Kabayandou–Foumbadou : la Guinée pose la première pierre de sa toute première zone de pâturage moderne

il y a 2 heures 18
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Confrontée depuis plusieurs années à des conflits récurrents entre agriculteurs et éleveurs, la région forestière de la Guinée amorce un tournant historique. Ce vendredi 19 décembre 2025, le gouvernement guinéen a procédé, à Foumbadou, dans le district de Kabayandou, à la pose de la première pierre de la toute première zone de pâturage moderne du pays. Un projet structurant visant à instaurer une coexistence pacifique et durable entre les communautés rurales.

Situé à cheval entre les sous-préfectures de Foumbadou et de Boola, dans les préfectures de Lola et Beyla, ce projet pilote s’étend, dans sa première phase, sur une superficie de 1 950 hectares. À terme, il devrait couvrir près de 3 000 hectares, répartis entre Foumbadou (1 950 ha), Lainè (250 ha) et Guéasso (500 ha).

Un projet d’envergure placé sous le sceau de l’État

La cérémonie a été présidée par le Général Amara Camara, ministre secrétaire général à la Présidence, représentant le président de la République, le Général Mamadi Doumbouya. Elle a réuni le ministre de l’Élevage, Félix Lamah, plusieurs membres du gouvernement, des autorités administratives, des élus locaux ainsi que les populations bénéficiaires.

Pour les autorités, cette initiative constitue une réponse concrète et durable à des décennies de tensions ayant entraîné des pertes en vies humaines, la destruction de cultures, la perte de bétail et une fragilisation de la cohésion sociale dans de nombreuses localités de la Guinée forestière.

Organiser l’espace pastoral pour prévenir les conflits

Contrairement aux approches ponctuelles du passé, cette nouvelle zone de pâturage repose sur une organisation rationnelle, planifiée et sécurisée de l’espace pastoral. Elle prévoit notamment :

  • des pâturages améliorés et balisés ;
  • des points d’eau pastoraux modernes, accessibles en toute saison ;
  • des couloirs de transhumance clairement délimités et sécurisés ;
  • des aires de repos et de regroupement du cheptel ;
  • des infrastructures vétérinaires de proximité pour l’amélioration de la santé animale ;
  • des mesures de protection environnementale.

L’objectif est de mettre un terme à la divagation anarchique du bétail, souvent à l’origine de destructions de champs et d’affrontements communautaires.

Une gouvernance participative au cœur du dispositif

Autre innovation majeure : la mise en place d’une gouvernance participative. Agriculteurs, éleveurs, autorités locales et services techniques seront associés à la gestion de la zone, afin d’anticiper les tensions, de promouvoir le dialogue et de garantir une utilisation équitable et durable des infrastructures.

Pour Baba Bérété, président de la délégation spéciale de Foumbadou et porte-parole des collectivités bénéficiaires, ce projet marque la fin de longues années de souffrance.

« Depuis plus de vingt ans, nos communautés vivent dans l’instabilité à cause des conflits entre agriculteurs et éleveurs. Aujourd’hui, grâce à l’initiative du président Mamadi Doumbouya, ces années de douleur deviendront un mauvais souvenir. Ce projet restera gravé dans l’histoire de Lola et de Beyla », a-t-il déclaré.

Un levier de développement économique local

Au-delà de la paix sociale, les autorités locales voient dans cette zone de pâturage un véritable levier de développement économique. Le sous-préfet de Boola, le lieutenant Lancinet Boola Fofanah, a salué une initiative « innovante » susceptible de favoriser la création d’emplois, le développement des activités génératrices de revenus et le renforcement de l’agriculture locale.

De son côté, l’entreprise MC Groupe, chargée de l’exécution des travaux, s’est engagée, par la voix de son directeur général Ben Salah Seman, à respecter les normes environnementales, sociales et sécuritaires, à privilégier la main-d’œuvre locale et à faire de ce projet un modèle national d’aménagement pastoral.

Un message fort pour la paix et le vivre-ensemble

Le gouverneur de la région administrative de N’Zérékoré, Moussa Condé, a insisté sur la portée sociale du projet : « au-delà des infrastructures, cette zone de pâturage porte un message fort de dialogue, de concertation et de vivre-ensemble. Le développement durable ne peut se construire que dans la paix et le respect mutuel. »

Même écho du côté des éleveurs. Le président de la Confédération nationale des éleveurs de Guinée, Ibrahima Baldé, a qualifié le projet de « symbole d’espoir, de réconciliation et de progrès », promettant l’engagement total des éleveurs pour sa réussite.

Une réponse durable aux conflits agro-pastoraux

Prenant la parole, le ministre de l’Élevage, Félix Lamah, a rappelé que l’aménagement des espaces pastoraux constitue une réponse structurelle aux conflits agro-pastoraux, aggravés par la pression foncière, le changement climatique et l’absence d’infrastructures adaptées.

« Il ne s’agit pas d’une faveur accordée aux éleveurs, mais d’un investissement stratégique de l’État au service de la paix sociale, de la souveraineté alimentaire et de la modernisation de l’élevage », a-t-il souligné.

« Votre cri de cœur a été entendu »

Clôturant la cérémonie, le Général Amara Camara a transmis un message fort du chef de l’État aux populations :

« Vous n’êtes ni en marge ni oubliés de la République. Le Président Mamadi Doumbouya a entendu votre cri de cœur et a décidé d’y répondre par des actions concrètes. Cet édifice sera le vôtre. Sa bonne utilisation garantira la paix, l’augmentation de la production agricole et l’amélioration de l’élevage. »

Avec la pose de cette première pierre, la Guinée franchit ainsi une étape décisive vers un élevage moderne, organisé et pacifié, ouvrant la voie à un vaste programme national d’aménagements pastoraux au bénéfice des générations présentes et futures.

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