urgentes pour sécuriser les cités universitaires et améliorer nos conditions de vie. »
De son côté, Marie-Jeanne Kolié, étudiante en Comptabilité, abonde dans le même sens : « nous souffrons énormément ici. Pendant près de trois mois, nous avons vécu sans électricité, faute de moyens pour payer les factures. Le fournisseur refusait de venir rétablir le courant malgré nos appels répétés. Ce n’est qu’en cotisant, entre étudiants, que nous avons pu retrouver un minimum de confort.
Le paiement du loyer est un vrai calvaire. Les propriétaires exigent un paiement annuel. L’an dernier, nous payions 90 000 GNF par mois. Cette année, c’est monté à 130 000 GNF, avec obligation de verser huit mois d’un coup, sinon on risque d’être expulsés. Mais comment un étudiant sans emploi peut-il supporter une telle charge ?
Pour m’en sortir, je fais de petits travaux : parfois je vends du piment, d’autres fois, j’aide à labourer des champs. On se débrouille comme on peut. J’en appelle aux autorités : aidez-nous ! Diminuez le coût des loyers et rendez leur paiement plus flexible. Nous voulons étudier, réussir et contribuer au développement du pays, mais dans ces conditions, c’est très difficile. »
Rencontré dans sa tenue de taxi-moto, Gnouma Revion Kamano, étudiant en Licence 3, partage le même constat amer : « chaque année, les loyers augmentent sans justification. En première année, je payais 70 000 GNF. En deuxième année, c’est passé à 90 000 GNF, et cette année je suis à 120 000 GNF. Pourtant, je n’ai aucun soutien financier. Je me débrouille seul pour subvenir à mes besoins, en exerçant de petites activités. Les autorités doivent penser à nous. Nous sommes des étudiants, pas des travailleurs. Il faut réguler les loyers et nous permettre de vivre et d’étudier dans la dignité. »
Ces témoignages illustrent une réalité préoccupante : à Kindia, les étudiants font face à des défis quotidiens qui compromettent leur réussite académique et leur bien-être. Ils aspirent à apprendre, à s’épanouir et à contribuer au développement du pays, mais demandent en retour des conditions de vie décentes.
L’appel est lancé : les autorités doivent agir, et vite, pour soutenir cette jeunesse, pilier de l’avenir national.