Kankan: la mairie interdit les rassemblements, une décision diversement interprétée dans la cité

La mairie de Kankan a annoncé, dans un communiqué publié ce jeudi, l’interdiction formelle de tout rassemblement dans la commune urbaine. La mesure, prise sur instruction du ministre directeur de cabinet de la Présidence de la République, est entrée en vigueur le 10 septembre 2025 et restera appliquée jusqu’à nouvel ordre.

Le président de la délégation spéciale de Kankan, Arafamoussa Koulibaly, signataire du document, a prévenu que tout contrevenant s’expose à des sanctions sévères.

Des motivations encore floues

Si le communiqué met en avant la nécessité de préserver l’ordre public, les raisons réelles de cette interdiction alimentent de nombreuses spéculations à Kankan, bastion politique stratégique et foyer historique de mobilisations.

Certains estiment que la mesure viserait à empêcher une éventuelle mobilisation orchestrée par un ancien ministre du régime Alpha Condé. D’autres avancent que l’interdiction découlerait des difficultés rencontrées par les émissaires du CNRD à mobiliser la population lors de leurs récentes initiatives, les autorités craignant une comparaison défavorable avec d’autres forces politiques.

Enfin, des observateurs rapprochent cette décision des tensions autour de l’utilisation de l’image et du nom du président dans certaines campagnes locales, dénoncées par des voix critiques comme une instrumentalisation politique.

Une stratégie à double tranchant

Officiellement, il s’agit d’une mesure de sécurité. Mais pour une partie de l’opinion, elle traduit surtout un malaise politique grandissant, où la maîtrise de l’espace public devient un instrument de contrôle.

À court terme, l’interdiction pourrait apaiser les esprits en évitant toute démonstration de force. Mais à plus long terme, elle risque de nourrir frustrations et méfiances dans une population déjà fragilisée par un climat politique plus ou moins délétère.

La fermeté affichée par les autorités de Kankan suffira-t-elle à contenir les tensions, ou ne fera-t-elle qu’alimenter davantage les suspicions et les rancunes ?

Lire ci-dessous le communique de la Mairie :