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Depuis une semaine, l’approvisionnement en viande dans les marchés de Conakry connaît une perturbation majeure. La rareté du bétail au niveau des abattoirs de la place a entraîné une baisse considérable de l’offre, provoquant une hausse significative des prix et une inquiétude palpable chez les consommateurs.
Pour cerner l’origine de cette perturbation et en mesurer l’impact, une équipe de Guineematin.com s’est rendue ce vendredi, 12 décembre 2025, dans certains lieux d’abattage et de vente dans la commune de Ratoma. Sur place, le kilogramme de viande est vendu jusqu’à 80 000 francs guinéens.
A l’abattoir de Kakimbo, le constat est saisissant. Les enclos sont presque vides, les bœufs se comptent au bout des doigts et de nombreux vendeurs, regroupés par petits cercles, discutent de la situation.
« Si les bœufs ne viennent pas, comment allons-nous vendre de la viande ? » s’est interrogé un boucher à notre micro, sous anonymat.
Au marché de Taouyah, quelques bouchers parviennent encore à proposer de la viande à leurs clientèles. Mais, les prix sont exorbitants et varient entre 70 000 et 80 000 le kilogramme.
Venue avec l’intention d’acheter 10 kilos de viande, Marguerite Kolié a finalement renoncé face aux tarifs appliqués par les bouchers.
« Nous sommes venues acheter de la viande à Taouyah, mais je vois que c’est super cher. Je vais devoir quitter ici pour aller à Madina. L’appel que je lance aux autorités est de nous venir en aide : ce n’est pas tout le monde qui a les moyens d’acheter à 70 000. Il y a des gens qui auront des cérémonies et auront besoin de beaucoup plus de viande. Donc, vouloir donner les 70 000 francs par kilo, cela va nous fatiguer. Je lance un appel pour que les autorités essaient de régler ça au plus vite », a-t-elle dit avec une certaine angoisse.
Cette autre femme, venue acheter trois kilogrammes de viande, a dû se résoudre à renoncer face au prix. Et pour ne pas rentrer bredouille, elle s’est procurée des poissons.
« Je suis venue pour acheter 3 kilos de viande. Comme d’habitude, je prends de la bonne viande à l’intérieur du marché. Aujourd’hui j’ai sillonné, mais je n’en ai pas trouvé. Ils m’ont dit qu’il y avait une rupture. J’ai donc acheté du poisson. À peine sortie, j’ai trouvé de la viande, mais il y avait beaucoup de monde. Pensant que j’allais en avoir, j’ai donné l’argent. Ils m’ont dit que le kilo est à 70 000, mais comme je voulais sans os, ils m’ont dit que c’est 80 000 francs. J’ai donné l’argent, ils ont commencé à découper la viande, mais je me suis rendu compte qu’ils ne me donnaient pas de la bonne viande, ils ne mettaient que les os. Je leur ai demandé de me rendre mon argent. Il y a de la rareté de viande, et en plus, c’est cher. Nous lançons un appel solennel au gouvernement de nous venir en aide. Il y a des personnes qui ne mangent que de la viande, ou bien seulement à des moments rares. Pratiquement, moi, les week-ends, c’est ce que je prépare à la maison », a-t-elle indiqué.
À l’intérieur du marché de Taouyah, l’absence de viande est encore plus saisissante : tables vides, bois de découpe inoccupé, balances inutilisées.
« Ça fait une semaine qu’il n’y a pas de viande. Regardez aujourd’hui : ce sont les aubergines qui occupent la place de certaines tables où il devait y avoir de la viande », déplore un boucher.
Le marché de Kaporo n’offre pas un meilleur visage : plusieurs boucheries y sont fermées, et celles qui sont ouvertes n’exposent aucune viande.
« Il n’y a pas de viande, mais on essaie de vendre le peu qu’on a à nos clients, parce qu’il faut préserver la clientèle », explique un boucher qui trie les clients à satisfaire.

Cette crise n’est pas surprenante pour les acteurs du secteur. En avril 2025, Oumar Sila Bah, président des marchands de bétail de Guinée, avait déjà alerté, dans un entretien avec Guineematin.com, sur la fragilité structurelle de la filière. Il expliquait que le marché du bétail dépendait de plus en plus des importations et devenait fortement saisonnier, laissant craindre une pénurie si aucune mesure n’était prise.
Aujourd’hui, ses avertissements semblent se réaliser. La question reste désormais de savoir si les autorités prendront rapidement des dispositions pour éviter une aggravation de la crise, ou si la situation sera laissée à se détériorer, au risque de toucher l’ensemble du pays.
Yayé Oumou Barry et Ibrahim Bah pour Guineematin.com
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