Plainte contre Bolloré à Paris : les précisions d’Alseny Farinta Camara

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Le Collectif Restitution Afrique (RAF), composé de onze ONG réparties entre l’Afrique et la France, a déposé une plainte, le 18 mars dernier, devant le Parquet national financier à Paris contre le groupe Bolloré, son fondateur Vincent Bolloré et son fils Cyrille Bolloré. Ces organisations accusent le groupe de pratiques de corruption pour asseoir sa position dans de nombreux pays africains.

En Guinée, le collectif accuse le groupe Bolloré d’avoir financé la campagne électorale d’Alpha Condé en 2010 à hauteur de 170 000 euros, en échange de la gestion du terminal à conteneurs du port de Conakry.

Ces faits, partiellement reconnus par Bolloré dans le cadre d’une convention judiciaire en 2021 illustreraient, selon le collectif, un système organisé reproduit dans le continent.

Le collectif espère convaincre le Parquet national financier (PNF), basé à Paris, d’ouvrir une enquête pénale pouvant aboutir à un procès public. Dans cette interview accordée à Guinée360, Alseny Farinta Camara, porte-parole du Collectif donne des précisions et aborde les enjeux de cette plainte.

Guinée360 : Pouvez-vous nous présenter la plainte déposée par le collectif Restitution Afrique et ses organisations membres?

Alseny Farinta Camara : Bien sûr. Cette plainte, que nous avons déposée auprès du Parquet national financier le 18 mars dernier, est inédite à plusieurs égards. D’abord, par son envergure panafricaine : elle émane de onze associations réparties dans six pays africains et en France. Ensuite, elle vise directement les auteurs présumés de la corruption, en l’occurrence le groupe Bolloré. Nous nous appuyons sur plusieurs années d’enquête et des éléments probants. L’objectif est de faire reconnaître l’existence de pratiques de corruption graves, et surtout d’obtenir la restitution des profits illégalement perçus, au bénéfice des populations africaines.

Quels sont précisément les faits reprochés par votre collectif au groupe Bolloré, notamment en Guinée ?

En Guinée, les faits sont très concrets. Le groupe Bolloré aurait financé la campagne électorale d’Alpha Condé en 2010 à hauteur de 170 000 euros. En contrepartie, il aurait obtenu la gestion du terminal à conteneurs du port de Conakry. Ces faits ont été partiellement reconnus par l’entreprise elle-même, dans le cadre d’une convention judiciaire d’intérêt public signée en 2021. Et ce cas n’est pas isolé : des pratiques similaires ont été observées dans d’autres pays africains. Il s’agit d’un système structuré, et non d’un acte ponctuel.

Quelles sont les principales revendications portées par votre collectif à travers cette action en justice ?

Nous demandons que la justice reconnaisse formellement ces actes de corruption et procède à la confiscation des biens et des profits qui en sont issus. L’objectif est que ces fonds soient restitués aux populations africaines. Cet argent doit financer la construction d’écoles, d’hôpitaux, de routes. Il est essentiel que les victimes de ce système bénéficient directement d’une réparation. La loi française de 2021 le permet, en prévoyant que les fonds recouvrés puissent être affectés à des projets de développement, en partenariat avec des agences de l’ONU ou d’autres institutions.

Quelle est l’ampleur financière des activités visées par cette plainte ?

Les sommes en jeu sont considérables. À titre d’exemple, la vente de Bolloré Africa Logistics en 2022 a rapporté 5,7 milliards d’euros au groupe. Ce sont ces fonds que nous ciblons. Nous estimons qu’une grande partie de ces gains découle de pratiques illégales. La justice devra en établir précisément le montant.

Quelles pourraient être les retombées concrètes de cette procédure pour la population guinéenne ?

Elles seraient majeures. Ces fonds pourraient permettre de construire des centaines d’écoles, des hôpitaux, d’améliorer les infrastructures routières, l’accès à l’eau et aux soins de santé. La corruption tue : elle empêche les enfants d’aller à l’école, prive les hôpitaux de médicaments. Si nous parvenons à obtenir la restitution de ces fonds, ce serait un immense pas vers la réduction de la précarité. Ce combat dépasse la justice : il touche à la dignité humaine.
Après le dépôt de la plainte, quelles sont vos attentes vis-à-vis du tribunal ?
Nous avons confiance en la justice française. Le choix de Paris n’est pas anodin : les flux financiers sont passés par la France, les responsables sont français, et la législation française est pionnière en matière de lutte contre la corruption transnationale. Nous espérons une enquête rigoureuse, menée avec sérieux et indépendance.

Quelle est la prochaine étape prévue dans ce dossier ?

Le dossier est désormais entre les mains du Parquet national financier. De notre côté, nous restons pleinement mobilisés. Nous poursuivons nos actions d’information et de sensibilisation, et nous ne relâcherons pas nos efforts. J’en profite pour lancer un appel à toutes celles et ceux qui ont été affectés, de près ou de loin, par les agissements du groupe Bolloré — votre témoignage compte. Si vous avez une expérience à partager ou des informations à transmettre, n’hésitez pas à nous contacter par e-mail à l’adresse suivante : [email protected].

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