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Le mois de décembre 2025 restera comme l’un des plus douloureux de l’histoire récente du journal L’Observateur et, au-delà, de toute la presse guinéenne. En l’espace d’une semaine, deux figures majeures du journalisme, deux consciences professionnelles, deux voix respectées se sont éteintes, plongeant la rédaction, leurs confrères et le public dans une profonde affliction.
Le 16 décembre 2025, El-Béchir Diallo rendait l’âme à Dakar, sa terre natale mais fidèle jusqu’au bout à l’idéal qui avait guidé toute sa vie, servir l’information, défendre la vérité et contribuer à l’édification d’une presse libre et responsable. Il a été inhumé dans la capitale sénégalaise, à proximité de la mythique école William Ponty, haut lieu de formation des élites africaines et symbole fort du destin d’un homme de savoir, d’engagement et de rigueur intellectuelle.
Elbechir DialloUne semaine plus tard, le 23 décembre 2025, c’est Mohamed Sylla, connu et respecté sous le nom de Solo, qui nous quittait à Kankan, dans la Haute-Guinée. Il s’est éteint loin de sa famille biologique, mais entouré de l’affection et de la sollicitude de son ami intime Aladji Touré, fondateur de la Radio Kankan, lui-même figure emblématique de la presse guinéenne et de l’information de proximité. Avec l’accord de la famille du défunt, les dispositions nécessaires ont été prises dans un esprit de dignité et de respect, illustrant la fraternité profonde qui unit les hommes de médias engagés.
El-Béchir Diallo et Mohamed Sylla avaient en commun bien plus que leur appartenance à la grande famille de L’Observateur. Tous deux partageaient une même vision du journalisme, celle d’un métier exigeant, parfois ingrat, mais fondamental pour la démocratie, la justice sociale et la conscience citoyenne. Ils ont surtout fait un choix rare et courageux, celui de renoncer à une vie plus confortable à l’étranger pour revenir servir leur pays.
Solo avait tourné le dos à une trajectoire prometteuse du côté de Cuba, tandis qu’El-Béchir Diallo avait quitté Bruxelles pour répondre à l’appel de la Guinée. Ce retour n’était ni un repli ni un renoncement, mais un acte militant, presque un sacrifice, au nom d’un idéal supérieur, bâtir une presse guinéenne libre, crédible et indépendante. Ce combat, ils l’ont mené sans tapage, sans posture, mais avec une rigueur morale et un professionnalisme constant. Jamais soumis, jamais complaisants, ils ont su garder la juste distance entre l’engagement citoyen et l’éthique journalistique.
Leurs parcours professionnels présentent un autre point commun majeur. Tous deux ont commencé par la presse écrite, cette école de rigueur où chaque mot compte et où chaque phrase engage la responsabilité de son auteur. C’est là qu’ils ont forgé leur style, leur esprit critique et leur sens aigu de l’analyse. Avec le temps, ils ont naturellement évolué vers l’audio, conscients de la puissance de la radio dans un pays où l’oralité demeure centrale et où les ondes constituent un lien vital entre l’information et les populations.
El-Béchir Diallo s’est illustré à Nzérékoré à travers N’zaly FM, où il a contribué à professionnaliser l’information locale et à donner la parole aux communautés souvent marginalisées. Mohamed Sylla, pour sa part, a profondément marqué la ville de Kankan grâce à la Radio Kankan, devenue sous son impulsion un véritable espace de débat public, d’éducation citoyenne et de cohésion sociale. Par leurs voix et leurs plumes, ils ont su informer, éclairer, dénoncer les injustices, mais aussi expliquer, rassurer et rassembler.
Chacun avait sa touche particulière. El-Béchir Diallo était reconnu pour sa profondeur d’analyse, sa sobriété et sa constance. Il incarnait le journaliste pédagogue, soucieux de contextualiser l’information et de l’inscrire dans une vision de long terme. Solo se distinguait par sa proximité avec le terrain, son langage accessible et sa capacité à transformer les préoccupations populaires en débats publics utiles et constructifs. Derrière ces différences de style se cachait une même exigence, servir la vérité sans calcul et sans compromission.
Mohamed Sylla, SoloLa disparition de ces deux grandes plumes laisse un vide immense. Un vide humain pour leurs familles respectives, leurs proches, leurs amis et leurs collègues. Un vide professionnel pour une presse guinéenne qui a plus que jamais besoin de repères, de modèles et de figures d’intégrité. Mais leur héritage demeure. Il vit dans les écrits, dans les archives radiophoniques, mais surtout dans les consciences qu’ils ont formées, les jeunes journalistes qu’ils ont inspirés et les citoyens qu’ils ont informés avec honnêteté et responsabilité.
En ces moments de profonde douleur, la Direction, la Rédaction et l’ensemble du personnel du journal L’Observateur présentent leurs condoléances les plus émues et les plus attristées aux familles d’El-Béchir Diallo et de Mohamed Sylla, durement éprouvées par ces pertes cruelles. Notre compassion fraternelle va également à leurs proches, à leurs collaborateurs et à toute la grande famille de la presse guinéenne.
Que la reconnaissance nationale, les hommages unanimes et la fierté de l’œuvre accomplie puissent apporter un peu de réconfort aux familles endeuillées. Que la terre de nos ancêtres soit légère à ces deux serviteurs exemplaires de l’information. La presse guinéenne leur doit beaucoup et l’Observateur ne les oubliera jamais.
Aboubacar SAKHO
Expert en Communication auprès du Haut-Commissariat de l’OMVS à Dakar.
Ancien Directeur de publication du journal L’Observateur
The post El-Béchir et Solo : de Dakar à Kankan, deux destins au service de l’information first appeared on Guineematin.com.
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