Gnouma Jérôme Kadouno, génie guinéen, redéfinit la théorie des nombres : ‘’mon ambition est de faire briller la Guinée en mathématiques’’

il y a 6 heures 46
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INTERVIEW-Il est jeune, brillant, et commence déjà à se faire remarquer au-delà des frontières guinéennes. Gnouma Jérôme Kadouno, mathématicien guinéen installé aux États-Unis, trace un chemin singulier où se rencontrent passion, rigueur et innovation. À travers ses recherches pointues sur les théorèmes de divisibilité et la primalité, il ambitionne d’inscrire la Guinée parmi les nations productrices de savoir mathématique. Dans cet entretien, il revient sur son parcours, ses découvertes, l’impact des mathématiques sur le développement, et la place stratégique qu’elles devraient occuper dans l’avenir de son pays natal, notamment face à des projets structurants comme Simandou 2040. Lisez!

Mediaguinee.com : Qui êtes-vous, et pouvez-vous nous parler de votre parcours académique ainsi que des principales étapes de votre vie professionnelle jusqu’à ce jour ?

Gnouma Jérôme Kadouno : Je suis Guinéen résidant aux États-Unis, fils de Tamba Abel Kadouno (ingénieur électrotechnicien, ex-Directeur Communal de l’électricité de Guinée, SOGEL ) et de Sia Fanta Koundouno (commerçante ). Je suis né dans le quartier Wanindara Enco5  dans Conakry en République de Guinée, dans une famille de 9 enfants dont je suis le huitième.
J’ai un parcours académique guinéen jusqu’en licence 2 à l’Université Gamal Abdel Nasser de Conakry, au département Génie Civil. J’ai été deux fois lauréat au baccalauréat en série mathématiques (Bac-2016, 32ème de la République avec mention Très Bien et Bac-2017, 19ème de la République avec la même mention).
Très malheureusement, je n’ai pas pu rejoindre le Maroc en 2016 pour le choix d’institut professionnel qui nous a été soumis par le service national des bourses extérieures, pour les bacheliers dont les rangs étaient entre 30 à 57 en sciences mathématiques.
Cela me donna la motivation de reprendre le Baccalauréat en 2017. Pour cette 2ème tentative, bien que choisi pour le Maroc à Meknes, nous fûmes à la dernière minute retirés par le SNABE, sous motif de reprise d’examen, ce que j’ignorais pleinement dans son contexte juridique. J’ai donc par la loterie américaine, rejoint les États-Unis d’Amérique en septembre 2019.
Depuis lors je vis à Phoenix dans l’Arizona, où j’ai obtenu mon diplôme au programme d’ingénierie électromécanique à RSI avec la mention « Excellent ». Je sers le groupe manufacturier Watlow en tant que Contractuel en Électricité Thermique au sein des Géants de la technologie mondiale Intel et TSMC, qui sont les fonderies spécialisées en fabrication des processeurs, des cartes mères pour les ordinateurs, les téléphones mobiles et bien plus de domaines comme les IA et Consorts.
Comment votre passion pour les Mathématiques est-elle née ?
Ma passion pour les mathématiques vient des excellents professeurs que j’ai côtoyés en Guinée, comme Monsieur Elie Ninamou, et Ousmane Siaka Keita ( Monsieur Thompson). Monsieur Elie m’a donné la craie pour enseigner très tôt depuis la 11ème et Monsieur Thompson a fabriqué le mathématicien que je suis en théorie des nombres. J’ai été encadré par des professeurs très exigeants comme Monsieur Gabar ( Professeur de Chimie ), Fort-Fort ( Professeur de Chimie ), Monsieur Alhassane Camara R2R ( Ex-Professeur de Physique ), Monsieur Lancinè Hawa Doumbouya ( Professeur de Littérature, présentement Directeur Adjoint à la primature de Guinée). Tous m’ont élevé avec rigueur et bienveillance. Pour anecdote, ils m’interdisaient carrément d’avoir une moyenne inférieure à 16/20. Comme pour dire, je suis le produit des personnes bienveillantes.
Vous vous êtes récemment illustré dans la formulation de nouveaux théorèmes mathématiques. Pourriez-vous nous en dire davantage sur ce qui vous a motivé à explorer ce champ spécifique de la recherche mathématique ?
Mes travaux sont nés de l’ambition que j’ai entretenue en 2018, étant jeune enseignant au Groupe Scolaire Privé Gangan Kaniya de Sangoyah. Mon ambition était de mettre mon pays parmi les contributeurs en mathématiques. Le pays a des génies techniques en mathématiques mais il fallait poser nos propres formules, théorèmes et conjectures en mathématiques.
Mes travaux couvrent la question de la généralité sur les critères de divisibilité, ce qui m’a permis de généraliser les critères de divisibilité en 2021 et de faire asseoir une conjecture sur les nombres impairs.
À travers mon premier travail, j’ai non seulement intégré une notion sur les quotients communs, réussi à ouvrir les liaisons cachées entre les nombres dans leur factorisation, simplifié les tables de multiplication, et hybridé la factorisation de Fermat.
Et mon deuxième article, publié à la revue scientifique Advanced in Pure Mathematics, répond à une question de 100 ans, sur les faux positifs de Carmichael, dans les tests de Primalité. J’ai pu construire à travers ma vision personnelle, un nouveau test de Primalité déterministe. Cela ouvre une nouvelle voie à renforcer la sécurité en cryptographie et informatique. Ce test de Primalité fait échouer tous les nombres de Carmichael, le rendant plus sûr que les tests probabilistes connus comme le Test de Fermat ou de Miller-Rabin.
Et quant à ma motivation, elle était d’apporter une solution plus radicale à la question de Carmichael allant d’un cadre pédagogique à la recherche avancée en cryptographie et informatique.
En votre qualité de jeune chercheur, quelle contribution spécifique souhaitez-vous apporter à travers vos recherches ?
Ma contribution elle est éducative et technologique. Déjà pour rendre plus accessible mes travaux, je les ai implémenté en machine scientifique. Cela permettra à ceux qui s’appliquent en Arithmétique d’avoir des réponses plus rapides en se dépassant des machines conventionnelles qui sont plus généralistes dans les ensembles de calculs.
La machine est déjà en ligne sur Playstore ( Kadouno Smart Calculator ) et mes ingénieurs et moi, travaillons pour la rendre plus esthétique en ce moment.
Mais au-delà, l’ambition est de créer un logiciel de calcul qui pourra intégrer le besoin des systèmes informatiques.
Quelles sont les particularités de votre approche ou les domaines mathématiques dans lesquels vous aspirez à innover ?
La particularité de mon approche reste dans son originalité. Je n’ai pas suivi une ligne de conduite habituelle, j’ai travaillé et créé mes propres concepts de calcul pour trouver des formulations nouvelles.
À la lumière de votre parcours en Guinée et à l’international, quelle place accordez-vous aux mathématiques dans le développement des pays émergents ?
 Cette question est d’une importance capitale. D’ailleurs je dis dans ma note de l’article 2, ceci : «  La nouveauté apporte une nouvelle danse à l’art d’une science comme les mathématiques. L’histoire a prouvé, par la noble mission des mathématiques, que : toute société qui a peu d’intérêt pour les mathématiques imitera les technologies, mais ne sera jamais maître de celles-ci.
On ajoute à la valeur des nombres son ombre ignorée dans le temps.
Même avec les mêmes signes conventionnels, l’interprétation d’une vérité mathématique lui donne une nouvelle dimension, un pas de plus vers la structure invisible qui soutient le monde. » Gnouma Jérôme Kadouno, dans « Analysis of Multiplication Tables by Sum, Difference and Product: A New Approach to Primality », Advanced in pure Mathematics. https://doi.org/10.4236/apm.2025.158025
L’honnêteté intellectuelle voudrait que je réitère, que le monde est soutenu par le savoir mathématique. Ces implications sont visibles dans toutes les sciences. Il n’y a pas d’informatique ni de sécurité informatique sans les mathématiques. Tout programme informatique découle du langage mathématique.
En quoi cette discipline peut-elle jouer un rôle stratégique pour des nations comme la Guinée, notamment son développement économique, social et éducatif plus durable?
Cette discipline peut être considérée comme le moteur de toute maîtrise des sciences dures et pures. Plus on s’y donne, plus on ouvre la voie vers la technologie, l’autonomie dans l’ingénierie globale.
Aujourd’hui, on ne peut pas se passer des ouvrages de génie civil, du numérique, des technologies modernes, de l’électricité et bien plus encore en économie, sans la maîtrise des sciences mathématiques.
Son rôle n’est pas que théorique, c’est encore plus pratique et exploitable.
Comment évaluez-vous les récentes initiatives du ministère guinéen de l’Enseignement Supérieur, notamment la création des écoles préparatoires d’excellence et au projet de construction d’un Institut ouest-africain des mathématiques à l’université Gamal Abdel Nasser ?
La création des écoles préparatoires d’excellence et le projet d’Institut ouest-africain des mathématiques sont des pas majeurs. Mais leur succès dépendra de la qualité des programmes, de la formation des enseignants et de la capacité à relier la recherche académique à l’industrie.
J’insiste sur le fait que la philosophie devrait avoir une place centrale dans le système éducatif africain en général et celui guinéen en particulier. L’épistémologie est une science inventive. Il faut que nos chercheurs, nos ingénieurs, nos étudiants s’intéressent à l’épistémologie. Il faut douter pour découvrir le faux dans ce qui paraît vrai. L’art du doute est le chemin vers la connaissance.
Selon vous, quelle devrait être la place des mathématiques dans une Guinée riche en ressources naturelles, mais confrontée à des défis structurels ?
La mathématique a quelque chose de particulier. C’est surtout l’ordre, la mesure et le plan. Une crise structurelle souffre soit de l’ordre, de la mesure ou du plan.
Donc cela dit que, la méthodologie mathématique, est un art vers l’équilibre de l’esprit. Plus on s’y donne, plus on devient exigeant vis-à-vis de soi en toute circonstance.
Pour l’éducation, c’est d’abord la première des choses, qui définit l’avenir d’une nation.
Que chaque science soit exploitée à limite de son intérêt pratique.
Dans cette optique, que faudrait-il concrètement pour que les ressources naturelles du pays, notamment à travers le projet Simandou, bénéficient pleinement aux populations ?
Il faut investir dans la transformation locale, développer les compétences techniques et scientifiques nationales, et instaurer des partenariats où la valeur ajoutée reste majoritairement en Guinée. Cela passe par l’éducation, la transparence et une gouvernance basée sur des données fiables.
Pour finir, quel message adresseriez-vous aux jeunes élèves guinéens qui relèguent souvent les mathématiques au second plan ?
Les mathématiques ne sont pas un obstacle, mais une clé. Elles ouvrent les portes de toutes les disciplines : ingénierie, médecine, économie, informatique… Les éviter, c’est se priver d’un langage universel qui façonne le monde. J’encourage chaque jeune, étudiant ou chercheur ou même amateur des mathématiques, à les voir comme un pouvoir, et jamais comme une contrainte.
Pour terminer, je suis également auteur d’un essai philosophique publié aux Éditions Yuigui en République de Guinée.
Le titre est « Mariage : au cœur de la tribulation conjugale ». Mon intérêt scientifique ne se limite pas qu’aux mathématiques. Je suis très intéressé par tout ce qui relève du Droit et de la philosophie sociale.
Merci à vous pour cet entretien.
Interview téléphonique réalisée par Sâa Robert Koundouno 

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