Interview- Lamine Kourouma, expert en Énergie : « Souapiti-Kaléta se portent très bien. Le problème principal est au niveau…”

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La rareté du courant électrique à Conakry et dans les villes environnantes est devenue inquiètante, provocant des manifestations violentes par endroits. Dans cet entretien qu’a bien voulu nous accorder le Doctorant Kourouma Mohamed Lamine, consultant dans le domaine énergétique et enseignant chercheur à l’université Gamal Abdel Nasser de Conakry, département génie électrique, il donne des explications techniques liées aux coupures intempestives du courant. Lisez !

Mediaguinee : Peut-on avoir de vous des explications techniques liées aux coupures intempestibles du courant à Conakry et villes environnantes ?

Mohamed Lamine Kourouma : Pour rappel, nous avons 1350MW installés pour une demande à la pointe d’environ sur le réseau interconnecté de 700MW. Pour alimenter une ville en énergie électrique, il y a trois segments qu’il faut respecter à savoir : La production; Le transport; La distribution. Tous ces trois segments doivent partir ensemble pour avoir une qualité de production de l’énergie électrique. La cause principale est la surcharge des postes sources due à l’augmentation exponentielle de la demande qui est passée de près de 1700GWh en 2017 à près de 3700GWh en 2023 (96.20% d’augmentation en 6 ans) sur le réseau interconnecte (RIC) ainsi que la précarité du réseau(RIC) dont la ligne de transport 225KV est aussi limitée à 315MW. Alors que la demande à la pointe est d’environ de 700MW. Ce qui contraint la compagnie EDG à procéder à des délestages pour le grand Conakry .

Les responsables d’EDG parlent d’étiage pour justifier la rareté du courant. Qu’en dites-vous ?

Pour moi, ils ne parlent pas la raison principale pour pouvoir cacher leurs mauvaises gestions des projets liés aux transports et la distribution de l’énergie électrique qui était un des axes prioritaires du plan stratégique qui devrait être réaliser en 2022.

Le pays dispose pourtant des barrages hydroélectriques dont Kaléta et Souapiti qui étaient censés résoudre l’insuffisance du courant. Avez-vous une explication à ce niveau ?

Parlant de nos barrages, souapiti-kaleta se portent très bien, ils donnent 80% de la production sur le réseau interconnecté (RIC). Toutes les infrastructures hydroélectriques ont des périodes critiques (d’étiage) qui sont prises compte depuis les études faisabilités. Mais aujourd’hui, les turbines de souapiti-kaleta continuent à turbiner l’eau sans arrêt. Le problème principal est au niveau du transport et à la distribution.

En tant qu’expert du domaine, quelles solutions préconisez-vous pour que le pays soit doté en courant de manière continuelle ?

Pour avoir la stabilité dans la production, le transport et la distribution de l’énergie électrique en Guinée il faut : La diversification des sources énergies; Le développement des centrales photovoltaïque dont le potentiel est estimé à 4,8kwh/m2 /jour, en Haute Guinée et une partie du Fouta (inexploité); Le développement d’un gisement éolien dont la moyenne annuelle de la vitesse moyenne du vent varie entre 2 et 4m/s, (inexploité); La réalisation des centrales à gaz et biomasse; Le développement du potentiel hydro-électrique estimé à plus de 6000MW (exploité à 17 %). Avec cette diversification des sources, il y aura obligatoirement la stabilité dans la production de l’énergie. La construction de postes sources et la réhabilitation des réseaux de distribution permettront le transport et la distribution facile de l’énergie produite ; Le renforcement de l’interconnexion et entre les sources d’énergies nationale d’une part et sous régionale d’autres parts. La sécurisation des recettes en posant des compteurs pour chaque client; Casser le monopole dans la commercialisation de l’énergie comme la production; Faire un audit indépendant sur la gestion économique, financière technique et humaine de la société d’électricité de Guinée qui est gangrenée par la corruption et le népotisme. Ces differents points apporteront des solutions concrètes dans la production, le transport et la distribution correcte et continue de l’énergie en Guinée.

On annonce l’arrivée d’un bateau truc pour fournir du courant. Etes-vous partant pour une telle solution ?

Je suis l’un des rares experts qui était contre le départ de ce bateau vue le rôle primordial qui jouait dans le système electroenergetique guinéen avec la ligne 60 KV de Matoto-libraport qui est utilisé comme le retour du courant est aujourd’hui très limitée, l’absence des postes sources à Matam, Dixinn et l’alimentation en carburant des centrales thermiques contraint l’EDG à faire le délestage. L’arrivée de ce bateau, c’est de rapprocher les consommateurs à leurs sources de production et c’est l’une des meilleures options expérimentées dans la sous-région ouest-africaine par le leader la Côte d’Ivoire.

Certains quartiers de Conakry étaient récemment en ébullition pour dénoncer le manque de courant. Quel est le message particulier que vous pouvez leur adresser ?

Ce que je peux donner comme conseil à la jeunesse, c’est bien s’abstenir a des manifestations sauvages pour éviter que le pays bascule dans l’insécurité. Les autorités à tous les niveaux sont conscients de la situation actuelle. Aux responsables de la société d’Electricité de Guinée, c’est de prendre leur responsabilité de faire un planning de la maintenance préventive de tous les équipements.

Propos recueillis par Youssouf Keita 

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