Mandiana : le président du district de Missima accusé d’être complice de la dégradation de l’environnement

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Malgré la lutte engagée par les autorités de Mandiana contre l’exploitation minière illégale qui affecte l’environnement, la pratique persiste encore dans certaines localités rurales. C’est le cas du district de Missima, révélant de la sous-préfecture de Morodou. Là-bas, la seule rivière située à quelques mètres du village est transformé en site d’exploitation artisanale d’or sous l’œil impuissant des citoyens qui accusent d’ailleurs le président du district d’être en complicité avec les exploitants illégaux, notamment des ressortissants Burkinabé, rapporte l’équipe de  Guineematin.com basée dans la région.
Sur ce site d’exploitation artisanale d’or, situé à quelques mètres du village de Missima, la pollution de l’environnement et l’utilisation de produits chimiques non conventionnels ne sont plus à démontrer. Des images amateurs témoignent d’un écosystème en lambeaux et d’un sol totalement dégradé.

Mamadi Sacko, citoyen de la localité, pointe du doigt le président du district comme étant à l’origine de cette situation alarmante.

Mamadi Sacko, habitant de Missima

« En 2022, j’ai discuté avec un responsable du village concernant l’exploitation de cet endroit où je cultivais du riz. Ils m’ont dit que si je ne cède, ils vont m’enfermer. Je leur ai dit que les bénéfices que tire de l’agriculture sur ce terrain est plus énorme que ce que je gagnais si je cède pour l’exploitation minière. Mais, ils n’ont jamais daigné me comprendre. Et finalement, ils ont commencé l’exploitation par la force. J’étais obligé d’accepter parce que j’étais sous une menace d’emprisonnement. Après, ils m’ont accordé 10% des recettes qui sont générées sur le site. Maintenant, je devrais normalement avoir 150 mille francs guinéens par machines chaque semaine, mais à ma grande surprise, c’est 4 millions GNF qu’ils m’ont remis, en me disant qu’ils ont décidé de me payer finalement 50 milles francs guinéens par machines au lieu de 150 milles francs. La semaine qui a suivi, ils m’ont dit que je n’ai plus droit à un centime. C’est le représentant du directeur de l’environnement et le président du district qui m’ont forcé à céder mon champ avec toutes les menaces », a-t-il expliqué.

Mesurant les dégâts de cette activité sur le couvert végétal, de nombreuses voix se sont élevées pour dénoncer cette exploitation artisanale d’or. Malheureusement, certaines d’entre elles ont été arrêtées pour avoir osé s’opposer à ces pratiques destructrices, apprend-on.

« Aujourd’hui, il faut que l’Etat agisse en interdisant l’exploitation de cet endroit qui a un impact néfaste considérable non seulement sur l’environnement, mais aussi sur le village. Le site se trouve à quelques mètres seulement du village. Hier, c’était mon champ qui était impacté, mais actuellement, c’est tout le village qui se trouve en danger. L’année dernière, les habitants se sont révoltés et demander l’arrêt immédiat des activités sur cet endroit. Très malheureusement, ils ont arrêté et emprisonné plusieurs personnes. Nous sommes allés jusqu’à Kankan pour voir l’érudit Cheick Souleymane Sidibé, il a conseillé d’arrêter les travaux, mais cela n’a jamais été respecté. Le problème, personne n’ose plus parler, parce que dès que tu parles, ils t’envoient en prison », a indiqué Mamadi Sacko.

Pire, la seule rivière du village n’est malheureusement pas épargnée par les conséquences néfastes de cette activité. L’eau de ce cours d’eau, qui était autrefois une source d’approvisionnement essentielle pour les habitants, n’est plus consommable. Cette situation crée de nombreux problèmes, notamment un accès difficile à cette ressource vitale.

Sékou Sidibé, habitant de Missima

« Depuis l’année dernière, nous menons ce combat. Ils ont autorisé les burkinabés à exploiter notre seule rivière où nos femmes venaient puiser de l’eau. Actuellement, pour avoir de l’eau, c’est st devenue très difficile. Mais le président du district, pour ses intérêts personnels, refuse d’ordonner l’arrêt des travaux. Donc, il faut que les autorités nous viennent en aide pour sauver l’environnement de notre localité. Avant, il y a avait des puits ici à Missima qui ne tarissaient jamais, mais de nos jours, nous ne trouvons plus d’eau dans ces puits à cause des conséquences de ces travaux », a fait savoir Sékou Sidibé, un autre habitant de la localité.

Interrogé par nos reporters, les exploitants des machines concasseurs qui travaillent sur ce site révèlent un fait troublant. Ils affirment payer des taxes à plusieurs services, notamment le bureau du président du district et le groupe des tomboloma (les gardiens des mines). Moussa Sidibé, un ressortissant burkinabé, explique. « Nous ne travaillons pas ici comme ça, nous payons de l’argent au service des impôts, et de l’environnement. Nous payons aussi 100 milles francs au tomboloma et 1 millions au bureau du président du district », a-t-il déclaré.

Joint par téléphone, le président du district de Missima a refusé de commenter le sujet.

De Mandiana, Mamadi Konoma Keita et Souleymane Kato Camara pour Guineematin.com 

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