Le prix du développement : accidents, inondations, incendies et éboulements, sont les drames récurrents de la Guinée

il y a 3 heures 29
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​La Guinée, terre de contrastes et de richesses, fait face depuis plusieurs années à une série de fléaux qui endeuillent régulièrement ses populations. 

Au-delà des crises politiques et économiques, ce sont les accidents, les inondations et les incendies qui, par leur récurrence et leur violence, ont tendance à faire le plus de victimes désormais, plongeant des familles entières dans le deuil et le désarroi. 

Ces drames, souvent relayés par les médias, sont le reflet d’une vulnérabilité grandissante face à un développement urbain galopant, une insouciance humaine et un manque cruel d’infrastructures de prévention et de secours.

​Les routes de l’horreur : l’hécatombe des accidents de la route

​Les routes guinéennes, véritables mouroirs, sont le théâtre d’une hécatombe qui ne cesse de s’aggraver. Chaque semaine, des accidents, souvent spectaculaires, font des dizaines de morts ou de blessés. La cause de ces drames est un cocktail explosif de facteurs : l’état des routes, la vétusté des véhicules, la surcharge excessive, l’excès de vitesse et l’incivisme des conducteurs. 

Le tronçon Conakry-Mamou, par exemple, est tristement célèbre pour le nombre d’accidents qui s’y produisent. On se souvient encore de ce carambolage monstre près de Coyah qui, en pleine saison des pluies, a coûté la vie à plus d’une dizaine de personnes. Les survivants, souvent marqués à vie, portent sur leurs corps et dans leurs âmes les stigmates de ces traumatismes. Les familles, quant à elles, se retrouvent démunies face à la perte brutale d’un proche, souvent unique soutien financier.

​L’absence de campagnes de sensibilisation efficaces, la corruption qui gangrène les services de police routière et le laxisme dans l’application des lois exacerbent ce problème. Les barrages routiers, loin de dissuader les comportements à risque, se transforment trop souvent en points de racket, où les chauffeurs, sous l’effet du stress et de la pression, sont contraints d’adopter des comportements dangereux pour respecter leurs délais. C’est un cercle vicieux où la vie humaine a un prix dérisoire.

​Quand l’eau devient un ennemi : le fléau des inondations

​Chaque année, à l’approche de la saison des pluies, une angoisse sourde s’installe dans les quartiers précaires et les zones à risque. Les inondations, phénomène de plus en plus fréquent en Guinée, sont l’une des principales causes de décès et de destruction. La capitale, Conakry, construite sur une presqu’île, est particulièrement vulnérable. L’urbanisation sauvage, la construction anarchique dans les lits des rivières et l’obstruction des canaux d’évacuation par les ordures sont les principaux coupables.

​Le quartier de Yattaya est un exemple poignant de la souffrance des populations face à ce phénomène. Des familles entières voient leurs habitations englouties par les eaux boueuses, leurs biens détruits et, dans les cas les plus tragiques, leurs proches emportés par les flots. Cette année comme les précédentes, des inondations meurtrières ont submergé plusieurs quartiers de Conakry, faisant plusieurs victimes et laissant des milliers de personnes sans abri, notamment à Sangoya, Kissosso et Enta. Les autorités, souvent dépassées par l’ampleur de la catastrophe, peinent à apporter une aide rapide et efficace. Les habitants, livrés à eux-mêmes, s’organisent tant bien que mal, créant des chaînes de solidarité pour évacuer les blessés et mettre les biens en sécurité. Mais le bilan humain et matériel est à chaque fois colossal.

​Le feu, ami ou ennemi ? La menace des incendies

​Les incendies, bien que moins médiatisés que les accidents ou les inondations, n’en sont pas moins dévastateurs. Souvent causés par des courts-circuits, des manipulations dangereuses de combustibles ou la surcharge des installations électriques, ils se propagent à une vitesse fulgurante, ravageant tout sur leur passage. Les marchés, lieux de forte concentration humaine et de marchandises, sont particulièrement vulnérables. On se souvient de l’incendie du marché de Madina, le principal centre de négoce du pays et l’un des plus grands d’Afrique de l’Ouest, qui a détruit en quelques heures des centaines de boutiques, ruinant des milliers de commerçants.

​Au-delà des pertes économiques, ces incendies causent des drames humains. Des familles perdent tout, leur maison, leurs biens, leurs économies, et dans le pire des cas, leurs enfants, pris au piège des flammes. Les pompiers, souvent mal équipés et confrontés à l’encombrement des rues et au manque d’eau, peinent à maîtriser les feux. 

Ces incendies sont le reflet d’une insécurité croissante, d’une précarité qui pousse les populations à vivre dans des conditions de plus en plus dangereuses, où le moindre incident peut avoir des conséquences fatales.

Les éboulements et glissements de terrain : une menace silencieuse

Il est crucial d’inclure un autre phénomène mortel qui frappe régulièrement la Guinée : les éboulements et les glissements de terrain. Souvent moins médiatisés que les accidents de la route ou les inondations, ces drames n’en sont pas moins dévastateurs, emportant des vies et des familles entières en un instant.

​L’on se rappelle, en 2015, la localité de Kolonkola, dans la préfecture de Boffa, a été le théâtre d’une tragédie où un éboulement a englouti plusieurs vies. Pas plus tard que mardi et mercredi dernier, un événement similaire a secoué le quartier Simbaya village dans la commune urbaine de Dubréka et Manéah, dans la préfecture de Coyah, où au moins dix sept corps ont été extraits des décombres, tandis que de nombreuses autres victimes restent introuvables. 

Ces glissements de terrain sont souvent le résultat d’une combinaison de facteurs : une topographie montagneuse, des sols instables, et la déforestation qui fragilise les terrains.

​En outre, ces drames se produisent fréquemment dans les zones minières, en particulier celles où l’extraction artisanale de l’or est pratiquée. Les mineurs, travaillant dans des conditions précaires et sans mesures de sécurité adéquates, sont exposés à un risque permanent d’éboulement. Ces accidents, souvent cachés, font de nombreuses victimes et mettent en lumière le manque de réglementation et de supervision dans ce secteur.

​Ces glissements de terrain et éboulements sont un autre visage de la vulnérabilité de la Guinée face aux défis du développement, une menace silencieuse qui coûte des vies et souligne l’urgence de mieux planifier l’occupation des sols et de réglementer les activités à risque.

Ces drames, qu’ils soient routiers, naturels ou accidentels, sont le reflet d’une société en pleine mutation, qui a du mal à faire face aux défis du développement. La prévention, l’éducation et l’investissement dans des infrastructures de qualité sont les seules solutions pour endiguer cette spirale de la mort. 

Il est impératif que les autorités et la société civile unissent leurs forces pour que la vie humaine ne soit plus une variable d’ajustement. La Guinée ne peut plus se permettre d’enterrer ses enfants, ses parents, ses amis, victimes de fléaux qui, avec un peu plus de rigueur et de conscience, pourraient être évités.

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