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Le projet de nouvelle Constitution divise déjà. Marc Yombouno, ancien ministre du Commerce et membre du RPG, y voit un texte bâti sans concertation, truffé d’incohérences, et porteur de risques pour la stabilité politique. Il s’inquiète notamment de la prolongation du mandat présidentiel et de l’introduction de candidatures indépendantes à tous les niveaux.
« Cela a déjà été expérimenté sous Lansana Conté, et ça a créé des divisions, des conflits ethniques. Introduire cela aujourd’hui, dans un pays où la pauvreté et le clientélisme sont enracinés, c’est ouvrir la voie à la domination de l’argent et à la disparition des partis politiques. »
« C’est un document fondamental qui était attendu, mais du début à la fin de son élaboration, nous, en tant que parti politique, nous n’y avons pas été associés », regrette-t-il. Pour ce cadre du RPG, la promesse de rassemblement brandie par les dirigeants actuels n’a pas été tenue : « Ce slogan n’a pas été respecté. »
Il s’interroge surtout sur la prolongation du mandat présidentiel à sept ans, une durée qui, selon lui, avait déjà montré ses limites sous la deuxième République : « Des leçons avaient été tirées pour revenir à cinq ans. Je ne comprends pas le motif du rallongement. »
« L’école publique est déjà gratuite en Guinée depuis l’indépendance. Ce qu’il faut préciser, c’est si les parents continueront à payer des frais à travers les APEAE ou si l’État prendra vraiment tout en charge. »
Autre sujet de préoccupation : la gestion des élections. « On parle d’un organe technique indépendant dans le projet, mais il existe déjà une Direction nationale de gestion des élections sous tutelle du ministère de l’Administration du territoire. C’est flou, c’est contradictoire », critique-t-il. Pour lui, cette ambigüité institutionnelle mine la crédibilité du processus.
Parlant de la gratuité de l’éducation, Marc Yombouno estime qu’elle ne constitue pas une réelle avancée : « L’école publique est déjà gratuite en Guinée depuis l’indépendance. Ce qu’il faut préciser, c’est si les parents continueront à payer des frais à travers les APEAE ou si l’État prendra vraiment tout en charge. »
Mais c’est la possibilité de candidatures indépendantes à tous les niveaux des élections qui suscite le plus d’inquiétude chez l’ancien ministre. Il y voit un risque de désintégration du système partisan : « Cela a déjà été expérimenté sous Lansana Conté, et ça a créé des divisions, des conflits ethniques. Introduire cela aujourd’hui, dans un pays où la pauvreté et le clientélisme sont enracinés, c’est ouvrir la voie à la domination de l’argent et à la disparition des partis politiques. », indique Marc Yombouno.
« Il y a eu un avant-projet, des consultations, mais beaucoup d’articles ont été changés dans le texte final. Le peuple votera peut-être, mais l’esprit de départ n’y est plus. »
Interrogé sur le respect des engagements de non-candidature pris par les autorités de la transition, Marc Yombouno est catégorique : « Les articles de la Charte interdisant toute candidature de membres du CNRD, du gouvernement ou du CNT n’ont pas été repris. C’est un silence inquiétant. Ces engagements devaient être intouchables. »
À la question de savoir si ce projet reflète réellement les aspirations démocratiques du peuple guinéen, il reste dubitatif. « Il y a eu un avant-projet, des consultations, mais beaucoup d’articles ont été changés dans le texte final. Le peuple votera peut-être, mais l’esprit de départ n’y est plus. », dira-t-il.
Enfin, face à la perspective d’une personnalisation du pouvoir, il tire la sonnette d’alarme : « À plus de 60 ans d’indépendance, revenir à ce qu’on a déjà rejeté, ce n’est pas une avancée. C’est une régression politique. Je ne vois pas de valeur ajoutée dans ce qu’on nous propose. »
Christine Finda Kamano
L’article Projet de constitution : Marc Yombouno du RPG dénonce un texte incohérent et politiquement risqué est apparu en premier sur Mediaguinee.com.