CRIEF : le procès de Mamadi Camara renvoyé au 30 octobre, l’IGE sommée de produire un rapport définitif dans deux semaines

L’ex-ministre de l’économie et des finances sous Alpha Condé a de nouveau comparu ce lundi 14 octobre 2024 devant la chambre de jugement à la Cour de Répression des Infractions Economiques et Financières.

Il est poursuivi pour détournement de deniers publics, corruption, blanchiment de capitaux et enrichissement illicite. Au compte de la suite des débats dans le dossier, le prévenu a été interrogé par le ministère public. En répondant aux premières questions, Mamadi Camara a expliqué qu’il a pris fonction en tant que ministre de l’économie et des finances le 26 mai 2018. Il y est resté jusqu’au 5 septembre 2021, date à laquelle le coup d’État est intervenu.

Il a reconnu que durant tout le temps qu’il a passé à ce département, des budgets lui ont été alloués. Mais il ne s’est pas rappelé des différents montants. Le substitut du procureur spécial a alors évoqué le contenu d’un rapport de l’IGE. Le magistrat a demandé au prévenu comment a-t-il géré les montants : Plus de 7 milliards 466 millions 535 mille de francs guinéens, plus de 22 milliards 889 millions de francs guinéens, plus de 7 milliards 791 millions 39 mille francs guinéens et plus de 12 milliards 11 millions 82 mille francs guinéens auxquels ledit rapport fait allusion ?

Le septuagénaire a répondu que le ministre de l’économie et des finances ne gère pas directement le budget du département. Selon lui, il y a des ordonnateurs délégués comme le chef de cabinet et les directeurs qui le gèrent. Il a ajouté que lui en tant que ministre, s’occupait des questions d’intérêt national. Le juge Yaghouba Conté interrompt le procureur pour demander à l’ancien ministre de l’économie et des finances s’il y a des textes de loi qui sous-tendent ses explications. Le prévenu a déclaré que c’était une pratique à son département avant de citer le décret portant fonctionnement et attribution du ministère de l’économie et des finances.

Mamadi Camara a aussi été interrogé sur la variation de la masse salariale entre 2018 et 2021. Le rapport de l’IGE fait état d’une augmentation de plus de 42 milliards de francs guinéens au cours de cette période. Le mis en cause a rétorqué que l’ordonnance des salaires des fonctionnaires et contractuels pour tous les ministères et institutions, se fait au ministère du budget sur la base des informations fournies par le ministère de la fonction publique. Il déclare donc, qu’il n’avait rien à avoir dans cette situation.

D’autres questions lui ont été posées par rapport à des tableaux contenus dans le rapport. Pendant que le prévenu tentait de les répondre, ses avocats ont demandé la parole pour dénoncer le fait que le ministère public s’éloigne des faits poursuivis pour interroger Mamadi Camara autour d’un rapport de l’IGE qui est provisoire et qui a été établi à son insu.

C’est ainsi que le juge a vu la nécessité de renvoyer l’affaire pour la production d’un rapport définitif.

« La Cour ordonne à l’Inspection Générale d’État, de produire le rapport définitif de la mission de vérification de l’exécution budgétaire du ministère de l’économie et des finances pour les exercices allant de 2018 à 2021, lui impartie un délai de deux semaines pour y procéder, renvoie l’affaire au 30 octobre pour la suite des débats », a décidé Yaghouba Conté.

Sékou Diatéya