N’Zérékoré : « Nous vendons aux abords des routes par manque de places à l’intérieur du marché »

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Malgré les efforts des autorités communales, des marchands, notamment des femmes, continuent d’occuper les emprises des routes au grand marché de la commune urbaine de N’zérékoré. Malgré les risques qu’elles encourent, elles sont toujours là, dénonçant un manque de places à l’intérieur du marché. Interrogées par un des reporters de Guineematin.com basé à N’Zérékoré, ces femmes disent venir se débrouiller là pour subvenir à leurs besoins dans une conjoncture économique compliquée.

C’est l’une des difficultés que les autorités communales et les usagers de la route rencontrent dans la ville de N’Zérékoré. Au grand marché, situé au plein cœur de cette ville, les commerçants ambulants règnent en maîtres absolus aux abords des routes. Ce qui rend, par moment, la circulation difficile.

Trouvée à côté de sa marchandise au grand marché, Kolikoro Lamah, vendeuse de piments, frais justifie cette occupation des emprises par le manque de place à l’intérieur du marché.

Kolikoro Lamah, vendeuse de piments frais

« C’est à cause du manque de places à l’intérieur du marché que je suis là. Avant, j’étais à l’intérieur du marché. J’occupais une place qui ne m’appartenait pas, parce le propriétaire de cette place était malade. Et quand la personne s’est rétablie et qu’elle est revenue, j’étais obligée de libérer sa place et sortir par ici. Quand nous sommes là, on est tout le temps empêché par les agents de la police communale, mais que faire ? Nous n’avons pas d’autres choix. Nous le faisons à cause du fait que nous avons aussi des enfants à nourrir. Imaginez, deux (2) ou trois (3) enfants déjà à nourrir avec les autres dépenses pour la santé et l’éducation, ce n’est pas facile. Il nous faut faire ça pour épauler nos maris dans les dépenses, car la plupart ont fini les études avec les diplômes, mais sans emplois… Je suis prête à quitter si seulement il y a des places à l’intérieur du marché. C’est pourquoi je demande aux autorités de nous aider à avoir des places. Nous sollicitons vivement cette aide auprès des autorités à tous les niveaux », a lancé dame Kolikoro Lamah.

Même son de cloche chez Nathalie Kpoghomou, vendeuse d’aubergines et gombos frais.

Nathalie Kpoghomou, vendeuse d’aubergines et gombos frais

« Nous sommes là, en train de vendre aux abords de la route parce qu’il n’y a plus de places à l’intérieur du marché. Presque toutes les tables sont occupées à l’intérieur. Sur telle ou telle table où tu vas t’asseoir, tu trouveras forcément quelqu’un qui va te dire de quitter. Et quand on est là aussi, les agents de la police communale nous empêchent à chaque minute où des fois par peur, nos marchandises se versent. D’un autre côté, une bonne femme dans le foyer ne peut pas seulement mettre toutes les dépenses à la charge de son mari. C’est dans l’esprit d’aider nos maris à subvenir aux besoins des enfants que nous sommes obligées d’être là. Ce n’est pas du tout facile pour nous. C’est pourquoi nous sollicitons et nous lançons cet appel aux autorités de nous aider nous aussi à avoir des places. Si cela est fait, ça serait une très bonne chose pour nous. Et cela va permettre à ce que les gens libèrent les emprises », a sollicité la jeune dame.

Pour sa part, Agnès Loua, vendeuse d’oignons frais, plaide auprès des autorités à trouver solution à leur calvaire.

Agnès Loua, vendeuse d’oignons frais

« Je me trouve là par manque de place dans le marché. Malgré les empêchements des agents de la police communale, nous sommes obligées de nous débrouiller ici. D’une minute à l’autre, ces agents communaux viennent des fois prendre nos marchandises. Mais, on n’a pas où aller. Et si on s’assoit bras croisés, comment allons-nous nous occuper des enfants en famille ? C’est très difficile. Nous souffrons énormément. C’est pourquoi je plaide auprès des autorités communales afin de nous aider à trouver une solution favorable à ce que nous vivons », a plaidé Agnès Loua.

Du côté des autorités communales, Fassou Goumou, président de la délégation spéciale de N’Zérékoré, dément cette plainte des femmes.

Fassou Goumou, Président de la délégation spéciale de N’Zérékoré

« Tout ce qu’elles sont en train de dire n’est pas vrai. D’ailleurs, on a trouvé des places de l’autre côté du marché, à la forêt, vers l’ancienne gendarmerie. Et elles disent de ne pas partir là-bas parce que pour elles, le commerce ne marche pas là-bas comme de l’autre côté (aux abords des routes). Et, la plupart des femmes-là ont des tables au marché. Mais pour elles, c’est aux abords du goudron que les marchandises s’achètent plus vite. C’est pour cette cause qu’elles sont toujours aux abords des routes pour vendre ».

Par ailleurs, monsieur Goumou a fait savoir que des mesures sont en train d’être prises pour trouver une solution définitive à cette problématique.

« Il y a une commission conjointe composée des éléments de la préfecture, de la commune et du commerce qui est en train de faire le recensement des boutiques au marché. Après ce recensement, je pense que le préfet va accepter de faire la réquisition pour que la route là soit complètement libérée. Et, si cela est fait, la mairie veillera à ce que les gens ne reviennent plus sur la route pour vendre. Au départ, on avait même mis des chaînes. Mais quand il y a eu un peu de dérapages par rapport à la construction des 94 boutiques, qui est d’ailleurs dans notre projet, et dont quelques individus s’étaient opposés ; et comme on est en train de travailler encore là-dessus, je pense que ça va marcher, avec l’aide de la préfecture, pour que ces travaux soient réalisés. Et, ce que je demande à toutes ces femmes-là, c’est d’éviter non seulement de dire qu’elles sont obligées de vendre sur le goudron. On sera obligé de les envoyer soit à Boma ou de l’autre côté du marché de la forêt qui pour elles, ne les arrange pas. Celles qui ont des tables à l’intérieur du marché, qu’elles rentrent dans le marché. Et toutes celles qui disent ne pas avoir de place, on verra aussi comment et que faut-il faire pour elles », a laissé entendre Fassou Goumou.

 De N’Zérékoré, Jean David Loua pour Guineematin.com

Tél : (+224) 620.58.60.02

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