Projet de Constitution : le MoDeL dénonce une rédaction en catimini

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Le contenu du projet de Constitution remis au Général d’armée Mamadi Doumbouya fait la une de l’actualité en Guinée.

Alors que le document, désormais rendu public, ne mentionne aucunement l’interdiction faite aux membres de la junte de se présenter à l’élection présidentielle, plusieurs entités politiques, comme le MoDeL, expriment de vives inquiétudes quant aux garanties offertes par ce texte.

Ce samedi 12 juillet 2025, lors de son assemblée générale hebdomadaire, les cadres du MoDeL ont affirmé ne pas avoir été associés à la rédaction de ce projet.

« Sur la forme, ce n’est un secret pour personne. En tant qu’entité politique, le MoDeL n’a été associé ni de près ni de loin à la rédaction de ce document. Il a été rédigé au CNT, où nous ne sommes pas représentés et où nous ne serons pas. Vous savez également, lors de l’installation du CNT, les nombreuses irrégularités dans le choix des membres du CNT. Nous avons refusé d’y siéger. Aujourd’hui, nous pouvons être fiers de ce choix. Car si nous y avions participé, nous porterions, d’une manière ou d’une autre, une part de responsabilité dans ce qui se passe actuellement. Nous avons les mains propres. Cette Constitution, qui est censée être le socle de toutes les lois de la République, ne devrait pas être rédigée en catimini, entre amis, dans un cercle restreint », a dénoncé un des responsables du parti.

Selon lui, la rédaction de la Constitution devrait obéir à une démarche inclusive et transparente.

« Je ne suis pas juriste, mais j’entends souvent dire qu’en droit, la forme prime sur le fond. Si la forme est biaisée, il faut s’attendre à ce que le fond le soit aussi », a fustigé Aliou Dalein Diallo, chargé de l’implantation du parti.

Un mandat présidentiel de 7 ans : un piège selon le MoDeL

Aliou Dalein Diallo estime que la proposition d’un mandat présidentiel de sept ans renouvelable constitue un piège permettant au Général Mamadi Doumbouya de se maintenir durablement au pouvoir.

« En lisant le document, j’ai fait deux remarques. D’abord, le mandat présidentiel passe de cinq à sept ans, avec la possibilité de faire deux mandats. En faisant un rapide calcul : deux mandats de 7 ans, ça fait 14 ans. Ajoutez à cela les quatre années de transition, ça fait 18 ans. Le Général ayant pris le pouvoir en 2021, cela nous amène à 2040. Et ce chiffre ne cesse de revenir depuis quelques mois dans ce pays. Partout, on voit « 2040 ». J’ai l’impression que les auteurs du projet Simandou 2040 et ceux de cette Constitution ont travaillé ensemble. Ils n’auront qu’à enlever Simandou et écrire Mamadi jusqu’en 2040. Je n’ai vu nulle part dans la nouvelle Constitution une disposition de la Charte de la transition interdisant aux membres actuels de se présenter. Elle ouvre donc la voie à tout le monde, y compris ceux du CNT, qui pourraient rester longtemps en poste et se porter candidats aux législatives », a-t-il estimé.

La création d’un Sénat : une autre inquiétude

Par ailleurs, le MoDeL s’interroge sur la pertinence et l’opportunité de la création d’un Sénat, annoncée dans le projet.

« Ils parlent d’une innovation : la création d’un Sénat. Mais le mode de désignation des membres reste flou. Le président de la République aura la possibilité de nommer une grande partie des sénateurs. Je me demande comment cela va fonctionner ? », s’est interrogé Aliou Dalein Diallo.

Sur le plan financier, la mise en place d’un Sénat risque de représenter une lourde charge pour le budget, selon ce cadre du MoDeL.

Hadja Kadé Barry

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