Infrastructures trop chères en Afrique francophone : un expert ivoirien pointe le manque d’ouverture et la corruption

il y a 7 heures 45
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La table ronde sur les hydrocarbures s’est poursuivie ce 19 juin 2025 à Conakry, avec des échanges francs entre experts et responsables du secteur. Parmi les intervenants marquants, Metch MEL, assistant technique à la Direction Aval Pétrole de la Direction générale des Hydrocarbures de Côte d’Ivoire. Il a fait une analyse fracassante sur les raisons du coût élevé des infrastructures dans les pays francophones d’Afrique.

Prenant la parole devant un public composé d’experts, de décideurs publics et d’acteurs du secteur privé, l’intervenant ivoirien a d’abord dressé un constat sans détour : les infrastructures en Afrique francophone sont «beaucoup trop chères». Une situation qu’il attribue à deux facteurs majeurs : la barrière linguistique et la dépendance excessive aux intermédiaires.

 « Vous ne parlez que le français. En dehors de votre langue locale, vous ne parlez que le français. Donc, très souvent, quand vous voulez investir, vous ne voyez qu’une seule direction », a-t-il déclaré, dénonçant le manque de diversité dans les partenariats et les recherches de solutions alternatives.

Metch MEL invite les États francophones à explorer d’autres marchés, comme la Turquie ou la Chine, où les coûts de construction pourraient être réduits de 40 à 70 %. Selon lui, la tendance actuelle à faire appel à une cascade d’intermédiaires engendre une chaîne inefficace et coûteuse, qui finit souvent par aboutir à des sociétés chinoises, sans que les États africains aient directement négocié avec elles.

« Pourquoi ne pas aller soi-même en Chine pour négocier un contrat ? Pourquoi laisser quatre ou cinq intermédiaires profiter sur notre dos ? », a-t-il questionné.

Au-delà de la barrière linguistique et des circuits de sous-traitance complexes, la corruption constitue, selon l’expert ivoirien, un frein majeur au développement des infrastructures à moindre coût.

« Nous sommes des corrompus. Les faux frais, les pots-de-vin, les détournements : tout cela alourdit considérablement le coût des projets », a-t-il asséné.

Comparant la situation à d’autres pays d’Afrique ou d’Asie, Metch MEL a souligné que la maîtrise de plusieurs langues et la transparence dans les procédures d’appels d’offres permettent à ces pays de réduire considérablement leurs coûts de construction.

« Les pays qui ont su juguler la corruption ont trouvé la solution. Pourquoi pas nous ? », a-t-il lancé, évoquant notamment le cas de son propre pays, la Côte d’Ivoire, où certaines infrastructures ont été réalisées à des prix qu’il juge « exorbitants », alors que des solutions moins coûteuses existaient.

Match MEL a insisté sur la nécessité pour les pays d’Afrique francophone de faire leur introspection et de réformer leurs méthodes d’acquisition d’infrastructures, en misant sur la diversification des partenariats, la transparence, et l’ouverture linguistique et commerciale.

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