Que sont-ils devenus ? Guinéenews à la rencontre de Mamady Kaba, Coach-formateur et fondateur de club

il y a 7 heures 39
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Il y a des hommes, qui tapissent à l’ombre, et qui pourtant participent efficacement, au développement tant personnel, que professionnel des autres, et Ils sont légions dans ce pays.

L’un deux, se nomme Mamady Kaba alias Dominique Rocheteau, entraineur-formateur de football, fondateur, et propriétaire du club ‘’ Les hirondelles de Bonfi’’, devenu plus tard ‘’les Hirondelles de Conakry.

Plusieurs internationaux guinéens, sont passés au niveau de ses cribles aux différentes mailles, ensuite triés, pour devenir, ce qu’ils ont été durant leurs carrières sur le plan national que professionnel.

Mamady Kaba est né le 30 juillet 1970 à Bissikirima. Il est fils de feu El hadj Sory, et de feue Hadja Aissata Kaba. Marié, il est père de 4 enfants, dont trois filles et d’un garçon.

Mamady Kaba débuta, et partagea ses études primaires, entre Madina Ecole et l’école de Bonfi. Il y poursuivra le secondaire, également au lycée à Bonfi, où il freinera ses études en 11ème année, détourné dit-il par le football, qui lui a très tôt absorbé.

A travers nombreux stages de formation suivies (FIFA et CAF), Mamady Kaba est titulaire des licences C et B de la CAF (Confédération Africaine de Football), en plus de plusieurs autres attestations de stages de formations à l’interne.

Rencontré à son domicile situé à Bonfi, Mamady Kaba s’est livré aux questions de Guinéenews.

Guinéenews : en tant que coach et formateur, pouvez-nous dire comment vous aviez atterri dans ce monde du football, et parlez-nous de votre parcours

Mamady Kaba : Comme tout jeune de mon âge, j’ai commencé à jouer au football depuis l’enfance. La passion a commencé à prendre plis et forme, quand j’ai intégré pour la première fois à Conakry, le club dénommé ASEFA (Association Sportive des Elèves Franco-Arabe), qui évoluait en 2ème division. Je n’ai quand même pas brulé les étapes car, j’ai joué pour mon école primaire, le collège et le lycée de Bonfi. Ces étapes, étaient des passages obligés, quand on est un bon footballeur, au sein de son établissement. Après le club ASEFA, j’ai passé un court temps dans le Racing club de Conakry. Très tôt, j’ai senti en moi l’envie, la passion d’être un encadreur, ou si vous voulez, un jeune entraineur, qui a le souci de réunir du monde autour de lui. Et très vite, j’ai viré vers l’informel, pour m’occuper de la formation des jeunes. Je partais moi-même dans les familles, recruter les jeunes, les encourager à venir dans mon équipe. C’est par la suite, nous avions créé, le club appelé tout au début, les ‘’Girondins junior de Bonfi’’ à l’image des ‘’Girondins de Bordeaux’’. Une fois, ce club a été affilié à la Fédération Guinéenne de Football, il a été question, de changer le nom du club à la demande de la Fédération. Le club sera renommé les ‘’Hirondelles de Bonfi’’. Ce club a été 3 fois barragistes, champion de Conakry. Nous avions par 3 fois joués, les montées en 1ère division à Guéckédou, Kissidougou et Faranah (Saisons : 95-96/96-97/97-98), et en coupe nationale, mon équipe a été demi-finaliste, face à l’équipe de Siguiri à Dabola, rencontre pendant laquelle, nous avions perdu aux tirs au but. Il faut rappeler, lors de la course, les ‘’Hirondelles de Bonfi’’, avaient éliminés le Horoya athlétic club (HAC) de Matam en 8ème de finale, l’ASFAG en quart de finale. A l’époque, les ‘’Hirondelles de Bonfi’’, faisait partie des meilleures clubs de la capitale, et seulement que les moyens n’étaient pas suffisamment réunis, ce qui d’ailleurs, occasionnait parfois, les départs de nos joueurs, vers d’autres clubs.

Guinéenews : Pouvez-vous nous indiquer quels sont les clubs dans lesquels, vous êtes passé en qualité de coach et dans quelle division ?

Mamady Kaba : Entre 2004-2005, j’ai passé ma première expérience en qualité de coach et en 1ère division, avec le club ‘’Les Etoiles de Guinée’’. Ce fut un coup d’essai, un coup de maitre, puisque nous avions remporté cette année-là, la coupe nationale, et j’étais second entraineur aux cotés de Pelé Diop (paix à son âme). J’ai été sollicité, au moment où le club traversait de sérieuses difficultés, dues au fait, que feu Pelé Diop, avait cumulativement sous la main, l’équipe ‘’Espoirs’’, qui était en pleine compétition, et les ‘’Etoiles de Guinée’’. J’ai été contacté par le biais de Docteur Marcel, qui est médecin sportif, et qui m’a convaincu, puisque, je ne voulais pas abandonner les ‘’Hirondelles de Bonfi » ’’, dont j’étais fondateur et propriétaire. Heureusement, l’issue finale fut éclatante, en remportant la coupe nationale.

Guinéenews : Après ce sacre avec les ‘’Etoiles de Guinée’’, quelle fut la suite de votre aventure avec ce club ?

Mamady Kaba : Après ce sacre, l’entraineur feu Pelé Diop, rejoindra l’ASK (Association Sportive du Kaloum), et automatiquement, je fus retenu par le président du club et son staff, comme entraineur principal des ‘’Etoiles de Guinée’’. J’ai donc continué la campagne africaine, la coupe de la CAF (Confédération Africaine de Football), avec le club et ce, jusqu’en 8ème de finale. Nous avions éliminé les Mauritaniens en 32ème de finale, les Algériens en 16ème de finale, et c’est ‘’Enugu Rangers’’ du Nigéria, qui nous a éliminés en 8ème de finale, après un match aller bien négocié à Conakry par les Nigérians, sur un score de zéro but partout, et le match retour, nous avions perdu à Lagos, sur le score de 2-1.

Guinéenews : Champion de Guinée en coupe nationale, représentant guinéen en coupe de la CAF, quelle fut la suite de votre itinéraire en qualité surtout de jeune entraineur ?

Mamady Kaba : Après ces résultats, la Fédération Guinéenne de Football, m’a affecté en qualité d’assistant, auprès de l’entraineur Kanfory Lapé Bangoura, qui dirigeait l’équipe nationale des cadets de Guinée. Cette équipe, en phase finale de la compétition de cette catégorie, a perdu contre l’équipe du Mali, qui a gagné durant le match aller à Bamako, sur un score de 3-0, et au match retour, la Guinée a remonté la pente, et a gagné sur le même de score 3-0. Au finish, les jeunes n’ont pas été réalistes, pendant les tirs aux buts, et nous avions été éliminés. Par la suite, le staff technique disloqué, je suis reparti dans le ‘’COK’’ de Boké, qui jouait en ligue 1, et en pleine période de compétition tant entendu, que les premiers résultats étaient appréciable, la maladie m’éloigna des vestiaires et de la ligne de touche. Après cette période de maladie, je fus encore rappelé par les ‘’Etoiles de Guinée’’, où je suis resté jusqu’en 2015. Par ailleurs, j’ai eu aussi à entrainer les clubs ‘’Eléphants de Coléah’’, et ‘’Satellite de Guinée’’

Guinéenews : Est-ce peut-on savoir si quelque grands noms du football guinéen, sont passés par votre école ?

Mamady Kaba : Sans hésiter je vous le confirme, et par des exemples concrets. Qu’ils aient été de grandes renommées ou non, plusieurs sont passés dans mes mains, et qui ont appartenu à toutes les catégories du football guinéen (minime, cadet, Espoir…). Pour de grands noms, je peux citer Pascal Feindouno, que j’ai eu depuis à l’âge de 13 ans, il a passé beaucoup de temps dans le club ‘’Les Hirondelle de Conakry’’, et c’est après notre échec pour la montée en D1 à Guéckédou, qu’une bonne partie du groupe, y compris Pascal Feindouno, a continué à Kamsar. Il y a eu Ibrahim Souaré, qui a joué dans l’équipe A, Oumar Kalabane, Mamady Kaba ‘’Dieng’’, Sékou Gouaméné, gardien de but, qui a été le premier à être sélectionné depuis mon club, pour l’équipe nationale A en 1993. Tous ceux-ci sont passés dans mon club, et je peux citer aussi Aboubacar Sylla ‘’Pounpougna’’ et tant d’autres.

Guinéenews : Présentement êtes-vous actif, et vous vous occupez de quoi ?

Mamady Kaba : Je suis toujours actif au niveau de mon club ‘’Les hirondelles de Conakry’’, qui évolue en nationale 2. Je continue toujours à former les jeunes, je suis présentement le Directeur sportif du club, et je suis entouré de quelques jeunes éducateurs, qui viennent m’appuyer dans cette mission de formateur.

Guinéenews : Aviez-vous eu l’occasion de partager vos expériences en dehors de la Guinée ?

Mamady Kaba : Non ! Je ne suis jamais sorti de la Guinée pour le moment. Et si l’occasion se présentait, je crois que ce n’est pas mauvais d’apprendre ailleurs, de connaitre le football des autres pays.

Guinéenews : Peut-on savoir de nos jours, quels sont vos projets ?

Mamady Kaba : Je vous dirais qu’aujourd’hui, mon souci majeur, est d’avoir des partenaires financiers, qui pourraient injecter de l’argent pour renforcer les acquis du club, notamment dans le domaine de la formation et des conditions de traitement des jeunes footballeurs. Tous ces moyens réunis, nous serons capables, de placer ces jeunes qui ont du talent, vers d’autres horizons. Ce qui contribuera à rehausser le niveau économique du club. C’est un projet qui me tient à cœur, et qui n’est réalisable qu’avec les moyens.

Guinéenews : Revenons dans votre sphère proprement dite. Depuis un temps, nous remarquons, plusieurs changements de sélectionneur à la tête du Syli national. Selon vous, qu’est-ce qui expliquerait ces différentes mutations ? 

Mamady Kaba : Retenez une fois pour toute, que l’entraineur ou le sélectionneur, est cette personne qui est retenue, pour faire des résultats et atteindre des objectifs bien déterminés, selon les clauses de son contrat. A mon avis, c’est la seule raison qui pourrait expliquer ces changements de sélectionneurs à la tête du Syli national.

Guinéenews : Paulo Duarté est à la tête du Syli national depuis un moment, et qui a réalisé quelques résultats non moins importants. En tant que coach, avez-vous des propositions à lui faire, et qui conviendrait à sa démarche actuelle ?

Mamady Kaba : Pour le moment, je commencerai par lui souhaiter bonne chance dans l’exercice de sa fonction. Je suis optimiste pour ce départ de par sa manière de travailler, et s’il maintenait de plus la rigueur au sein du groupe, il arrivera à un résultat satisfaisant. Vous savez chez nous, le football est basé sur la technique, le Guinéen sait jouer au ballon. Le mal qui demeure, est que les jeunes qui jouent, ont du mal à cerner la tactique de jeu, le plan de jeu de l’entraineur. Ce n’est pas de leurs fautes, et tout dépend de là, où ils ont appris à jouer le football. La formation de base est très importante. Pour le moment l’entraineur Paulo a pris un bon départ, et pourvu qu’il ne soit pas perturbé à l’avenir.

Guinéenews : D’après de nombreux observateurs, Paulo Duarté, est en train de chercher à mettre en place une équipe type. Qu’en dites-vous ?

Mamady Kaba : Vous savez, construire une équipe, c’est un projet à long terme. On ne peut pas construire une équipe aujourd’hui, et gagner en même temps. La manière dont j’ai compris sa méthode, il est en train d’essayer l’effectif qu’il a, et travailler sur tous les compartiments (Goal, défense, milieu et attaque). Il est à l’œuvre pour essayer d’insérer chacun, dans son schéma tactique. Il finira, bien que ça aille prendre du temps, à trouver la véritable machine huilée.

Guinéenews : A votre avis quelles sont les meilleures qualités d’un entraineur ?  

Mamady Kaba : (rires) La meilleure qualité d’un entraineur, c’est de mourir avec sa propre conviction. Il peut écouter les assistants tout autour de lui, partager les idées, surtout évité de se les imposer, quelle qu’en soit la situation posée. La dernière décision, doit lui revenir, donc la rigueur en soi, est une qualité indispensable. Il y a plusieurs autres qualités, qui viennent s’adjoindre à cette rigueur, notamment la bonne lecture du jeu, le bon schéma tactique selon l’adversaire, les remplacements à temps et j’en passe. La première chose, l’entraineur doit avoir du caractère.

Guinéenews : on dit le plus souvent que la seconde période, appartient aux entraineurs qu’en pensez-vous, si oui dites-nous le pourquoi ?

Mamady Kaba : En tant que coach, si tu arrives à observer bien la première mi-temps, faire la bonne lecture de jeu, si tu interviens par des changements de joueurs, on dit le plus souvent qu’il a fait un bon coaching, puisqu’il y a eu un résultat par la suite. Le contraire décrédibilise le plus souvent le coach. Donc je suis d’avis, pour approuver, que la seconde période peut être jouée en fonction de la réaction du coach. Le changement de joueur, peut automatiquement changer la tactique de jeu, qu’elle soit défensive ou offensive, tout dépendra des consignes du coach, s’il veut conserver un résultat ou passer à l’attaque.

Guinéenews : Quel œil de technicien projetez-vous sur l’avenir du football guinéen en général ?

Mamady Kaba : Je suis optimiste quant à l’avenir radieux du football. A la tête de la Direction technique nationale, je suis convaincu de l’expérience de Kanfory Lapé Bangoura, qui est appuyé par une équipe compétente. Le doyen Lapé, connait bien le football guinéen de la base au sommet. Ils sont en train de travailler, afin de mettre en place une politique qui s’occupera du football à partir de la base. Tout commence là, et se suivent les autres étapes d’évolution de nos joueurs dans le cadre de la formation. Il ne faut pas toujours compter sur les joueurs binationaux, il est temps aussi, de mettre en pratique les compétences locales, émanant de nos différents clubs. Avec une bonne réorganisation, le football guinéen, peut reprendre sa place d’antan. Nos joueurs doivent avoir cette hargne de vaincre, mouiller le maillot pour la nation, pour le pays et cesser de venir que pour ces primes. Dans tous les cas, tous les pays avancent maintenant dans le domaine du football. La concurrence est rude.

Guinéenews : Etes-vous satisfait de ce que vous êtes devenu aujourd’hui, ou avez-vous un pincement au cœur dans l’exercice de votre métier d’entraineur ? 

Mamady Kaba : Consciencieusement, je suis satisfait de ce dont, j’ai pu apporter au football guinéen. Je m’en réjouis, et je continue toujours à servir ce football. Contrairement, à mon dévouement, j’avoue que je n’ai aucun soutien à ce niveau. Présentement, je n’ai aucune source de revenus. Grâce à Dieu, je parviens à soutenir ma famille. Je n’ai pas du tout bénéficié de reconnaissances dans ce métier. Ce côté-là me pince le cœur, et je demande de l’aide pour au moins soutenir mon club. Mes relations sont au beau fixe avec la Fédération Guinéenne de Football, qui vient de me nommer entraineur adjoint de l’équipe nationale catégorie U-20.

Guinéenews : Quel est le plus beau et pire souvenir que vous gardez dans votre parcours ?

Mamady Kaba : Pour mon plus beau souvenir, c’est ma participation à la campagne africaine avec le ‘Etoiles de Guinée’’. C’était ma première fois de monter dans un avion. Nous avions fait la Mauritanie avec escale au Sénégal, l’Algérie escale au Maroc, et le Nigéria. Ces différents voyages, qui m’ont fait découvrir ces différents pays, demeurent mes meilleurs souvenirs. Les mauvais souvenirs, sont certes les moments de détresse, les dures épreuves, dont je suis en train de traverser maintenant.

Guinéenews : Un dernier message pour clore cet entretien ?     

Mamady Kaba : C’est pour moi l’occasion de remercier l’ensemble de la famille sportive guinéenne. Je prie Dieu, qu’il nous accorde la longévité, la santé, et la force, de faire rayonner le football guinéen à tous les niveaux. Mes sincères remerciements, vont à l’endroit de vous journalistes, qui pensent à nous les oubliés, et je profite de votre micro, pour remercier de près ou de loin, tous ceux qui s’investissent, pour le développement du sport guinéen. Que le football guinéen aille de l’avant, et vive le football guinéen.

Entretien réalisé par LY Abdoul pour Guineenews 

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