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A la cour de répression des infractions économiques et financières, le vaste mouvement des magistrats entraîne la reprise des débats dans les dossiers en jugement par devant cette juridiction. Ce qui est une mauvaise nouvelle pour les anciens dignitaires du régime déchu d’Alpha Condé en prison depuis près de deux ans et dont les débats sont clos. C’est le cas de l’affaire Amadou Damaro Camara et Compagnie.
Dans une interview qu’il a accordée à la rédaction de Mosaiqueguinee.com, l’avocat de l’ancien chef de la neuvième législature confie que c’est une mauvaise nouvelle mais il ne s’avoue pas pour autant, vaincu. Me Santiba Kouyaté fait savoir que le juge en charge du dossier a fait un excellent travail mais dénonce, dit-il, le refus du procureur spécial Aly Touré de faire libérer l’ancien patron de la majorité présidentielle. Me Kouyaté répond aux questions de Mohamed Bangoura.
Interview !
Mosaiqueguinee.com : Bonjour Me Santiba Kouyaté ? Le mouvement des magistrats à la CRIEF a pour conséquence la reprise des débats dans tous les dossiers en jugement devant cette juridiction. C’est le cas notamment de l’affaire Damaro et Cie. Quel est le sentiment qui vous anime au lendemain de ce vaste mouvement judiciaire ?
Me Santiba Kouyaté : Le décret va impacter la procédure, les magistrats chargés du dossier ne vont plus continuer dans cette procédure, ce qui voudrait dire que les débats reprennent devant les nouveaux magistrats. C’est une très mauvaise nouvelle pour nous. Imaginez Amadou Damaro Camara est depuis près de 2 ans en détention préventive alors que les débats sont déclarés clos et l’affaire renvoyée pour réquisitions et plaidoiries. Quand les nouveaux magistrats qui auront en charge le dossier seront installés, nous allons nous battre dans ce sens-là. C’est à dire que le dossier soit programmé pour qu’on aille directement à l’audience pour débattre de cette affaire. La formation présidée par le président Francis Kova avait fait un travail très remarquable sur ce dossier en ordonnant toutes les mesures d’instruction possible. Ce qui fait qu’à date les pièces qui ont été produites par les différentes entités intervenantes dans la construction du nouveau siège sont versées au dossier. Les débats vont porter sincèrement sur les éléments factuels sur ces pièces, les parties vont poser des questions, s’il y a lieu, après nous allons demander à ce que la cour ordonne la clôture des débats et qu’on passe aux réquisitions et plaidoiries.
Le déplacement de Francis Kova Zoumanigui en charge du jugement du dossier Damaro et Cie n’est-il pas un moyen dilatoire pour garder votre client en prison ?
Bien avant l’emprisonnement de Damaro Camara, c’est un décret qui a fait venir Francis Kova à la Crief. Si le même décret l’affecte à un autre poste, moi je ne trouve pas comme étant un moyen dilatoire pour faire durer mon client en prison. Vous savez, toute chose c’est l’objectivité, donc ce n’est pas lié au dossier de Damaro Camara.
Beaucoup estiment que le maintien en prison de l’ancien président de l’assemblée nationale est dû au refus du procureur spécial de le faire libérer. Êtes-vous convaincu que Damaro est le prisonnier personnel de Aly Touré ? Quel appel avez-vous à lancer à son endroit et à tous les magistrats de la CRIEF ?
Le seul appel que j’ai à lancer aux magistrats de la CRIEF, c’est à l’endroit du procureur spécial. À date il n’y a aucun acte de détention justifiant le maintien en détention de monsieur Amadou Damaro Camara. La justice guinéenne a libéré monsieur Amadou Damaro Camara, il est bénéficiaire de 5 décisions de justice ordonnant sa mise en liberté. On a 3 au niveau de l’instruction et 2 au niveau des juridictions de jugement.
Le problème est au niveau donc du Procureur Spécial Aly Touré ? Mais pourquoi refuserait-il de libérer le président Damaro Camara ?
Le Procureur spécial est tenu obligé d’exécuter ces décisions de justice là. Mais il refuse catégoriquement d’exécuter ces décisions de justice, c’est cela le paradoxe. L’emprisonnement de Damaro Camara à date est une séquestration de la part de monsieur le procureur spécial. Il est magistrat avant tout, il a prêté serment, les magistrats de siège ont ordonné la mise en liberté de Amadou Damaro Camara, qu’il respecte son serment de magistrats et qu’il exécute ces décisions de justice. Les mots me manquent pour qualifier son attitude sur le plan de droit. Monsieur Amadou Damaro Camara est le prisonnier personnel du procureur spécial. Si quelque chose lui arrivait, que l’opinion sache qu’il est le prisonnier personnel de monsieur Aly Touré.