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Comme convenu par sa famille et conformément à ses dernières volontés, Albassirou Diallo, connu du monde intellectuel et journalistique sous le nom d’El-Béchir Diallo, né à Dakar, a été inhumé ce dimanche 21 décembre 2025 au Sénégal, non loin de la prestigieuse école William Ponty.

Une date à la fois solennelle et symbolique, coïncidant avec le coup d’envoi de la Coupe d’Afrique des Nations TotalEnergies Maroc 2025, comme si l’Afrique, dans toute sa pluralité, saluait en même temps la mémoire de l’un de ses plus dignes fils.
Journaliste d’exception, intellectuel accompli, penseur libre et homme de conviction, El-Béchir Diallo laisse derrière lui une œuvre, une éthique et un héritage moral qui continueront d’éclairer la presse guinéenne et africaine. Sa disparition, survenue le 16 décembre 2025 à Dakar, ville qui l’a vu naître, a suscité une vive émotion bien au-delà des frontières de la Guinée, tant son influence dépassait les cercles professionnels pour toucher les milieux académiques, culturels et citoyens.
L’oraison funèbre qui suit se veut à la fois témoignage fraternel, hommage collectif et devoir de mémoire. Elle est prononcée par l’un de ses confrères, compagnon de plume et de combat intellectuel, au nom de la presse guinéenne et de tous ceux qui ont été formés, inspirés ou marqués par la rigueur intellectuelle, l’humilité et l’engagement d’El-Béchir Diallo.
Oraison funèbre d’El-Béchir Diallo
Mesdames, Messieurs,
Chère famille durement éprouvée,
Chers amis,
Je me tiens devant vous aujourd’hui à double titre. D’abord comme confrère et frère de plume d’El-Béchir Diallo, un homme né à Dakar mais profondément enraciné dans l’histoire intellectuelle et journalistique de la Guinée. Ensuite, je m’exprime au nom de l’ensemble de la presse guinéenne, qui s’apprêtait à lui rendre un hommage solennel et national pour l’homme et l’œuvre qu’il a incarnés, mais qui, comme nous tous, est tenue de respecter sa dernière volonté.
J’ai eu l’immense privilège de travailler aux côtés d’El-Béchir Diallo au journal L’Observateur. Nous partagions parfois les nuits et les week-ends au bureau afin que le journal paraisse, fidèle à sa mission. Et s’il continue encore de paraître chaque lundi, c’est grâce à d’autres confrères qui ont repris le flambeau. Sa disparition me touche donc au plus profond, car j’ai partagé avec lui des heures, des semaines, des années de travail acharné, de passion et de dévouement au service de la presse et de la vérité.
Le mercredi 16 décembre 2025 restera gravé dans notre mémoire collective comme un jour de stupeur et de silence. Un de ces jours où les mots manquent, où l’esprit refuse d’admettre l’irréparable, où la mort, implacable, vient rappeler sa souveraineté.
La Guinée est en deuil.
La presse africaine est en deuil.
Et nous sommes tous en deuil.
Car El-Béchir Diallo n’est plus.
L’annonce de sa disparition, survenue à Dakar, a provoqué une onde de choc dans les rédactions, les cercles intellectuels, les universités et bien au-delà. Elle a franchi les frontières, traversé les océans et touché tous ceux qui croyaient encore à la noblesse de la plume, à la puissance de l’intelligence et à l’indépendance de l’esprit.
Avec El-Béchir Diallo, Albassirou Diallo à l’état civil, né à Dakar, disparaît l’une des consciences les plus lumineuses de notre temps.
Un homme rare.
Un intellectuel accompli.
Un confrère respecté.
Un frère.
Un ami.
El-Béchir n’était pas un homme ordinaire. Il appartenait à cette catégorie d’hommes qui élèvent leur époque sans jamais chercher à se mettre en avant. De ceux qui marquent l’histoire dans la discrétion, mais toujours avec rigueur et constance.
Journaliste d’exception, il fut l’un des pionniers et des piliers de la presse écrite indépendante guinéenne. Du groupe de presse L’Indépendant-Démocrate à La Lance-Lynx, puis à l’hebdomadaire du lundi L’Observateur, qu’il contribua à ériger en journal de référence sous l’impulsion de l’ancien ministre Tibou Kamara, El-Béchir a façonné des rédactions, formé des générations, aiguisé des plumes et bâti des consciences.
À L’Observateur, nous l’appelions affectueusement « Couteux ». Non pour blesser, mais parce qu’il savait trancher dans le superflu, aller droit à l’essentiel, exiger la précision du mot juste et la cohérence de la pensée. Il corrigeait sans humilier, guidait sans écraser, enseignait sans dominer.
Bilingue, maniant avec élégance le français et l’anglais, il ouvrait la presse guinéenne au monde tout en la maintenant solidement ancrée dans les réalités africaines. Il possédait cette rare capacité de relier le local à l’universel, l’actualité immédiate aux grands mouvements de l’histoire.
Homme de culture au sens le plus noble, son amour du savoir transparaissait dans chaque mot et chaque geste. Né à Dakar, il gardait un attachement profond au Sénégal, terre d’accueil, de formation et de refuge intellectuel. Il avait exprimé un vœu précis : si jamais il rendait l’âme au Sénégal, il souhaitait être inhumé non loin de la célèbre école William Ponty de Dakar, institution emblématique qui a formé de grands intellectuels africains, dont l’ancien Président sénégalais Maître Abdoulaye Wade.
Aujourd’hui, cette seconde volonté est respectée. Sa famille, dans sa sagesse et sa dignité, a tenu à honorer ce souhait profond. Et c’est ici, à Dakar, ville de sa naissance et de son dernier souffle, qu’il repose désormais.
Issu par sa mère Saint-Louise, El-Béchir Diallo portait en lui cette double appartenance familiale qu’il a toujours assumée avec fierté. C’est grâce à lui que ses frères et sœurs ont retrouvé leurs oncles maternels, renouant ainsi des liens longtemps distendus. La présence massive de ces oncles à ses obsèques aujourd’hui témoigne de la force de son engagement pour la cohésion familiale.
Sur le plan familial, El-Béchir Diallo laisse derrière lui un fils, actuellement élève au collège ici au Sénégal. À travers cet enfant, c’est une part vivante de son héritage humain, intellectuel et moral qui se prolonge.
Mais El-Béchir avait aussi exprimé une première volonté : celle de voir un livre écrit sur lui. Il en avait parlé à notre jeune confrère Sambégou Diallo, dont il reconnaissait le talent d’écriture. J’ose espérer que cette volonté-là aussi sera respectée.
Lauréat en mathématiques sous le régime de Sékou Touré, victime de l’injustice historique de 1977, contraint à l’exil pour ce qu’il incarnait ( une intelligence libre ) El-Béchir Diallo s’est imposé au Sénégal puis en Belgique comme un esprit d’exception : agrégé en mathématiques, docteur en philosophie, détenteur de multiples diplômes.
Fils du commandant de gendarmerie feu Abdoulaye Diallo, surnommé « Dis la vérité », El-Béchir n’a servi qu’une seule cause : la vérité.
Aujourd’hui,
la Guinée perd un intellectuel majeur,
la presse perd un pilier,
et nous perdons un frère.
Chers sœurs, frères, cousins, neveux et l’ensemble de la famille, séchez vos larmes. Soyez fiers du défunt. Priez pour lui au lieu de le pleurer. Recevez les condoléances les plus émues de toute la presse, qui n’oubliera jamais El-Béchir Diallo. Paix à son âme dans le Paradis éternel. Amen.
Cher El-Béchir, ta plume s’est tue, mais ta voix continuera de résonner dans nos consciences.
Que la terre te soit légère.
Repose en paix.
Par ton frère et ami,
Aboubacar SAKHO
Expert en Communication
L’article Sénégal : El Béchir Diallo, figure majeure de la presse guinéenne, inhumé près de William Ponty est apparu en premier sur Mediaguinee.com.
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