Non, la Guinée ne figure pas parmi les 15 pays les plus pauvres du monde (Par Aboubacar Sakho)

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Dans le monde d’aujourd’hui, malgré les progrès technologiques et les richesses accumulées par certains pays, une grande partie de l’humanité vit encore dans la pauvreté la plus profonde. Selon les dernières estimations de la Banque mondiale et d’autres agences spécialisées, une vingtaine de pays restent au bas de l’échelle du développement, avec des populations qui survivent avec moins de trois dollars par jour. Ces nations, pour la plupart situées en Afrique subsaharienne, font face à une accumulation de difficultés : conflits armés, instabilité politique, faiblesse des infrastructures, dépendance à une agriculture fragile et vulnérable aux changements climatiques.

Au premier rang de ces pays, on retrouve le Soudan du Sud, jeune État encore marqué par des années de guerre civile, où le revenu moyen par habitant tourne autour de 450 dollars par an. La majorité de la population vit dans une extrême pauvreté et dépend de l’aide humanitaire. Le Burundi, petit pays enclavé d’Afrique de l’Est, figure aussi parmi les plus pauvres, avec un PIB par habitant d’environ 900 dollars en parité de pouvoir d’achat et plus de 70 % des habitants vivant avec moins de trois dollars par jour. Vient ensuite la République centrafricaine, déchirée par des conflits internes et un manque chronique de ressources publiques. Là-bas, le revenu moyen ne dépasse guère 1 200 dollars et les besoins essentiels ( santé, éducation, sécurité ) sont encore un luxe pour beaucoup.

La République démocratique du Congo, pourtant immensément riche en ressources naturelles, connaît une pauvreté de masse : plus de 85 % des Congolais vivent avec moins de trois dollars par jour. Les richesses minières profitent à une minorité tandis que la majorité peine à se nourrir et à se soigner. Le Mozambique, régulièrement frappé par des cyclones, souffre des effets combinés de la dette, du chômage et de la vulnérabilité climatique, laissant plus de 80 % de ses habitants dans la précarité. Le Niger, pays du Sahel soumis à la sécheresse et aux crises sécuritaires, affiche lui aussi un PIB par habitant inférieur à 1 700 dollars, avec près des deux tiers de sa population en pauvreté extrême.

Le Malawi, avec une économie essentiellement agricole, peine à nourrir ses citoyens : trois Malawites sur quatre vivent dans la pauvreté. En Somalie, les conflits interminables et la famine empêchent toute stabilité économique. Le Liberia et la Sierra Leone, marqués par leurs guerres civiles passées, luttent toujours pour reconstruire leurs institutions et offrir des perspectives à leurs populations. À Madagascar, la pauvreté touche la majorité des habitants, aggravée par les cyclones récurrents et la déforestation.

Le Yémen, dévasté par la guerre, vit une crise humanitaire parmi les pires au monde. Le Tchad et le Burkina Faso, pris dans la spirale de l’insécurité et des attaques djihadistes, cumulent pauvreté, instabilité et isolement économique. Dans ces pays, le revenu annuel moyen ne dépasse guère 2 500 dollars et des millions d’enfants grandissent sans accès régulier à l’école. Le Togo et la Gambie, bien que plus stables politiquement, restent économiquement fragiles, avec des taux de pauvreté élevés dépassant parfois 40 % de la population active.

Le Zimbabwe, autrefois l’un des pays les plus prospères d’Afrique australe, vit depuis des années une crise économique aiguë marquée par l’inflation et le chômage de masse. Enfin, les îles Salomon, en Océanie, ferment cette liste, souffrant de leur isolement géographique et de ressources limitées.

Dans ce classement mondial de la pauvreté, la République de Guinée ne figure pas parmi les 15 pays les plus pauvres du monde, contrairement aux allégations d’un homme politique guinéen, de surcroît économiste, qui fait actuellement le tour des réseaux sociaux. Malgré ses défis, elle affiche aujourd’hui des indicateurs économiques supérieurs à ceux de nombreux pays d’Afrique subsaharienne. Son produit intérieur brut par habitant, en parité de pouvoir d’achat, se situe entre 3 200 et 3 600 dollars, soit presque le double de celui des nations les plus pauvres comme le Burundi, le Soudan du Sud ou la République centrafricaine. Le taux de pauvreté extrême y est estimé à environ 32 à 35 %, contre 70 à 85 % dans les pays en bas du classement.

La Guinée bénéficie aussi de ressources naturelles abondantes( bauxite, or, fer, eau, énergie hydroélectrique ) qui soutiennent une croissance économique annuelle de 5 à 6 %, selon les rapports récents de la Banque mondiale. De plus, sa stabilité macroéconomique relative et son potentiel énergétique la distinguent des pays plongés dans des crises humanitaires ou politiques prolongées.

Cette dynamique positive a été récemment confirmée par l’agence internationale Standard & Poor’s, qui a attribué à la Guinée une note souveraine de B+ avec perspective stable. Cette évaluation marque une première historique pour le pays et traduit la reconnaissance de ses efforts en matière de gestion économique. Concrètement, cette note signifie que la Guinée est jugée capable de rembourser ses dettes dans des conditions acceptables. Elle améliore l’image du pays auprès des investisseurs internationaux et peut faciliter l’accès à des financements extérieurs à des conditions plus avantageuses.

Grâce à cette reconnaissance, la confiance des partenaires étrangers s’est renforcée, notamment dans les secteurs minier, énergétique et des infrastructures. Cela pourrait encourager l’arrivée de nouveaux investissements directs étrangers, essentiels pour créer des emplois et diversifier l’économie. La note souligne aussi la bonne gestion budgétaire du pays, avec un déficit maîtrisé et une dette publique contenue. Elle met en avant la stabilité monétaire et la discipline fiscale, des éléments importants pour maintenir la confiance des marchés.

Cependant, Standard & Poor’s rappelle que la Guinée reste exposée à certaines fragilités, comme sa forte dépendance au secteur minier, la faiblesse de ses réserves de change et les besoins élevés en infrastructures sociales. Le pays doit donc poursuivre ses réformes et renforcer la transparence dans la gestion publique pour conserver cette note et, à terme, espérer une amélioration.

Cette évaluation ouvre aussi la voie à une meilleure visibilité pour les grands projets nationaux, comme celui du fer de Simandou, qui mobilise des capitaux considérables. En étant mieux notée, la Guinée peut attirer plus facilement les financements nécessaires à la réalisation de ces projets structurants, tout en rassurant les investisseurs sur la stabilité du pays.

Ainsi, la Guinée n’est pas considérée comme un pays parmi les plus pauvres du monde, mais comme un pays à revenu faible en voie d’amélioration, situé autour du 35ᵉ au 45ᵉ rang mondial. Cette position, bien que modeste, traduit un progrès réel. Le pays reste confronté à la pauvreté, mais il avance vers un développement plus équilibré grâce à ses ressources, à une meilleure gouvernance économique et à une stabilité politique progressive.

Dans l’ensemble, ces vingt pays partagent le même combat : sortir de la misère par l’éducation, la paix et une meilleure gouvernance. Mais tant que les guerres, la corruption et le changement climatique continueront de frapper, le rêve d’un développement équitable restera difficile à atteindre. Ces nations ne manquent pourtant pas de courage : elles avancent lentement, avec l’espoir que demain sera meilleur que la veille, et que la pauvreté ne sera plus leur seule identité.

Aboubacar SAKHO
Expert en Communication

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