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Depuis le mois de novembre dernier, Mamadou Aliou Baldé a été victime par deux fois de dévastations dans son champ à Débélé (un district de la commune rurale de Mambia, dans la préfecture de Kindia). Un champ où il cultive des ananas (360 m2), des aubergines (1140 m2), des tomates et du maïs (610 m2). La victime évalue les pertes à plus de 52 millions de francs guinéens. Et ce sont les bœufs de Aladji Billo Bah, un éleveur résident à Yalagueyah (un secteur relevant du district de Gbeliyakhory, dans la préfecture de Damakania), qui sont mis en cause. Mamadou Aliou Baldé a déjà porté à la gendarmerie territoriale de Kindia. Il a aussi saisi le président des éleveurs de Kindia et la direction préfectorale de l’agriculture et de l’élevage pour réclamer des réparations. Mais, son dossier piétine depuis des mois. Et il soupçonne une certaine mauvaise foi des autorités en charge de cette affaire. Mais dans un entretien accordé à Guineematin.com en début de cette semaine, la directrice préfectorale de l’agriculture et de l’élevage de Kindia a rassuré que « le problème est en train d’être résolu ».
Selon la victime dans cette affaire, il n’y a aucun doute que ce sont les bœufs de Aladji Billo Bah qui sont entrés dans son champ et ont dévasté ses cultures. Elle avait même capturé certains d’entre eux, mais leur propriétaire n’a jamais accepté de répondre à ses plaintes. Et c’est pour le contraindre à faire face à sa responsabilité dans ce dossier qu’elle avait confisqué sa moto au mois de mars.
« J’ai un champ d’ananas, où j’ai également semé des aubergines, des tomates et du maïs. Depuis le mois de novembre je suis victime de destruction dans mon champ. Donc, suite à ça je me suis plaint à la gendarmerie territoriale de Kandia, mais jusqu’à présent je n’ai trouvé aucune solution à mon problème… Pour la première fois (au mois de novembre 2023), un demi-hectare d’aubergines a été détruit. Je me suis plaint, mais la plainte n’a pas prospéré. Au mois de mars [2024], j’ai également été victime de destruction. Là aussi, j’ai porté plainte à Mambia, mais jusqu’à présent aucune solution n’a été trouvée. Le problème est allé jusqu’à la DPEA (direction préfectorale de l’agriculture et de l’élevage) de Kindia, mais jusqu’à présent aucune solution n’a été trouvée… Quand j’ai envoyé ma plainte à la gendarmerie territoriale de Kindia au mois de novembre, ils m’ont dit que la personne qui gère ce genre d’affaires est à Faranah pour un décès et qu’à son retour ils vont me faire appel. Je suis resté à l’écoute, ils ne m’ont pas appelé. Donc, moi j’ai décidé de les appeler, ils m’ont fait savoir que le colonel Samoura est de retour. Mais à chaque fois que j’appelle, ils placent des arguments, jusqu’à ce que j’ai été de nouveau victime de destruction au mois de mars. Les bœufs de Aladji Billo sont rentrés dans mon champ pour manger mes ananas qui avaient commencé à porter fruits. Le lendemain, j’ai porté plainte à nouveau à Débélé. Ils ont appelé les auteurs, mais ils n’ont pas accepté d’obtempérer. Donc, à mon tour, j’ai bloqué la moto du propriétaire des bœufs. J’ai estimé que s’il vient récupérer sa moto, nous allons parler de la dévastation de mon champ par ses troupeaux », a expliqué Mamadou Aliou Baldé.
Le 1er mai dernier, une équipe de la coordination préfectorale de l’ANASA (agence nationale des statistiques agricoles et alimentaires) à Kindia s’est rendue dans le champ de Mamadou Aliou Baldé pour faire un constat et évaluer les dégâts des dévastations. Dans son rapport, ladite équipe note tout d’abord que « l’accusé (Aladji Billo Bah) a refusé de collaborer ». Elle note aussi que des fruits d’ananas arrachés par les bœufs, la présence des boues de vache et de crottins de mouton dans le camp. Elle précise que les cultures d’ananas, d’aubergines, de tomates et de maïs étaient en phase de production. Et, elle évalue les dégâts à plus de 52 millions de francs guinéens.
« En orientant les calculs économiques des dégâts sur les normes de production, l’unité de mesure et prix unitaire actuel, nous sommes arrivés à la conclusion suivante : la valeur des dégâts causés à l’entrepreneur monsieur Baldé Mamadou Aliou s’élève à la somme de cinquante-deux millions cent quarante-huit mille sept cent cinquante francs guinéens (52 148 750 GNF) », lit-on au niveau de la page 2 du rapport de cette équipe de constat et d’évaluation de dégâts.
Cependant, en dépit de cette évaluation pointue des dégâts effectués par l’ANASA, le dossier traîne toujours. Mamadou Aliou Baldé soupçonne une certaine mauvaise foi des autorités en charge de ce dossier.
« Depuis le mois de novembre les bœufs de Aladji Billo ne font que me causer du mal et ils ne sont jamais venu voir les dégâts qu’ils m’ont causé. Quand nous avons attrapé ses moutons, j’ai demandé aux autorités de Débélé où ils en sont avec ma plainte ? Ils m’ont fait savoir que l’accusé a refusé de répondre à l’appel. J’ai demandé à ce qu’on transfère la plainte à Mambia. La plainte transférée à Mambia, le président des éleveurs, Elhadj Saliou nous a rassemblés pour qu’on en discute. Nous avons discuté et l’accusé Elhadj Billo a reconnu les faits qui lui ont été reprochés et il a promis de m’appeler pour venir faire une estimation des dégâts afin qu’on puisse trouver un terrain d’attente. Mais, ils demandent de leur ramener sa moto et ses moutons à la gendarmerie. Le lendemain j’ai ramené la moto et les moutons à la gendarmerie. Arrivé là-bas, les autorités m’ont dit de garder la moto, ils vont prendre les moutons et ils vont les remettre au président des éleveurs après la signature. Et qu’après ça, ils vont convoquer une réunion pour qu’on me paie… Le dimanche qui a suivi, les éleveurs sont venus seuls pour faire leur constat. Et selon le gardien de mon champ, après leur constat, ils ont dit que c’est nous-mêmes qui avons coupé les ananas et nous sommes en train de mentir. Ils sont rentrés à Kindia pour aller à la gendarmerie, où j’ai porté ma première plainte qui n’a pas prospéré, pour porter plainte contre ma personne pour dire que j’ai pris leur moto. Le colonel Samoura Fara m’a appelé pour me demander de me présenter à la gendarmerie. Finalement, c’est la DPEA, Mme Touré, qui m’a appelé pour dire que je n’ai pas répondu à une plainte portée contre moi à Kindia. Je lui ai dit que je suis étonné, parce que j’ai moi-même porté plainte là-bas. Le lundi je me suis présenté avec la moto à Kindia, ils m’ont pris et m’ont placé en garde à vue. Ils m’ont dit de leur remettre la moto, je leur ai dit que je ne peux pas les remettre la moto sans que la partie concernée ne soit présente. Après un long échange, j’ai finalement laissé la moto avec eux. Par après, la DPEA m’a appelé pour me demander, je lui ai dit que la moto est à la gendarmerie. Elle m’a dit qu’elle gère. Mais depuis qu’ils ont récupéré leur moto, je n’ai eu aucune suite favorable concernant la destruction de mon champ », a déploré Mamadou Aliou Baldé.
Jointe au téléphone en début de cette semaine par Guineematin.com, la directrice préfectorale de l’agriculture et de l’élevage de Kindia a dit être informée de ce dossier. Elle assure que le ‘’problème’’ est en train d’être résolu, mais elle se garde de tout commentaire pour le moment.
« On est au courant, mais comme nous sommes en train de résoudre le problème, je vais m’abstenir de dire quoi que ce soit à la presse pour le moment. Parce qu’on est en train de résoudre le problème », a dit Mme Touré Mafoudia Camara.
Également joint au téléphone par notre rédaction, Elhadj Saliou Barry, président des éleveurs de Kindia, a reconnu la destruction du champ de Mamadou Aliou Baldé par les bœufs de Aladji Billo Bah. Il assure que c’est Ousmane Tanou Baldé, oncle et gardien de Mamadou Aliou Baldé, qui complique cette affaire.
« Le cas de Mamadou Aliou Baldé, on nous a informé de la destruction de son champ par le nommé Elhadj Billo. Etant le président des éleveurs, je me suis déplacé pour aller voir et je me suis croisé avec Mamadou Aliou Baldé à la police de Mambia, et nous avons échangé à ce sujet. Je lui ai dit que j’ai appris la nouvelle, mais comme il détenait déjà les moutons qui sont entrés dans son champ, je lui ai demandé de libérer ces animaux d’abord, vu qu’ils doivent manger et boire de l’eau, parce qu’il connaît déjà le propriétaire qui est Elhadj Billo. Il a dit : ok. Mais son oncle qui est le gardien de son champ était très furieux et vociférait sur nous. Donc, j’ai dit à Mamadou Aliou Baldé, comme je n’ai pas encore fait un constat dans son champ, il me faut aller voir d’abord avant de me prononcer sur ce sujet. Donc j’ai délégué les gens pour aller voir, et effectivement ils ont trouvé que son champ a été victime de destruction par les troupeaux de Elhadj Billo. Mais Mamadou Aliou Baldé m’a fait savoir que pour sa part, il pardonne, mais il faudrait que Elhadj Billo trouve un terrain d’entente avec son oncle qui a ses tomates détruites. On a entamé les négociations, mais on n’a pas trouvé un terrain d’attente. Finalement, Elhadj Billo est allé se plaindre pour sa moto que Mamadou Aliou Baldé et son oncle détenaient il y a de cela plus de deux mois. Je n’étais pas là quand il a porté sa plainte. Moi j’ai toujours voulu qu’on résolve ce problème en famille et non en justice. Mais malheureusement l’oncle de Mamadou Aliou Baldé ne nous facilite pas la tâche. La dernière fois que j’ai échangée avec Mamadou Aliou Baldé, il m’a demandé d’essayer d’avoir 2.000.000 GNF avec Elhadj Billo afin de pardonner son oncle pour la destruction de ses tomates. J’ai suggéré à Mamadou Aliou Baldé de remettre la moto à Elhadj Billo pour qu’on règle ce problème en famille. Mais, je ne sais pas s’il avait remis la moto ou pas », a-t-il expliqué.
A suivre !
Fatoumata Diouldé Diallo et Mamadou Baïlo Keïta pour Guineematin.com
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