Guinée: Les opérateurs miniers nationaux, acteurs incontournables du développement du secteur (Opinion)

il y a 9 heures 53
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La Guinée possède environ un tiers des réserves mondiales connues de bauxite, un minerai essentiel à la fabrication de l’aluminium. Ce potentiel fait du secteur minier l’un des piliers de l’économie nationale. Pourtant, les opérateurs miniers guinéens peinent à jouer un rôle de premier plan dans l’exploitation de cette richesse. Depuis quelques années, les autorités guinéennes affirment vouloir créer des « champions nationaux » capables de concurrencer les grandes entreprises étrangères dans l’industrie minière.

Cette ambition a été évoquée sous la présidence d’Alpha Condé et reste d’actualité sous la junte militaire au pouvoir depuis 2021. Parmi les initiatives les plus marquantes figure l’entreprise AGB2A-GIC (Alliance Guinéenne de la Bauxite de l’Alumine et de l’Aluminium – Guinea International Corporation), dirigée par Ahmed Kanté. Cette société illustre bien le potentiel des acteurs locaux à développer une industrie minière intégrée, de l’extraction de la bauxite à la transformation en alumine, voire en aluminium. En l’espace de quelques années, sous la houlette de son administrateur général, cette entreprise a réussi a maîtriser tous les segments de sa chaîne d’exploitation : au moins 5 mines ouvertes, une route minière, un port et des alliances stratégiques qui font d’elle un géant en devenir. Est-ce la raison pour laquelle des attaques, toutes plus insidieuses les unes que les autres sont fomentées contre son administrateur général ? Est-ce un fait isolé de constater que les dernières actions entreprises à tort contre AGB2A-GIC semblent bien coordonnées ? Pour casser de l’opérateur minier guinéen ? Mystère et boule de gomme. Au demeurant, les autorités devraient se mobiliser pour empêcher ce genre d’agitations orchestrées par des personnes très peu soucieuses du sort des Guinéens… En tout cas, l’entreprise de Kanté affiche, sous sa direction, des chiffres enviables : 7,5 millions de tonnes en 2024 (environ 800000 tonnes rien qu’en novembre 2024), une projection réaliste de 10 millions de tonnes dans les années à venir, ce qui ferait d’elle l’un des fleurons de l’économie guinéenne. D’autres Guinéens se sont aussi lancés dans l’aventure minière. On peut citer Mori Diané et le général Mathurin Bangoura, associés dans la Guinéenne des Mines (GDM), ou encore Sony Doumbouya, directeur général de l’Alliance Minière Responsable (AMR). Malgré leur engagement, ces entrepreneurs doivent souvent faire face à des obstacles administratifs et à un manque de soutien politique décisif. Depuis 2015, l’arrivée de la Société Minière de Boké (SMB), à majorité étrangère, a renforcé la production de bauxite en Guinée. Le pays a ainsi exporté plus de 100 millions de tonnes de bauxite en 2022. Mais cette croissance profite surtout aux multinationales, au détriment des entreprises locales qui peinent à se développer. Pourtant, renforcer la place des opérateurs guinéens dans le secteur est crucial. Contrairement aux sociétés étrangères qui rapatrient une partie de leurs bénéfices, les entreprises locales réinvestissent davantage dans l’économie nationale. Elles créent aussi plus d’emplois locaux, ce qui favorise l’émergence d’une classe moyenne. Impliquer les acteurs nationaux, c’est aussi bâtir une souveraineté économique durable. En formant des compétences locales, en favorisant l’investissement national et en assurant une plus grande transparence dans la gestion des ressources, la Guinée peut mieux contrôler sa chaîne de valeur minière. Cela lui permettrait également de réduire sa dépendance vis-à-vis des marchés extérieurs et de sécuriser ses revenus à long terme.

Oumar Camara

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