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La Guinée possède une richesse naturelle remarquable – forêts, rivières et minéraux – qui a toujours soutenu notre économie. Mais aujourd’hui, la prospérité ne peut plus se mesurer uniquement par l’extraction des ressources. La manière dont nous gérons ces richesses déterminera non seulement notre prospérité à court terme, mais aussi notre résilience à long terme dans un monde en mutation. Partout dans le monde, les gouvernements et les entreprises prennent conscience que la sécurité économique à long terme repose sur la protection des écosystèmes, et non sur leur destruction. Pour la Guinée, il ne s’agit pas de choisir entre développement et durabilité, mais de s’assurer que les investissements d’aujourd’hui ne se fassent pas au détriment des générations futures.
Les engagements mondiaux en faveur du développement durable ouvrent de nouvelles opportunités pour des pays comme la Guinée, qui peuvent désormais accéder à des financements et à des investissements alignés sur leurs priorités économiques et environnementales. Lors de la COP29 de l’an dernier et des récentes négociations de la COP16 à Rome, des dizaines de nations se sont engagées à éliminer progressivement les combustibles fossiles et à accroître le financement de la biodiversité pour protéger les écosystèmes vitaux. Il ne s’agit pas simplement d’un jalon diplomatique, mais d’une preuve que la préservation de notre planète est dans l’intérêt de tous.
Lors de la COP16, les nations ont pris l’engagement de mobiliser 200 milliards de dollars américains par an d’ici 2030 pour protéger la biodiversité et soutenir les efforts de conservation à l’échelle mondiale. Une partie importante de ces fonds est destinée aux pays en développement, avec pour objectif de lever 20 milliards de dollars par an d’ici 2025, puis 30 milliards d’ici 2030. Une partie de ces ressources, si elles sont sécurisées, sera canalisée à travers le tout nouveau Fonds de Cali, qui exige que les industries bénéficiant de la biodiversité contribuent à hauteur d’un pour cent de leurs profits aux efforts de conservation. La Guinée pourrait tirer parti de ce fonds et d’autres mécanismes de financement internationaux, offrant ainsi une opportunité d’intégrer la durabilité au cœur de son modèle économique.
Ces opportunités financières apparaissent dans un contexte de défis environnementaux croissants pour notre pays. La hausse des températures, l’irrégularité des précipitations et la vulnérabilité croissante de nos communautés rurales et côtières rendent plus pressante que jamais la nécessité de concilier priorités environnementales et économiques. Nos forêts et cours d’eau qui soutiennent à la fois notre population et notre biodiversité – y compris le chimpanzé d’Afrique de l’Ouest, une espèce en danger critique d’extinction – sont de plus en plus menacées. Parallèlement, nos ressources minières, essentielles aux marchés locaux et nationaux, sont au cœur du développement économique. Des projets d’envergure, comme le complexe de minerai de fer de Simandou et plusieurs raffineries d’alumine en projet, offrent un immense potentiel, mais comportent également des risques environnementaux considérables.
Cette situation crée naturellement une tension entre préoccupations environnementales et développement économique, particulièrement visible dans le secteur énergétique. Les raffineries d’alumine, cruciales pour notre industrie de la bauxite, nécessitent d’importantes quantités d’énergie. Une centrale à charbon est ainsi prévue à Boffa, construite par un consortium d’entreprises chinoises, dont la State Power Investment Corporation. Un tel projet aurait une empreinte carbone significative. De même, le gouvernement a récemment autorisé la construction d’une raffinerie d’alumine à Boké par Alteo Refineries Guinea, qui fonctionnera au gaz naturel – une alternative moins polluante que le charbon, mais qui reste une source d’énergie fossile.
Cependant, des avancées positives méritent d’être soulignées. En juin 2022, après que la Chine s’est engagée à cesser de financer de nouvelles centrales à charbon à l’étranger, une coalition d’organisations de la société civile a exhorté le gouvernement guinéen à aligner ses projets industriels sur cet engagement, en demandant la réévaluation des autorisations accordées aux centrales à charbon. L’année suivante, la Société Minière de Boké a abandonné ses plans pour une centrale à charbon, tandis qu’une autre entreprise minière chinoise, TBAE Ltd., a opté pour un projet hydroélectrique plutôt que thermique.
En tant que principal partenaire économique de la Guinée, l’évolution de la position de la Chine sur les énergies fossiles représente une opportunité majeure. Son engagement croissant en faveur de la protection de la biodiversité et de l’adaptation au changement climatique incarne une vision prometteuse d’un développement plus responsable. Transformer ces engagements en actions concrètes, notamment dans des projets comme Simandou, bénéficierait non seulement à la Guinée, mais renforcerait aussi la réputation internationale de la Chine en tant que leader du développement durable.
Lors des négociations sur la biodiversité à Cali en octobre dernier, des préoccupations ont été soulevées concernant les risques que posent des projets industriels non durables pour les écosystèmes de la Guinée. Des preuves de ces risques ont été présentées directement aux parties prenantes importantes afin de souligner la nécessité d’adopter des approches d’investissement qui s’alignent sur les engagements environnementaux mondiaux. Parmi les personnes engagées dans ces discussions figuraient le ministre chinois de l’Écologie et de l’Environnement Huang Runqiu et le directeur adjoint Liu Ning, qui ont eu l’occasion d’examiner les informations scientifiques recueillies par l’Union internationale pour la conservation de la nature. Ces conversations ont souligné un point essentiel: les engagements internationaux prennent leur valeur lorsqu’ils se traduisent par des changements concrets sur le terrain. La Guinée n’est pas simplement un lieu d’investissement; sa population doit participer aux décisions qui façonnent son territoire et son économie.
Les enjeux sont considérables. Notre pays est déjà en première ligne du changement climatique, avec des températures en hausse et des précipitations de plus en plus imprévisibles qui menacent l’agriculture, l’approvisionnement en eau et les communautés côtières. Un développement qui ne tiendrait pas compte des équilibres écologiques risquerait d’aggraver ces vulnérabilités. En explorant les énergies renouvelables, en préservant notre biodiversité et en veillant à ce que les projets de développement bénéficient aux communautés locales, la Guinée peut construire un avenir à la fois prospère et durable.
Mais la Guinée doit agir maintenant – non seulement en adoptant elle-même des pratiques durables, mais aussi en veillant à ce que ses partenaires internationaux respectent leurs engagements. En insistant pour que les projets de développement s’alignent sur les objectifs mondiaux en matière de climat et de biodiversité, la Guinée peut garantir des investissements qui servent à la fois son économie et son environnement.
Comme l’a déclaré le président chinois Xi Jinping : « La Chine et l’Afrique ont toujours formé une communauté de destin. Nous sommes de bons amis, de bons partenaires et de bons frères. » Dans cet esprit, les partenariats que nous construisons doivent transformer l’ambition en action. L’avenir de la Guinée sera façonné par les choix que nous faisons aujourd’hui. Assurons-nous qu’ils soient les bons.
ACTION MINES GUINEE (AMINES)
Centre pour la responsabilité environnementale transnationale (CTEA)
L’article Guinée : richesses naturelles, défis Environnementaux – l’heure des choix décisifs est apparu en premier sur Guinee360 - Actualité en Guinée, Politique, Économie, Sport.