Conakry : des agents recenseurs réclament six mois de primes impayées à la Direction générale des élections

il y a 8 heures 38
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À l’approche de l’élection présidentielle du 28 décembre prochain, la grogne monte chez les agents recenseurs employés pour le Recensement Administratif à Vocation d’État Civil (RAVEC). Recrutés par la société Digitalis pour le compte de la Direction Générale des Élections (DGE), ils réclament six mois d’impayés, après avoir contribué à la mise à jour du fichier électoral national. Si certaines localités ont été partiellement payées, ils sont encore près de 6 000 agents, répartis sur toute l’étendue du territoire national, à réclamer leurs primes de travail. Excédés par le silence des autorités, plusieurs d’entre eux ont organisé un sit-in ce lundi 3, novembre 2025, devant les locaux de la DGE, situés au quartier Cameroun, dans la commune de Dixinn, a constaté sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.

Banderoles en main, les protestataires exigent le paiement intégral de leurs vingt jours de travail effectués dans des conditions qu’ils qualifient de “difficiles”. Selon leurs témoignages, cette situation d’arriérés persiste malgré plusieurs démarches entreprises auprès du Premier ministre, du Ministère de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation (MATD), du Conseil National de la Transition (CNT), ainsi que du Gouvernorat de Conakry.

Ahmed Bérété, porte-parole des agents recenseurs biométriques sur toute l’étendue du territoire national, a expliqué les raisons de ce sit-in.

Ahmed Bérété, porte-parole des agents recenseurs biométriques

« Ce matin, nous sommes rassemblés devant la DGE pour tenir un sit-in, car cela fait maintenant six mois que nous avons travaillé sans être payés. Nous avons été recrutés par la société Digitalis, qui a obtenu un contrat avec la DGE pour le recensement biométrique. Depuis six mois, nous attendons toujours le paiement de vingt jours de travail. C’est la raison pour laquelle nous sommes ici aujourd’hui, pour nous faire entendre et alerter les autorités. Nous n’avons pas encore reçu les primes ni l’avenant de notre contrat. Pourtant, il paraît que l’information a déjà été transmise au plus haut niveau, avec des preuves prétendant que nous avons été payés. Ce qui est totalement faux. Personne à ce jour n’a reçu quoi que ce soit. Sur toute l’étendue du territoire national, nous sommes environ six mille agents. Certaines zones ont été payées, notamment Kankan, Mandiana, Kouroussa, Kolaboui et quelques communes de Conakry. Nous constatons une stratégie derrière cette manière sélective de payer. La Haute-Guinée, par exemple, a été payée parce qu’on veut éviter des mouvements de protestation dans cette région, considérée comme sensible pour certaines hautes autorités. À Kolaboui également, ils ont payé uniquement cette sous-préfecture de Boké, car c’est une zone stratégique. Toutes les grandes sociétés minières passent par Kolaboui, et le moindre mouvement là-bas paralyse les activités minières. Ces sociétés, souvent connectées directement à la Présidence, réagissent très vite, ce qui explique sans doute ce choix. Depuis vendredi, j’ai reçu des informations selon lesquelles on aurait fait remonter au haut niveau que nous avons été payés. L’une des preuves, c’est la liste de Kamsar, qui a été envoyée, signée et cachetée, affirmant que les agents ont perçu leurs 20 jours de travail. Or, c’est totalement faux : personne n’a rien reçu », a-t-il lancé.

Par ailleurs, Ahmed Bérété déclare que les démarches auprès des autorités n’ont rien donné. Selon lui, ils se sentent abandonnés. « Depuis le début de cette situation, nous avons multiplié les démarches : nous avons écrit au Premier ministre, au Ministère de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation, au président du CNT, Dr Dansa Kourouma, à madame la Gouverneure de Conakry, et à madame la Directrice générale des élections. Mais jusqu’à présent, toutes nos démarches sont restées sans réponse. C’est pourquoi nous avons décidé d’organiser ce sit-in pour nous faire entendre. Cela nous fait énormément de peine. Nous nous sommes battus, malgré les nombreuses souffrances liées à ce recensement. Certains de nos camarades ont quitté Conakry pour aller travailler à l’intérieur du pays à leurs propres frais. Aujourd’hui, notre travail est reconnu, mais nous, les exécutants, nous sommes abandonnés. C’est pourtant grâce à nous que le référendum a été possible. Sans fichier électoral, aucune élection n’aurait pu se tenir. Ce fichier, ces cartes d’électeurs, c’est nous qui les avons confectionnés. Le Premier ministre, lors de sa récente tournée à l’intérieur du pays au nom du président, a remercié la population pour avoir voté massivement Oui et invité les citoyens à conserver leurs cartes d’électeurs pour la prochaine élection présidentielle. Mais ces cartes, ce sont nos mains qui les ont produites ! Notre travail est salué, mais nous sommes laissés pour compte. Cela est incohérent et profondément injuste », a-t-il martelé.

Face à cette situation, Ahmed Bérété lance un appel aux autorités. « Mesdames et messieurs les responsables, nous sommes vos citoyens, vos frères et vos sœurs. Nous avons travaillé avec sérieux et engagement pour le recensement biométrique. Nous n’avons toujours pas reçu nos primes ni l’avenant de nos contrats. Des personnes de mauvaise foi font circuler de faux rapports prétendant que nous avons été payés. Nous détenons pourtant toutes les preuves du contraire. S’il vous plaît, aidez-nous. Rendez justice aux agents recenseurs biométriques », a-t-il lancé.

À noter que des négociations étaient en cours devant la Direction Générale des Élections, où l’un des agents de sécurité a promis que la DGE allait recevoir les manifestants.

Ismael Diallo pour Guineematin.com

Tél. : 624 69 33 33

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