Thierno Saidou Diakité : “Le Syli local régresse il faut tirer les leçons”

il y a 14 heures 28
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Alors que le football guinéen traverse une nouvelle crise, marquée par l’élimination prématurée du Syli local au CHAN 2025, Thierno Saïdou Diakité appelle à une réforme en profondeur du secteur. Dans cet entretien accordé à Guinée360, il analyse les causes de l’échec, pointe les responsabilités et plaide pour une gouvernance plus rigoureuse.

Il évoque également les perspectives offertes par l’arrivée de Paulo Duarte, nouvel entraîneur du Syli national, désigné par la Fédération guinéenne de football. Entretien !

Guinée360 : Quel regard portez-vous sur la prestation du Syli local au CHAN ?

Thierno Saïdou Diakité : Le format de la compétition ne laisse pas de place à l’erreur : seuls les deux premiers de chaque groupe se qualifient. Pas de meilleur troisième. Il fallait impérativement battre l’Afrique du Sud pour espérer une qualification. Malheureusement, nous terminons à la quatrième place avec une différence de buts de -3. Pour se qualifier désormais, il faudrait un scénario presque irréalisable : que l’Ouganda perde ses deux derniers matchs contre le Niger et l’Algérie, et que l’Algérie perde aussi. Autant dire que nos chances sont nulles.

Comment avez-vous trouvé le niveau de jeu de l’équipe ?

Hormis le match contre le Niger, où les joueurs ont été un peu plus présents, le Syli local a été méconnaissable. Contre l’Ouganda, c’était une prestation très pauvre. Ce lundi face à l’Afrique du Sud, nous avons pourtant dominé avec 67 % de possession et plusieurs occasions franches. Mais le manque de lucidité dans le dernier geste et quelques erreurs défensives ont fait la différence. En football, dominer ne suffit pas : ce sont les buts qui comptent.

Comparé aux précédentes éditions, la Guinée régresse-t-elle ?

Oui, si l’on s’en tient aux statistiques. En 2020 au Cameroun, nous étions troisièmes, après avoir battu le pays hôte. En 2016, nous avons terminé quatrièmes. Cette année, nous sortons dès la phase de groupes. C’est clairement un recul. Il y a du travail à faire, notamment sur la professionnalisation du championnat et la détection des talents. La sélection locale est censée être la rampe de lancement vers l’équipe A.

Selon vous, où se situe le vrai problème du football guinéen ?

C’est une responsabilité partagée : la Fédération, le ministère des Sports, et même l’État. Cette année, la Fédération a mis l’accent sur la préparation du Syli local avec des stages à Dakar, au Maroc et au Cameroun. Mais dans le même temps, les primes de qualification contre la Guinée-Bissau n’ont toujours pas été versées. Ce genre de situation démotive les joueurs.

Les primes peuvent-elles vraiment impacter la performance en compétition ?

Absolument. Une prime, c’est plus qu’une récompense : c’est une source de motivation. Il existe un arrêté conjoint des ministères du Budget, des Finances et des Sports qui fixe les montants dus aux joueurs. Ces primes n’ont pas été payées, alors que les joueurs ont tout donné. Avant le match contre l’Afrique du Sud, ils ont reçu une avance de 500 euros, soit 5 millions de francs guinéens chacun. C’est bien, mais c’est tardif et insuffisant.

Si vous étiez à la place du ministre des Sports, que feriez-vous ?

Je mettrais en place une régie financière dédiée aux dépenses urgentes de l’équipe nationale : primes, voyages, hébergements, entraînements. Aujourd’hui, la procédure de décaissement est trop longue. Une régie autonome permettrait d’intervenir rapidement, notamment en période de compétition.

Que représente le dernier match contre l’Algérie ?

Ce sera un match pour l’honneur. Même en cas de victoire, cela ne changera pas grand-chose sur le plan de la qualification. Mais c’est important de sauver l’image du pays. Les joueurs doivent mouiller le maillot et quitter la compétition avec la tête haute.

Le ministre Bogola Haba a justifié la défaite contre l’Ouganda par le manque d’expérience des joueurs devant un grand public. Qu’en pensez-vous ?

Avec tout le respect que je dois au ministre, je ne partage pas son analyse. Les joueurs ont bénéficié de toutes les conditions pour performer. Certes, évoluer dans un stade de 40 000 places n’est pas facile, mais c’est le rôle du staff technique – et notamment du psychologue sportif – de les préparer mentalement. Ce genre de déclaration ne devrait pas venir du ministre. Elle aurait été plus appropriée de la part des responsables techniques ou de la Fédération.

L’équipe nationale A a un nouveau sélectionneur. Quelles doivent être ses priorités ?

Paulo Duarte n’a pas de temps à perdre. Sa priorité, c’est la qualification. La Fédération a pris du retard, mais le choix est judicieux. C’est un entraîneur expérimenté qu’on surnomme le “Mourinho de l’Afrique”. Il faut lui permettre de travailler librement, sans interférence, et surtout veiller au paiement régulier de son salaire. Les éliminatoires de la Coupe du monde arrivent très vite, et nous sommes mal classés. Il doit redonner une âme au Syli national.

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