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Commandant de gendarmerie à la retraite, membre fondateur, et ancien chef d’orchestre du ‘’Super Lion’’, formation orchestrale de la gendarmerie nationale, guitariste, chanteur, auteur-compositeur, Sékou Diabaté est l’invité de Guinéenews, dans sa rubrique ‘’Que sont-ils devenus ?’’.
Né le 22 mai 1948 à Coyah, Sékou Diabaté est fils de feu Elhadj Dyéli Alsény, communément appelé ‘’Dyéli Komo’’, et de feue Hadja Dyéli Sokhona Kouyaté. Marié à une femme, il est père de 7 enfants dont 4 filles. Moins avancé sur le plan des études, la musique par amour lui freinera le chemin, dit-il, au niveau de la 8ème année.
Après avoir dit au revoir aux bancs d’écoles, Sékou Diabaté servira en qualité d’imprimeur, à l’imprimerie nationale Patrice Lumumba de Conakry, et plus tard comme magasinier à Mamou dans la société Jean Lefebvre.
Dans cette interview, qu’il a bien voulu nous accorder à son domicile, sis au quartier Bonfi, le gendarme musicien, nous retrace ses parcours tant sur le plan musical, que celui de ses fonctions, et postes occupés au sein de la gendarmerie nationale. Membre fondateur de l’orchestre le ‘’Super Lion’’ de la gendarmerie nationale, toute une histoire individuelle et collective à découvrir en sa compagnie. Au garde à vous, pincez vos cordes de guitares, tempérez vos timbres vocaux, en avant marche, portons toutes ces casquettes en sa compagnie.
Lisez !
Guineenews : Guitariste, chanteur, auteur-compositeur, issu d’une famille de griots, peut-on savoir comment vous êtes venu à la musique, et précisément à la guitare pour un premier temps?
Sékou Diabaté : Tout a commencé à Coyah, où un jeune orchestre évoluait avec un effectif de 4 musiciens, dont Edouard Mansaré, qui était guitariste soliste de cet ensemble. C’est lui qui m’a initié à la guitare, et il est mon premier maitre. Progressivement, j’ai évolué et maitrisé peu à peu cet instrument. Je jouais tout au début à la guitare d’accompagnement.
Guinéenews : Relatez-nous votre parcours ?
Sékou Diabaté : j’ai débuté avec l’orchestre de la CNTG, dénommé ‘’l’Atlantique jazz’’, dirigé à l’époque par feu Pierre Lopis, ex-sociétaire du Kaloum star de Conakry 1. Après cet orchestre, j’ai rejoint mon oncle à Mamou, et j’ai eu l’opportunité de jouer avec l’orchestre fédéral, le ‘’Bafing Jazz’’, orchestre dans lequel évoluaient feu Amadou ‘’Balakè’’ Traoré, feu Papa Fatia Kouyaté, Hop, Barry et tant d’autres. De Mamou, j’ai pris le cap pour la république du Mali, précisément à Bamako, où j’ai évolué en premier lieu avec l’orchestre ‘’Pionnier jazz’’ de Bamako Koura en 1967. Ensuite l’aventure musicale se poursuivra, à Kouthiala, région dans laquelle, j’ai eu à créer un ensemble dans lequel, je n’ai joué qu’avec un tumbiste, et c’est en ce moment, que j’ai commencé à chanter. Pour la suite du parcours, je suis revenu à Sikasso en compagnie de l’orchestre ‘’ Kènèbougou jazz’’, avec lequel, nous avions remporté le prix décerné au meilleur orchestre de toutes les 6 régions du Mali d’alors. Entre 1967-68, j’ai évolué en République du Mali et dans plusieurs de ses régions.
Guinéenews : Après l’étape de Bamako, vous aviez fait vos preuves en Guinée, et en compagnie du ‘’Super Lion’’, orchestre de la gendarmerie nationale. Racontez-nous, comment vous aviez été recruté au sein de cet ensemble orchestral ?
Sékou Diabaté : C’est quand je suis revenu à Conakry, pour passer des congés en provenance de Bamako, et lors d’une soirée dansante, animée par le ‘’Kankilanbé jazz’’, l’orchestre fédéral de Conakry 2, que j’ai été repéré à la guitare. Et c’est ce qui fut l’instant ultime pour que je sois repéré par les autorités de la gendarmerie nationale, qui était en phase pour la formation d’un ensemble orchestral masculin de la gendarmerie nationale, puisque les ‘’Amazones de Guinée’’ existaient déjà. Ces autorités militaires d’alors, sont venus rencontrés mes parents à Coyah, pour leur proposer leurs vœux, de m’avoir comme membre de cette formation orchestrale. Mes parents ont accepté la proposition, et je suis devenu du coup, membre fondateur du ‘’ Super Lion’’ de la gendarmerie nationale de Guinée.
Guinéenews : Aviez-vous suivi une formation militaire par la suite, avant d’appartenir à cette formation orchestrale relevant de la gendarmerie nationale ?
Sékou Diabaté : Oui, j’ai suivi 2 ans de formation militaire et professionnelle, en intégrant cette formation orchestrale. C’est à la date du 4 mai 1969, que j’ai porté l’uniforme de la gendarmerie nationale.
Guinéenews : Après votre recrutement au sein du ‘’Super Lion’’, êtes-vous venu en qualité de guitariste ou de chanteur ?
Sékou Diabaté : J‘ai commencé par la guitare, après que Mamadou Diallo et moi ne finissions d’étoffer l’orchestre, par le recrutement d’autres musiciens. Je suis venu au chant, suite au flair d’Elhadj Mangué Soumah, lors d’un de nos enregistrements studio, à la voix de la Révolution. Je faisais la guitare et le chant à la fois. Et ce jour, il a demandé à ce que je revienne définitivement au chant. Me soumettant à ces vœux, j’ai fait appelle à mon jeune frère feu Demba Camara, que j’ai assisté progressivement à la guitare, et qui est revenu finalement à la guitare solo, et j’ai gardé le micro.
Guinéenews : Parlez-nous de vos débuts, les difficultés rencontrées, et pourquoi pas les noms de quelques membres de cette première formation du ‘’Super Lion’’ de la gendarmerie nationale ?
Sékou Diabaté : Au début, nous sommes restés pendant près de 8 mois, sans aucune prise en charge y afférente. Aucune décision officielle n’était parue en ce moment, et imaginez ce que cela avait engendré sur le plan financier. Dans tous les cas, avec la patience, nous avions compris que tout début n’était pas facile. Comme sociétaires en ce temps de cet orchestre, je peux citer quelques noms, dont entre autres, Charles Soumah, Mamadou Diallo, Ismaël Soumah alias ‘’S’’, Aboubacar ‘’député’’ Soumah, Abdourahmane Kassé, et nous fumes les premiers musiciens, de l’orchestre ‘’ Super Lion’’ de la gendarmerie nationale.
Guinéenews : Des compositions musicales à votre actif, pouvez-vous nous en citez quelques-unes ?
Sékou Diabaté : Il y a eu beaucoup de compositions musicales à mon actif, en compagnie du ‘’Super Lion’’ de la gendarmerie nationale. Il y a eu ‘’Sina fakhè ou boboé blanc’’, ‘’Kiti’’, qui fut très célèbre, ‘’Khanuya’’, ‘’Diyorè’’, et plusieurs autres.
Guinéenews : Le titre ou grand tube ‘’Kiti’’ (littéralement traduit en français ‘’Le jugement’’), intemporelle chanson, continue de suivre son infini et inoxydable chemin de succès. D’où tirez-vous cette inspiration, à l’écoute qui est une chanson d’amour, au sensible et éducatif contenu ?
Sékou Diabaté : ‘’Kiti’’ en susu, signifie le jugement en français. C’est un fait que j’ai vécu, et qui n’appartiendra qu’à moi, qui ai subi, et qui sans aucune vengeance physique, a préféré traduire les faits dans cette chanson.
Guinéenews : Ne pourrait-on pas aujourd’hui, découvrir le réel fait du contenu de cette chanson qui fait rêver ?
Sékou Diabaté : Excusez-moi, pour un chant et son contenu, ce fond restera pour moi jusqu’à l’au-delà, et c’est ainsi que j’ai décidé de garder ce secret. C’est un secret, et cela se comprend déjà, qu’au lieu d’en faire des histoires suite à ce vécu, j’ai préféré composé et chanté. C’est difficile à dire, mais facile à comprendre à travers la chanson.
Guinéenews : De quoi vous vous inspirez autour de vos différentes compositions musicales ?
Sékou Diabaté : Je m’inspire de plusieurs aspects de la vie, mais l’aspect amour est prédominant, et mes différentes chansons en font foi.
Guinéenews : Au sein de l’armée guinéenne, il y eut plusieurs formations musicales (les Amazones de Guinée, Boiro band national, les aigles de la capitale…). Quelle était la place qu’occupait le ‘’Super Lion’’ dans cette rude et élevée concurrence ?
Sékou Diabaté : C’est vrai que la concurrence était de taille. Et chaque formation orchestrale donnait de son mieux, et développait son répertoire spécifique. L’une des particularités du ‘’Super Lion’’, était que tous les instrumentistes avaient des doublons. Il était rarement question, de ne pas se produire pour cause d’une absence quelconque d’un musicien. A cause de cette structure organisationnelle, l’orchestre fut surnommé ‘’l’orchestre sentinelle’’ de la capitale. A chaque rendez-vous manqué par un orchestre de la place, lors d’une programmation artistique ou culturelle, le ‘’Super Lion’’ a été toujours sollicité pour assurer la relève. C’était une place de choix aussi parmi tant d’autres.
Guinéenews : Quels étaient vos principaux atouts au chant, et qui vous distinguaient des autres ?
Sékou Diabaté : Je n’ai pas une belle voix, et j’ai toujours chanté sur note. Cela est évident, et continuez d’écouter mes chansons, vous vous rendrez compte, de cette mesure dont je m’imposais. J’ai suivi de tous les temps, cette technique de chant apprise selon ma gamme.
Guinéenews : Nous avions tendu l’oreille pour réécouter, quelques-unes de vos compositions musicales. En profane mélomane, est-ce vous n’êtes pas poète à votre manière ?
Sékou Diabaté : Poète, ou chansons poétiques, j’avoue que c’est au public de me juger. Je sais seulement, que je compose facilement, face à un évènement, ou à un fait vécu. Je suis sensible et exprime mon état d’âme dans mes chansons, et même par ma voix apitoyante, comme aime le dire plusieurs de mes fans. Sachez aussi, que j’ai toujours assuré les arrangements de mes compositions musicales.
Guinéenews : Expliquez-nous comment tout cela se passait en termes d’organisation du travail, entre le rôle du soldat, et celui du musicien ?
Sékou Diabaté : Les autorités étaient très strictes, quant à l’organisation de ces deux missions. Nous étions tous affectés dans des brigades de gendarmerie de la capitale. Quand, il n y a pas d’activités artistique ou culturelle, chacun rejoignait son poste. L’équilibre était bien respecté entre ces deux fonctions.
Guinéenews : Combien de disques aviez-vous produits en compagnie du ‘’ Super Lion’’ ?
Sékou Diabaté : Si j’ai bonne mémoire, on peut compter près de 6 albums, qui comportaient chacun une dizaine de titres. Je peux citer les albums ‘’Révolution’’, ‘’Khanouya’’, ‘’ Diyorè’’ et autres.
Guinéenews : Combien d’années de musique, de joies et gaité, parfois de tristesses, puisque lier à la pratique du métier, aviez-vous vecus ?
Sékou Diabaté : Faites le calcul entre 1966 à nos jours (2025).
Guinéenews : Nous voulons nous référer à vos périodes actives avec le ‘’Super Lion’’ ?
Sékou Diabaté : Si c’est cela, et pour rappel, l’arrivée d’un certain capitaine au niveau de la gendarmerie, avait suscité une décision personnelle, celle de l’arrêt des activités du ‘’Super Lion’’, et c’était en 1986. Déduction faite à partir de ces années, je comptabilise 20 ans de musique. Je vous signale que j’ai continué à évoluer après cette période du ‘’Super Lion’’, car après mon retour de l’ECOMOG en 1991, j’avais produit un morceau intitulé ‘’ECOMOG’’, et ce titre a connu un clip qui passait le plus souvent sur les chaines de télévision. A part cela, je continue de travailler en recherches et compositions musicales, ce qui se chiffre aujourd’hui à un total de 59 ans de musique, car mon tiroir est encore plein.
Guinéenews : Officier supérieur de la Gendarmerie nationale, au grade de commandant à la retraite, peut-on savoir quelques différentes fonctions ou postes que vous aviez occupez au sein de cette entité ?
Sékou Diabaté : J’ai occupé plusieurs postes de responsabilité au sein de la Gendarmerie nationale. Au départ, je fus commandant de la gendarmerie à Maférinya et à Benty. Je fus aussi chef de groupe à l’aéroport de Conakry Gbessia, j’ai appartenu au 3ème bureau, après commandant de Brigade à Dubréka, puis à Kipé. Pour ironie du sort, j’ai été arbitrairement mis à la retraite en 2002, et je fus repris 5 mois après, avec le grade de lieutenant. En 2005, une autre nouvelle retraite est prononcée, et je me suis même réorienté dans l’entreprenariat. C’est à l’arrivée du pouvoir du CNDD à sa tête le président Moussa Dadis Camara, que j’ai été encore été réintégré avec le grade de capitaine, et par la suite celui de commandant. Après plusieurs autres postes occupés en ces moments, j’ai finalement pris ma retraite en 2011, au poste d’officier chargé de missions à la compagnie de sécurité routière au Km 43. Voici résumé en bref, mon autre parcours dans l’armée guinéenne, et précisément au sein de la gendarmerie nationale.
Guinéenews : Après tous ces parcours dans le domaine de la musique, qui sont intimement liés à ceux de la gendarmerie, peut-on savoir quelles sont présentement vos sources de revenus ?
Sékou Diabaté : Je vis de ma pension militaire de gendarme, du soutien de mes enfants, et à compte-goutte de mes droits d’auteur provenant du BGDA. Alhamdoulilahi par la grâce de Dieu, et aux bénédictions des parents, je parviens à joindre les deux bouts.
Guinéenews : Arrêts sur images, et sur le parcours, des souvenirs qui vous reviennent bons et mauvais, parlez-nous de quelques-uns ?
Sékou Diabaté : Vous savez après la sortie du titre ‘’Kiti’’, l’orchestre avait entamé une tournée à l’intérieur du pays. J’avoue que les étapes de la préfecture de Mali et de Pita, précisément à Timbi Madina, resteront des souvenirs inoubliables du point de vue accueils. Je fus reçu partout comme un ‘’prince-nègre’’. Mon plus mauvais souvenir, se résume juste au décès de mon frère guitariste feu Demba Camara, que j’avais initié à la guitare, et qui était venu me remplacer au niveau de cette section guitare du ‘’Super Lion’’. Ce fut un grand choc pour moi, je prie Dieu, qu’il accorde à tous ces devanciers le paradis céleste(Amen).
Guinéenews : Avez-vous définitivement raccroché, et si non, des projets sont en cours dans le domaine musical ?
Sékou Diabaté : Effectivement, j’ai des projets car, malgré tout repli, j’ai continué à travailler en matière de compositions musicales. Je compte après tout ce temps de silence, revenir sur la scène avec l’appui de Malick Condé à la guitare. En plus, j’ai plusieurs neveux musiciens, qui pourraient s’ajouter à nous, sans compter que mon fils ainé, est musicien claviste, auteur, chanteur compositeur. Il avait appartenu un moment au groupe standard de feu Petit Condé, groupe dans lequel, il avait repris ma chanson ‘’Kiti’’. Il est l’auteur du célèbre titre en susu, ‘’I tan n’tan kananè’’ (littéralement traduit en français ‘’Toi, tu vas m’esquinter’’). Inchallah, je compte m’y mettre et laisser ces dernières œuvres pour la postérité
Guinéenews : Du haut de vos 77 ans, pouvez-vous nous faire découvrir le contenu réel de votre carnet de santé ?
Sékou Diabaté : Je dirais Dieu merci et depuis 2017, mon état de santé n’était pas au beau fixe. Grace à cette musique, le département de la culture vient d’assurer ma prise en charge, et tout commence à aller pour le mieux.
Guinéenews : Vous souffrez de quoi exactement ?
Sékou Diabaté : Je souffre d’un mal du cœur.
Guinéenews : Pensez-vous que ce mal pourrait vous permettre encore de continuer, à réaliser vos projets surtout sur le plan du chant ?
Sékou Diabaté : Oui je le crois, et je pense pouvoir atteindre mes objectifs. Le professionnalisme aidant en matière de chant, il y a des techniques qui m’éviteront de dépenser d’inutiles efforts, en posant la voix sur des gammes de mesures admissibles, en pareilles circonstances.
Guinéenews : Pour clore cet entretien, quel message avez-vous à lancer au public mélomane guinéen, concernant votre prochain retour sur la scène ?
Sékou Diabaté : A tous, je dirais d’être optimistes, puisque rien a changé, j’ai encore le même timbre vocal, et vous l’avez constaté vous-même, pendant ce duo que nous venons d’effectuer ensemble avec le titre ‘’Kiti’’. Je rassure encore le public guinéen, que je serais au rendez-vous. A tous les bienfaiteurs, nous demandons de l’assistance pour enfin atteindre cet objectif. A vous, je dirais merci pour le travail que vous faites pour les artistes à travers Guinéenews.
Entretien réalisé par LY Abdoul pour Guinéenews