Université de Kindia : « Le destin économique de notre pays s’est joué en 1986 » (Dr Ousmane Kaba)

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Économiste, fondateur de l’université Kofi Annan de Guinée et président du parti PADES, Dr Ousmane Kaba était ce jeudi 30 mai 2024 l’hôte des étudiants de Kindia. Accompagné d’une forte délégation, Dr Ousmane Kaba a tenu en haleine les étudiants et le corps professoral sur le thème : « La transition Économique de la Guinée en 1986 ». La rencontre d’échange s’est tenue avec les étudiants et en présence des autorités de l’université de Kindia dans l’Amphithéâtre Dr Daniel Lamah.

Dans une salle bondée d’étudiants, Dr Kaba a expliqué l’objectif de sa présence à l’université de Kindia.

« Je suis invité dans les universités guinéennes actuellement mais Kindia est aussi l’une des universités la plus importante de la Guinée. On est venu parler de la transition économique de la Guinée en 1986. Il s’agit là de sciences économiques. Je pense que c’est important pour les jeunes de savoir d’où l’on vient pour savoir où on va. Si vous ne connaissez pas d’où l’on vient, vous ne pouvez pas connaître le positionnement actuel et l’avenir aussi sera flou », a-t-il précisé d’entrée.

A cette conférence, l’Enseignant a rappelé l’histoire économique de la Guinée.

« Le destin économique de notre pays s’est joué en 1986 lorsque nous sommes passés du socialisme au libéralisme. Depuis l’indépendance chaotique de la Guinée où il y a eu beaucoup d’antagonisme entre la France et la Guinée, et comme l’autre l’avait dit, la Guinée est devenue indépendante avec l’embargo sur le plan économique, financier, diplomatique et politique. Cet embargo s’est traduit dans les faits, d’abord la Guinée a été expulsée de la zone CFA le 15 octobre 1958 deux semaines après l’indépendance. C’est pourquoi elle a créé sa propre monnaie en 1960. Le monde était divisé en deux blocs dont les pays de l’ouest et de l’est. Nous étions punis par l’Ouest, célébrés par l’Est. Donc, c’est ainsi la Guinée est devenu socialiste communiste comme la moitié de l’humanité d’ailleurs à ce vingtième siècle. Malheureusement, ça ne s’est pas bien terminé sur le plan économique malgré les efforts d’industrialisation, malgré les efforts dans l’équipement de l’agriculture. On a baissé les prix agricoles, on a violé la première loi de l’économie qui dit que l’offre est fonction croissante du prix. Les campagnes guinéennes se sont appauvries. L’agriculture d’exportation a disparu alors qu’on était le premier exportateur en Afrique de l’ouest surtout dans le triangle bananier ici à Kindia, Dubreka et à Coyah. C’était le cœur des grandes plantations mais pour des raisons multiples, cette agriculture a pratiquement disparu et jusque-là on ne s’en est pas relevé. C’est sur ceux qu’il y a eu le décès du Président Sékou Touré en 1984 et l’arrivée du Général Lansana Conté une semaine plus tard. Mais c’est en fin 1985 qu’il y a eu le discours programme qui a réorienté l’économie guinéenne. Et, les Guinéens étaient très contents de le faire. Mais en réalité il y avait un lourd tribut. Nous avons changé la monnaie, nous avons restructuré la banque centrale, nous avons libéralisé les prix. Nous avons privatisé le commerce, l’agriculture et l’industrie. Ce qui nous a emmené à liquider beaucoup d’entreprises publiques commerciales surtout et nous avons restructuré les grandes entreprises d’États. Jusqu’à présent la restructuration de ces grandes entreprises n’est même pas achevée. Puisqu’on parle encore des problèmes d’EDG, D’AIR GUINÉE, des problèmes import-export, etc. Donc c’est un chantier qui est toujours en cours », a évoqué Dr Ousmane Kaba.

Pour l’Économiste, pour que la Guinée soit autosuffisante, il faut que les paysans gagnent de l’argent.

« Dans le domaine scientifique, il est bien connu que l’offre est une fonction croissante du prix. Cela signifie que si tu veux encourager l’agriculture, il faut que le paysan gagne de l’argent » avant d’ajouter que « tant que les paysans ne gagnent pas l’argent, la Guinée ne sera pas autosuffisante », a-t-il conclu.

Cette rencontre scientifique a pris fin par une série de questions qui ont été répondues à la satisfaction des étudiants présents.

Siba Toupouvogui, Correspondant de Mosaiqueguinee.com à Kindia

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