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C’est dans une ambiance tendue que les travailleurs de l’usine American Beverages, productrice des boissons énergisantes « 24h Energy », située à Kagbelen, ont exprimé leur ras-le-bol hier jeudi matin.
Réunis en nombre devant l’entrée principale de l’entreprise, pancartes en main, scandant des slogans pour exiger les départs de certains responsables de la boîte, ils dénoncent des années d’exploitation, d’injustice et de silence des autorités compétentes, un salaire indécent…
« Moi personnellement j’étais la deuxième personne après l’ingénieur, quand je suis venu ici il n’y avait qu’une seule ligne de production, maintenant il y en a quatre. Ça fait plus de cinq ans que nous sommes là. J’ai trouvé des gens qui ont fait plus de 7 ans. Jusqu’à présent, rien. Nous sommes des journaliers permanents et nous percevons 50 000 francs par jour, et ça aussi c’est si tu travailles. Si les machines tombent en panne, tu restes à la maison sans salaire. C’est comme ça que ça se passe ici. Les Guinéens souffrent, les étrangers sont à l’aise. On prend tout pour eux : logement, transport, nourriture, soins médicaux et tout ce qui s’en suit », témoigne Sékou Tidiane Thiam, opérateur de machine.
Loin d’être un simple mouvement de contestation salariale, cette mobilisation reflète un malaise profond. Djibril Keita, opérateur et formateur, dénonce la gestion opaque et discriminatoire de l’entreprise :
« Nous sommes regroupés devant l’usine ce matin pour beaucoup de raisons, notamment l’amélioration des conditions des travailleurs et toutes les injustices qui se passent au sein de cette entreprise… On souffre de l’inégalité. Il y a des gens mieux traités par rapport aux autres sans mérite. On fait appel à d’autres par connaissance, par lien de parenté, et on leur augmente le salaire en cachette. Et quand tu parles, on te dit que si tu n’es pas content, tu peux partir. »
Pire encore, les travailleurs affirment que les salaires versés par le directeur général ne sont pas intégralement reçus, soupçonnant des détournements internes.
« Le DG ne nous accorde même pas d’audience. On ne sait rien de ce qui se passe en interne. On est tenu dans l’ignorance, on nous présente juste ce qu’on veut que l’on voie », poursuit Djibril.
En plus des revendications sociales, les grévistes montent désormais au créneau pour exiger le départ immédiat de trois hauts responsables qu’ils accusent d’être les principaux obstacles au dialogue et au bon fonctionnement de l’usine :
« On demande leur départ parce qu’ils ne défendent pas notre cause. Ils sont là juste pour profiter de nous… Ils ont construit ici, ouvert des boutiques, et bloqué tout ce qui nous revenait de droit. Il s’agit de Mamadou Samba Diallo, le big manager ; M. Kandas Condé, le DAF ; et Amadou Barry, le directeur technique. Nous supposons qu’après leur départ, cette entreprise verra jour à nouveau. Nous continuerons ce combat jusqu’à obtention de nos revendications », martèle Djibril Keita.
Face à cette crise sociale persistante, les manifestants lancent un appel solennel au président de la République, le Général Mamadi Doumbouya, afin d’intervenir et d’exiger une enquête sur les pratiques de l’entreprise. Si rien n’est fait, ces travailleurs entendent continuer cette grogne jusqu’à leur satisfaction.
Christine Finda Kamano
622 71 69 06
L’article Colère à la société American Beverages, à Kagbelen : les travailleurs de « 24h Energy » réclament justice et exigent des départs est apparu en premier sur Mediaguinee.com.