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La chicha ou le narguilé, une pipe à eau à vapeur aromatisée dont la consommation prend une dimension vertigineuse en République de Guinée.
Relevant désormais d’un problème de santé national, selon les recherches effectuées par l’institut itinérant de formation et de prévention intégré contre la drogue et autres conduites addictives (IIFPICDA), 1 élève sur 3 est fumeur entre 15 à 18 ans et pour ceux de 18 à 35 ans, la couche féminine enregistre 45% selon les statistiques dans la consommation de la chicha considérée comme une drogue pour ses vertus de dépendance. Dans un entretien accordé à notre rédaction, Dr Thierno Bah, médecin addictologue, expert sur la politique de drogue et directeur général de l’Institut itinérant de formation et de prévention intégrée contre la drogue et autres conduites addictives nous informe davantage sur ce fléau grandissant.
À travers lui, nous saurons comment cette pipe tradi-culturelle arabe est devenue une drogue, les risques et conséquences liées, les précautions et autres questions à ce sujet. Interview..
Mediaguinee: Qu’est-ce que la chicha ou le narguilé ?
Dr Thierno Bah : Retenez que la chicha, c’est une pipe à eau, dans un tuyau flexible. Quand vous voyez la structuration de la chicha, qui permet de lui donner un goût aromatisé à la vapeur. Historiquement, la chicha remonte au XVIe siècle. Perse, c’est l’actuel Iran et c’est un physicien, aussi médecin, qu’on appelle Abdul Fat Jilani, qui l’a créé pour une première fois. Il a réussi à faire passer une fumée de cigarette dans un réservoir à eau, afin de purifier l’eau, mais aussi à refroidir la fumée. Maintenant, en Afrique, c’était en 1866, en Égypte, que le mot chicha a eu le jour. C’est-à-dire que c’est l’arabe égyptien, «sisa», la transformation de «sisa» par les Espagnols, c’est devenu chicha, d’où l’origine du mot chicha. On a défini la chicha, il y a une pipe, il y a un réservoir d’eau, il y a des arômes.
La chicha est actuellement chez nous. Cette chicha, dont l’historique pers (actuel Iran) et de l’Égypte, est culturelle aux pays arabes.
Mediaguinee : Peut-on classer la chicha dans la catégorie des drogues?
Dr Thierno Bah : Mais la chicha qui est consommée chez nous, en Guinée, est une drogue. Parce qu’à la place de ce liquide bouillant, on le remplace par de l’alcool. À la place de l’arôme, on met des stupéfiants tels que le cannabis. Donc, c’est devenu un problème important de santé publique. D’après l’OMS, une séance de chicha correspond à la consommation de 20 à 30 cigarettes. Cela veut dire qu’une bouffée de chicha , seulement, contient des substances toxiques, irritantes et cancérigènes. Pour la raison, la chicha est un problème de santé publique majeur dans notre pays.
Mediaguinee : A quoi s’exposent les consommateurs ?
Dr Thierno Bah : Les consommateurs de la drogue et de la chicha s’exposent, comme la cigarette, à des cancers. C’est-à-dire les cancers ORL, cancers auto-rhino-laryngologiques. Pour être très simple, c’est le cancer de la gorge, de la bouche, de la langue, et le cancer pulmonaire. Pour fumer la chicha, ça peut prendre une heure de temps mais la cigarette, une seule mèche de cigarette, on peut la fumer entre 5 à 8 minutes par contre une seule séance de chicha, c’est un paquet de cigarettes de plus. La seule bouffée de chicha contient des substances toxiques, irritantes et cancérigènes. C’est la raison qu’on dit que la chicha est le parrain de beaucoup de cancers et aujourd’hui, la chicha est un problème de santé publique majeur.
Mediaguinee : Pourquoi considère-t-on la chicha de nos jours comme un problème de santé majeur ?
Dr Thierno Bah : Parce que c’est les jeunes qui ont l’âge de 15 à 18 ans et de 18 à 35 ans qui en consomment, donc ça veut dire que c’est l’avenir de la nation qui consomme aujourd’hui cette substance. Maintenant, on ne peut pas parler de la prévalence de la consommation de la chicha. Donc la chicha est une drogue parce que la définition d’une drogue, c’est toute substance psychoactive qui modifie le fonctionnement de l’organisme, c’est-à-dire que c’est une substance qui agit sur le système nerveux central, qui modifie le fonctionnement de l’organisme par la perception, par la motricité. Donc, si vous consommez une substance qui vous crée des problèmes de santé, c’est une drogue.
Mediaguinee : Est-ce qu’on peut dire que c’est un problème à dimension nationale qui enfreint le développement?
Dr Thierno Bah : Oui, aujourd’hui, c’est un problème social, de santé publique, qu’on va dire. Pourquoi social ? Aujourd’hui, vous savez qu’on consomme la chicha à ciel ouvert, partout. Dans les concessions, dans les carrefours, il y a des chicha-lounge un peu partout, même à proximité des écoles, des universités et des centres de loisirs. La raison, c’est un problème social.
Un problème de santé publique, parce que ça donne d’autres pathologies chroniques et ça donne une dépendance. Vous savez, dans la chicha, il y a les arômes, mais aussi, comme c’est du tabac, il y a la nicotine dedans et la nicotine rend la dépendance. À chaque fois, vous avez envie et si vous avez envie, vous êtes obligé de vous exposer à certaines pratiques. Par exemple, sur les jeunes filles, on parle de la prévalence de la consommation de la chicha sur les jeunes filles aujourd’hui, âgées de 18 à 35 ans, est de 45 %. Donc, c’est un problème majeur dans notre pays. Les mamans de demain, si elles sont exposées à des pathologies chroniques.
Un autre aspect, les jeunes aujourd’hui qui fument la chicha, qui ont l’âge de 15 à 18 ans, respectivement, la vision Simandou 2040, auront respectivement 32 et 35 ans. C’est pourquoi il faut une attention particulière.
Mediaguinee : Après des recherches, est-ce que vous avez des statistiques ou une vue sur les consommateurs de cette drogue dans le pays ?
Dr Thierno Bah : Selon les études nationales sur la consommation de substances psychoactives sur les élèves des écoles secondaires en République de Guinée, la tranche d’âge de 15 à 18 ans qui est l’avenir de demain.
En 2040, les jeunes qui ont 15 à 18 ans aujourd’hui ,en auront respectivement 30 ou 35 ans, 33 000 emplois ont été annoncés sur le corridor. Donc, il faut les préparer dès maintenant, il faut être dans ce dispositif, il faut mener beaucoup de campagnes de sensibilisation. Donc, sur le plan statistique, un jeune âgé de 15 à 18 ans sur 3 est consommateur de chicha. C’est un problème majeur. Soit 37 % de garçons et 27 % de filles qui ont consommé la chicha au cours des 12 derniers mois, c’est-à-dire du 1er janvier 2023 au 31 décembre 2023. C’est les statistiques que nous avons.
Mediaguinee : Quelles sont les prévalences à l’intérieur du pays, dans les 33 préfectures ?
Dr Thierno Bah : Nous avons enquêté dans 197 établissements publics et privés sur toute l’étendue du territoire national, dans les 8 régions, nous avons enquêté sur 4 235 élèves âgés de 15 à 18 ans sur toute l’étendue du territoire national avec 70 enquêteurs et la prévalence de la consommation des drogues qui sont consommées…
Réalisée par Marie Mayi Cissé
L’article INTERVIEW- «Une séance de chicha correspond à la consommation de 20 à 30 cigarettes » (Dr Thierno Bah, DG Institut itinérant) est apparu en premier sur Mediaguinee.com.