Journée mondiale de la photographie : 3 voix guinéennes racontent l’évolution d’un métier, entre passion et défis

L’humanité célèbre le 19 août de chaque année la journée mondiale de la photographie. Une occasion de rendre hommage à celles et ceux qui, derrière leurs objectifs, immortalisent les instants de vie, racontent les réalités sociales et culturelles, et font rayonner les identités. En Guinée, la photographie a connu de profondes mutations, de l’ère argentique aux outils numériques et smartphones qui ont démocratisé la prise de vue. Trois photographes guinéens, interrogés par un de nos reporters, partagent leur expérience et leur regard sur l’évolution du métier.

La photographie est l’art et la technique de capturer une image en utilisant la lumière, généralement à travers un appareil photo.

De Conakry à l’intérieur du pays, la photographie guinéenne navigue entre héritage et modernité. Si les smartphones ont bouleversé le marché, les professionnels continuent de revendiquer une reconnaissance et une structuration du secteur. Mais une chose reste certaine : pour ces passionnés, la photographie demeure bien plus qu’un simple métier, c’est une manière de raconter la Guinée, image après image.

Photographe depuis plus de deux décennies, Souleymane Bangoura a grandi avec un rêve : devenir photographe international, notamment dans le monde du football. Pour lui, si la passion reste intacte, le métier souffre d’un manque de considération. « J’ai commencé dans les boîtes de nuit avec les pellicules, avant de m’intéresser aux photos d’action dans les stades. En 2002, j’ai couvert ma première CAN au Mali grâce à une accréditation de la CAF. Plus tard, j’ai construit mon propre studio avec l’argent gagné. Je suis aussi le premier à introduire la photographie numérique en Haute Guinée. La photographie est devenue de la pagaille en Guinée. Les vrais photographes ne sont pas valorisés. Depuis que j’ai commencé, je n’ai jamais vu un photographe décoré. Les petites opportunités restent concentrées à Conakry, et l’intérieur du pays est oublié. Les smartphones ont aussi dévalorisé notre travail », raconte-t-il.

Ancien journaliste à Espace FM, Ahmed Sékou Nabé s’est reconverti à la photographie par nécessité, mais aussi par passion. Il souligne l’évolution rapide du secteur.

Ahmed Sékou Nabé, ancien journaliste à la radio Espace FM

« En 2024, quand j’ai senti venir la fermeture de la radio, je me suis acheté un appareil et je suis allé me former en infographie et montage vidéo. Cela m’a permis de lancer San Communication. Aujourd’hui, je vis de ce métier qui était d’abord une passion. Avec l’arrivée du CNRD, il y a eu une volonté de professionnaliser la communication publique. Les images de qualité sont devenues indispensables, ce qui a donné une place nouvelle aux photographes. Aujourd’hui, la photo n’est plus un petit métier, mais un véritable moyen de subsistance… »

Journaliste et photographe, Lounceny Hawa Kaba voit dans la photo un prolongement de son métier de reporter. Pour lui, chaque cliché est une source d’inspiration journalistique.

Lounceny Hawa Kaba, journaliste photographe

« Pour moi, la photographie est une manière de donner un autre éclat à la nature, de rendre visible ce qui existe déjà. Elle est intimement liée au journalisme, car elle est aussi une forme de créativité et d’art. Dans les grandes rencontres internationales, les photographes sont parfois plus accrédités que les journalistes, à cause de leur instantanéité. Les prises m’inspirent comme sujet de reportage. La photographie est un genre journalistique à part entière, au même titre que l’interview ou l’éditorial ».

Si la photographie guinéenne a su traverser le temps et s’adapter aux mutations technologiques, elle reste encore en quête de reconnaissance et de soutien. Valoriser les photographes, c’est préserver la mémoire collective et donner à la Guinée une image à la hauteur de ses ambitions.

Abdoulaye N’koya SYLLA pour Guineematin.com

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