La politique française en Afrique Subsaharienne : l’œuvre d’un écrivain Tunisien qui se focalise sur la Guinée

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Khalifa Souayah, chercheur tunisien, docteur en histoire contemporaine de l’Afrique subsaharienne, a consacré ses recherches cette fois sur la politique française exercée sur le continent, notamment en République de Guinée.

Dans son œuvre intitulé » La politique Française en Afrique Subsaharienne Punir la Guinée « , l’auteur a expliqué comment cette manœuvre a pu déstabiliser le pays après son indépendance.

Lors d’un entretien accordé à notre rédaction ce vendredi 15 mars 2024, Khalifa Souayah, a dévoilé le contenu de son livre publié chez Harmattan Guinée. Son entretien a été réalisé par Hadja Kadé Barry.

Mosaiqueguinee.com : la politique française en Afrique Subsaharienne, punir la Guinée est une de vos œuvres qui ont été publiées. Dites-nous pourquoi vous avez choisi la Guinée ?

Khalifa Souayah : Mon livre publié en 2023 chez Harmattan s’applique sur la Guinée parce qu’elle regorge d’ambiguïtés. Un pays riche et exceptionnel mais pauvre, déstabilisé et déchiré sans être meurtri par une guerre civile. Un pays souverain qui possède sa monnaie. Un pays qui a suscité des espoirs et des drames. Un peuple guinéen qui a payé un lourd tribut pour avoir opté pour la liberté.

Est-ce-que vous pouvez nous parler un peu du contenu de ce livre qui raconte une partie de l’histoire de la Guinée ?

Mon livre se compose de trois parties. La première est consacrée à la singularité du mouvement national guinéen. Durant la période de décolonisation, la Guinée était le seul pays de l’Afrique de l’Ouest prêt à l’indépendance grâce à l’action du Parti Démocratique de Guinée et de Sékou Touré qui a été sanctionné et exclu par l’administration coloniale. Seul pays qui rejeta massivement la reconduction du pacte colonial, la Guinée subit les affres d’une guerre d’usure et d’un blocus économique et diplomatique. Aussitôt, après son indépendance arrachée, la Guinée fut mise en quarantaine. Deux leaders se sont acharnés à sanctionner et étouffer l’expérience guinéenne à savoir De Gaulle et Houphouët-Boigny. Le mot d’ordre était de punir la Guinée pour avoir osé la liberté et empêcher que la sécession guinéenne fasse tache d’huile.

La deuxième partie traite le socialisme guinéen, l’unité nationale, l’œuvre du PDG, la création de monnaie nationale et l’essoufflement du collectivisme. Le livre mentionne la Guinée comme pionnier en réforme sociale et traite la politique de bascule entre l’Est et l’Ouest adopté sous pression par Sékou Touré qui engendra des résultats décevants et une mainmise américaine. Ce livre évoque le rôle majeur de la Guinée dans la création de l’O.U.A. La Guinée s’engage aussi pour la libération des colonies africaines ainsi Conakry devint un centre révolutionnaire. Cela lui valut d’être considérée comme l’ennemi juré des puissances coloniales et un régime à abattre.

La troisième partie décèle la trajectoire de la Guinée prise entre deux feux, l’autoritarisme et une guerre d’usure qui engendre des complots en chaîne. En effet, l’indépendance de la Guinée a secrété des convoitises et a aiguisé les contradictions de la société guinéenne. La Côte d’Ivoire, le Sénégal, les services secrets occidentaux et l’élite politique n’ont pas lésiné sur leurs efforts pour abattre Sékou Touré et déstabiliser la Guinée, engendrant la métamorphose d’un nationaliste en un dictateur paranoïaque et d’un « État-pilote » en un pays exsangue.

Vous avez donc voulu lever un coin du voile sur cette politique française?

Selon mon livre, la France est un bloc de péché. La politique africaine de la France est génératrice de pillage, de sous-développement et d’instabilité. Tout en accordant une indépendance factice, en 1960, De Gaulle échafauda un système cynique de domination visant à faire de l’Afrique le principal instrument de la grandeur française. À travers des accords léonins, des gouverneurs dociles, la soumission monétaire, les bases militaires, la police, des menées subversives et des assassinats menés par les services secrets et la Mafia, la France a mis un système sans équivalent au monde qui a condamné les subsahariens à la pauvreté et qui constitue une affaire rentable pour l’hexagone. Un système odieux et criminel qui a défiguré le visage de la jeune nation guinéenne.

Entretien réalisé par Hadja Kadé Barry

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