Me Mory à propos du corps de Sadiba: « la dépouille n’est toujours pas restituée à la famille » (Interview)

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48 heures après l’annonce du décès du Général Sadiba Koulibaly, le corps de l’ancien chef d’Etat-major général des armées n’est jusqu’ici pas remis à sa famille. Pourtant, une demande expresse a été faite dans ce sens par l’avocat de l’officier radié des effectifs de l’armée guinéenne au soir de sa condamnation à cinq ans de prison par le tribunal miliaire permanent de Conakry. Selon Me Mory Doumbouya, la restitution du corps a été obtenue mais pas sur les conditions du voyage. La famille qui souhaite inhumer le défunt dans son village natal à Mandiana fait face à la tendance des autorités de procéder à l’enterrement à Conakry. C’est du moins ce qu’il confie dans un entretien accordé à Mosaiqueguinee.com.

Mosaiqueguinee.com : Bonjour Me Mory Doumbouya ? La dépouille mortelle du Général Sadiba Koulibaly a-t-elle été restituée à sa famille ?

Me Mory Doumbouya : Sur la demande de restitution du corps, nous sommes sur les détails pour qu’on puisse s’entendre s’il est autorisé à rejoindre son village conformément à la volonté de sa famille et sur les conditions du voyage. Mes dernières communications hier avec mes interlocuteurs ont été à un moment où pratiquement je ne pouvais plus avoir quelqu’un en famille pour échanger parce que le jeune que j’ai eu, un des enfants du Général, vu son âge, ne pouvait pas parler au nom de la famille. Je m’apprêtais même à appeler là-bas. Voilà pour que je puisse avoir des réponses à ces préalables.

Ce qui veut dire que le corps n’est toujours pas restitué à sa famille ? 

Le corps n’a toujours pas été remis à la famille. Moi, j’ai fait la demande hier. Maintenant, est-ce qu’ils veulent s’impliquer dans le voyage ou pas ? Apparemment, c’est ce qui se profile à l’horizon. Bon, mais je dois quand même échanger avec la famille pour éviter des divergences de vue sur les conditions du voyage. Je suis sur ça.

Selon nos informations, il y aurait un blocage au niveau de la gendarmerie sur le lieu d’enterrement du Général à Conakry ou à Mandiana dans son village. Est-ce le cas ?

C’est ce que je suis en train de dire. J’ai fais la demande et ma demande est claire. J’ai reçu le mandat de la famille de déposer une demande d’autorisation pour que le Général puisse être inhumé dans son village natal à Mandiana. Et quand je venais, la tendance qui était là était de procéder à l’enterrement ici. Maintenant, j’ai déposé la demande. J’ai dit dans l’une ou l’autre des deux hypothèses envisagées, j’ai suggéré d’obtenir le compromis possible. Parce que quand même, il ne faut pas pousser les choses jusqu’à un certain niveau. C’est ça.

Ce qui veut dire que le corps est à la morgue du CHU Ignace Deen en ce moment ?

Pour moi, je ne sais pas où se trouve le corps parce que je n’ai jamais vu le corps. Je n’interviens que sur des choses certaines, vérifiées et officielles. Je sais que je n’ai pas encore vu le corps, mais j’ai fait la demande. La restitution était accordée. Nos conversations d’hier tournaient autour des conditions du voyage. C’est-à-dire quel jour il faut aller ; quel jour dans ce cas le voyage doit avoir lieu et avec quel équipage. Des questions comme ça, s’il n’y a pas un compromis entre les parties, ça pourrait provoquer d’autres mésententes.

Faut-il y voir une certaine mauvaise foi de la junte puisque le Général Sadiba avait été radié des effectifs de l’armée guinéenne avant sa mort ?

Je ne relève pour l’instant aucune mauvaise foi. Si tel était le cas, je tirerais des conclusions. Dans des démarches de ce genre, il faut au départ se faire confiance jusqu’à ce qu’il y ait une rupture de confiance. Mais pour l’instant, puisque nous-mêmes, ce n’est qu’hier que la demande a été déposée, je sais que sur des questions comme ça et surtout que j’ai adressé ma demande à une autorité judiciaire, je sais par expérience qu’il y a des consultations à faire avant de notifier une décision.

La demande a été adressée au tribunal militaire ou au parquet général de Conakry ?

J’ai mis du formalisme dans tout ça pour une question de traçabilité. C’est au parquet militaire puisque c’est lui qui a fait le communiqué annonçant son décès. Je ne me suis pas contenté de soumettre une demande verbale, j’ai préféré la formaliser. J’ai la preuve du dépôt de cette demande. Maintenant, nous sommes sur les questions liées aux conditions de voyage.

Quelles sont ces conditions ? Est-ce que c’est la famille qui doit aller exclusivement aller avec le corps ou est-ce que c’est l’autorité qui doit être impliquée dans le voyage ? Pourquoi le transport du corps fait débat ?

Le voyage, c’est de Conakry jusqu’au lieu d’enterrement. La famille n’a fait aucune demande financière ou matérielle. La question n’est pas à ce niveau. La question, c’est de savoir si les autorités veulent se joindre à la famille pour le transport du corps jusqu’à Mandiana. C’est ce que nous sommes en train de régler. J’ai l’impression que c’est ce qui semble être la position, même si elle n’est pas encore manifestement déclarée. Les situations comme ça, c’est pourquoi je parle de compromis. Si la famille n’est pas consultée, tu vois déjà que ça pourrait être une source de mésentente. Parce que si on vous restitue un corps, vous êtes libre même si vous n’avez pas suffisamment de possibilités. Vous êtes libre même de vous rendre au lieu d’enterrement, même par transport en commun. Si vous avez le matériel nécessaire, vous pouvez organiser votre propre convoi. Ce sont les conditions ordinaires. Imaginez maintenant s’il était demandé ou imposé que le voyage soit encadré par une mesure quelconque pilotée par l’autorité. Il faut absolument que la famille soit consultée sur cette question. C’est ce que j’attends. Parce que tu ne peux pas venir comme ça et embarquer le corps pour dire direction tel endroit. Personne n’accepterait des situations de ce genre. Le préalable, si le corps doit être restitué, c’est de suivre à la lettre ou au maximum les mesures envisagées par la famille du défunt. Voilà, nous avons une démarche progressive et méthodique et conforme à la loi. Tout ce que nous faisons, nous nous référons à la loi. Et puis pour le surplus, on attend la suite qui va être réservée.

Merci à vous Me Mory Doumbouya

Merci Bangoura

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