Conakry : le tout nouveau studio dédié à l’intelligence artificielle inauguré au Centre Culturel Franco-Guinéen

À l’occasion d’une cérémonie organisée au Centre Culturel Franco-Guinéen (CCFG), ce jeudi 9 octobre, l’Ambassadeur de France en Guinée a procédé au lancement officiel de son tout nouveau studio dédié à l’intelligence artificielle.

Ce nouvel espace, ouvert au public, a pour ambition de favoriser la compréhension et l’appropriation de l’intelligence artificielle (IA) par tous les publics.

Conçu comme un lieu d’expérimentation et de sensibilisation, le studio accueillera des activités à la fois administratives et culturelles. Des sessions de deux heures, animées par un médiateur, permettront à divers groupes — enseignants, journalistes, institutions — de découvrir l’IA, de l’expérimenter et d’échanger autour de ses usages.

Oumar Camara, directeur général du cabinet Finances Globales, partenaire technique de l’initiative, a souligné l’importance de ce projet, qu’il considère comme une réponse urgente aux mutations actuelles.

« Comme on l’a montré tout à l’heure, on est vraiment face à un bouleversement dans tous les domaines : éducation, santé, culture, marché du travail. Nous faisons face à un monde déjà différent d’il y a deux ans et qui le sera encore davantage dans les semaines et mois à venir. Il est urgent de mettre en place des initiatives permettant à la jeunesse guinéenne de s’approprier cet outil », a-t-il déclaré.

Comparant l’essor de l’IA à celui d’Internet, Oumar Camara a mis en évidence la rapidité du changement en cours :

« Internet a mis 13 ans pour atteindre 800 millions d’utilisateurs. L’IA, c’est en seulement deux ans. C’est un véritable bouleversement, et il faut que la jeunesse puisse s’en approprier. Voilà tout l’intérêt de ce studio. »

Il a également mis en garde contre les limites et les risques liés à l’utilisation de l’IA :

« L’IA présente des insuffisances et des limites. Par exemple, elle est développée par d’autres pays et peut ne pas comprendre certaines notions purement guinéennes ou propres à d’autres contextes. Il y a aussi les ‘hallucinations’ : parfois, les IA inventent des informations. Si l’on n’en est pas conscient, cela peut poser de gros problèmes. Enfin, l’IA pourrait remplacer de nombreuses tâches. Les jeunes et les employés doivent se former pour rester compétitifs. »

Sébastien Vittet, conseiller de coopération et d’action culturelle à l’ambassade de France et directeur de l’Institut Français de Guinée, a insisté sur l’importance d’un usage encadré et humain de cette technologie :

« L’intelligence artificielle générative accélère depuis deux ans et bouscule nos habitudes, tout en optimisant le rendement dans l’administration, la production et la création. Il fallait commencer en Guinée à donner cet outil aux jeunes pour leur permettre de produire mieux, créer davantage et développer de nouvelles solutions. »

Revenant sur les étapes préparatoires du projet, il a précisé :

« Nous avons installé le matériel, acquis les licences, réfléchi et collaboré avec d’autres projets. Aujourd’hui, c’est mûr. L’idée est d’expérimenter toutes les solutions ensemble pour trouver des solutions guinéennes, sans imposer un modèle occidental ou asiatique. »

Présente lors de la cérémonie, le Dr Safiatou Diallo, enseignante-chercheure à l’Université Général Lansana Conté de Sonfonia, a exprimé ses préoccupations quant à l’impact de l’IA sur l’enseignement supérieur, notamment sur l’évaluation des étudiants :

« On ne peut plus faire comme si l’IA n’existait pas. Nous devons intégrer cette nouvelle donne dans l’enseignement. Aujourd’hui, nous ne savons plus toujours distinguer ce qui est produit par les étudiants et ce qui est généré par l’IA. Les devoirs sont homogènes, souvent sans fautes, mais manquent parfois de fond. Cela complique notre évaluation. »

En conclusion, elle a rappelé la nécessité de préparer le corps enseignant face à cette révolution technologique :

« Il est important d’avoir des outils. Les enseignants doivent être armés, et les étudiants doivent comprendre que les machines ne doivent pas réfléchir à leur place. L’esprit critique reste primordial dans tout ce qu’ils font. »

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