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Présentement aux Etats-Unis où il a tenu hier un meeting à New York, l’opposant guinéen Cellou Dalein Diallo a livré son discours le plus ferme face à la junte à Chicago, mardi dernier, devant ses partisans, en marge de la Convention démocrate en vue de la présidentielle de novembre prochain. Le leader de l’UFDG, Cellou Dalein Diallo, est revenu longuement sur la situation sociopolitique qui prévaut en Guinée. Discours…
« Je commencerais par remercier mes honorables invités qui ont accepté de renoncer à l’intéressante soirée de la Convention ce soir pour venir m’accompagner ici. Je suis vraiment honoré. Je voudrais m’adresser pour cette mobilisation improvisée. Vous avez tous abandonné votre travail, beaucoup d’activités parce que certains sont dans le secteur informel. Je vais rendre hommage aux éminents docteurs et professeurs qui sont ici, qui ont voulu m’honorer de leur présence.
“Aujourd’hui, on a 55 morts abattus, ils n’ont pas eu droit à la moindre justice, à la moindre enquête pour savoir qui a tué”
La situation dans notre pays aujourd’hui, la junte qui s’est accaparée du pouvoir le 5 septembre 2021, avec des engagements, ils déclinaient un discours de prise de pouvoir qui nous avait assuré, vous le savez. Nous les avons soutenus, pourquoi? Ce n’est pas parce que nous sommes partisans d’un coup d’Etat, au contraire vous savez que je n’aime pas écouter ça. Nous voulons que le peuple exerce pleinement son droit de choisir ses dirigeants et de sanctionner par les urnes ses dirigeants. Nous continuons de nous battre pour que la démocratie soit une réalité dans notre pays. Notre compatriote le professeur nous a dit pourquoi la démocratie est importante. Ceux qui ne veulent pas de démocratie, ils disent qu’il y a une démocratie à l’africaine, ils n’acceptent pas qu’on leur impose une démocratie à l’américaine ou à l’européenne. Mais il y a des principes de base dans la démocratie, c’est d’abord le choix du peuple de ses dirigeants au niveau local, au niveau de la législature et au niveau de l’exécutif. Mais ce n’est pas développer la délinquance électorale, changer la constitution, concentrer tout sur le pouvoir (…) C’est ça la méthode africaine de la démocratie. Ce n’est pas ça la démocratie universelle, c’est qu’il y ait des élections libres, crédibles et transparentes. Mais si par la délinquance électorale, vous prenez le contrôle de l’assemblée nationale, vous concentrez tout le pouvoir, vous capitalisez la justice, vous contrôlez l’administration civile et militaire vous seul, parce que vous êtes président, vous faites ce que vous voulez, lorsque vous voulez changer la constitution vous trouverez des juristes éloquents, vous leur donnez l’argent, ils justifient pas ça la démocratie à l’africaine(.. ). La démocratie, c’est aussi le respect des engagements, le respect du serment de ce que vous venez juger, de respecter une constitution et la faire respecter. Mais lorsque vous ne respectez pas vos engagements (….) vous ne méritez pas de diriger. Tous nos problèmes, un leadership capable de respecter les textes de loi, capable de respecter son serment, ses engagements.
Ce combat, il faut qu’on le gagne
Je vous disais tout à l’heure que la situation en Guinée est grave, la junte avait juré à la prise du pouvoir, de mettre fin à l’instrumentation de la justice, le dysfonctionnement des institutions, au piétinement des droits et libertés des Guinéens, elle avait dit et inscrit même dans la charte qu’aucune situation d’exception ne peut justifier la violation des droits de l’homme. Aujourd’hui, on a 55 morts abattus, ils n’ont pas eu droit à la moindre justice, à la moindre enquête pour savoir qui a tué ( …) 55 jeunes dont la plupart avaient moins de 20 ans. Ils n’ont eu droit à aucune justice, à aucune compassion des autorités. C’est ça le respect des droits de l’homme ? Ils s’étaient engagés devant la communauté internationale d’organiser des élections avant le 31 décembre, ils avaient dit qu’ils ne feraient pas un jour de plus, vous les avez écoutés.
Aujourd’hui, tous les jours, la démocratie recule en Guinée, l’Etat de droit est piétiné, les droits humains sont violés
Depuis quelque temps, nous on ne croit pas. Ils avaient dit, le président je le cite : ‘’Ni moi, ni aucun membre du CNRD, aucun membre du gouvernement, aucun du CNT, ne sera candidat aux élections présidentielles’’. Ils veulent mettre ça aussi en cause. Mais la légitimé, le soutien qu’on leur a accordé c’est sur la base du discours. Dès lors qu’ils renoncent à ces engagements, ils ne vont plus bénéficier de notre soutien. Est-ce que vous êtes prêts au combat ? « Oui », répond la foule avec des acclamations. Notre pays a trop souffert. Nous UFDG, on s’est battu, on a eu beaucoup de sacrifices, combien de mort? Des gens ont été spoliés, on a tué des enfants sans aucun droit à la moindre justice, nous nous sommes battus pour le pays pour garantir l’égalité des droits envers tous les fils du pays, pour garantir la sécurité pour tout le monde pour créer les conditions d’épanouissement de tous les jeunes. C’est ce que nous voulons pour la Guinée. Aujourd’hui, tous les jours, la démocratie recule, l’Etat de droit est piétiné, les droits humains sont violés, qu’est-ce qu’on fait ? Il a dit tout à l’heure : » On ne peut pas sacrifier tous ceux qui ont fait le sacrifice, qui sont morts, il faut qu’on continue le combat. Je suis venu vous dire que je suis plus déterminé aujourd’hui. (Tout le monde s’est levé pour l’acclamer). Beaucoup d’entre vous ont contribué à son combat, beaucoup d’entre vous ont perdu des proches, c’est pas parce que vous voulez être gouverneur, préfet ou sous-préfet, c’est parce que vous aimez votre pays, vous voulez que règne en Guinée la justice, qu’il y ait la prospérité(…). Beaucoup d’entre vous ont contribué en 2020 à nous aider à prendre en charge des prisonniers, ils ont été bien entretenus c’est l’occasion de rendre hommage à mon épouse, on prépare pendant le mois de carême pour tous les prisonniers, il y a des prisonniers qui sont sortis, qui étaient hostiles à nous comme ça sur la base des préjugés (…). Ils sont venus remercier. Votre soutien, notre soutien à tous(…). Il ne faut pas qu’on accepte qu’on continue de piétiner nos droits et libertés. La gendarmerie et les forces spéciales viennent nous arrêter, on nous envoie à Mohammed 5 (…) Selon le témoignage de Cissé [un jeune arrêté en compagnie de Foniké et Billo], parce qu’ils ont été arrêtés (…) Aujourd’hui l’Etat dans tout son comportement dit qu’ils ne savent pas où ils sont. Qui avait intérêt à les arrêter? Parce qu’ils préparaient une manifestation mais on a vu les pick-ups de la gendarmerie, des forces spéciales. Aujourd’hui, ils sont portés disparus et l’Etat dans tout son comportement y compris la justice, dit qu’on ne sait pas où ils sont. Et qui les a enlevés ? On vient s’arrêter devant le peuple de Guinée pour défendre des choses comme ça, on a fermé les radios, on a retiré les licences, on a tué 55 jeunes, on vient défendre. Mais il faut qu’on se mobilise, on ne va pas renoncer.
« Nous tirons les leçons de tous les échecs mais on réfléchit comment éviter les erreurs du passé. Des erreurs il y en a eu (…). L’erreur, on dit qu’elle est humaine, mais dans la conquête du pouvoir en Guinée, il faut qu’on change de méthode parce qu’il y a un système qui bloque tout »
La Guinée, ce pays riche, la providence a tout donné à notre pays. Ceux qui sont venus en passant par le Nicaragua, on aurait créé des conditions d’épanouissement de cette jeunesse, s’il y avait des leaderships. Quelqu’un qui a pitié et qui comprend. Mais ils n’ont pas pitié, ils ne comprennent pas, ils ne s’occupent que de leurs affaires. On peut s’occuper de ses affaires mais avoir pitié de la population. Nous avons la moitié de réserve de bauxite, (…) le fer encore inexploité en quantité suffisante, la bauxite extraite de la Guinée a été multipliée plus de 100 millions de tonnes en 2015 (…), les jeunes ne font que fuir, il y a bien sûr la misère économique, mais il y a des difficultés, du harcèlement, l’emprisonnement arbitraire, maintenant la disparition. Il faut que vous soyez mobilisés. Nous comptons sur vous, vous pouvez compter sur nous. Ce combat, il faut qu’on le gagne. Nous tirons les leçons de tous les échecs mais on réfléchit comment éviter les erreurs du passé. Des erreurs il y en a eu (…). L’erreur, on dit qu’elle est humaine, mais dans la conquête du pouvoir en Guinée, il faut qu’on change de méthode parce qu’il y a un système qui bloque tout. Il ne faut pas croire les gens sur parole. La parole donnée n’a pas de sens, le serment n’a aucun sens, on dit des choses pour tromper le peuple. Tu penses que ce que tu ne fais pas, les autres ne le feront pas alors que ce n’est pas ça. (…).
« Soyez-en sûrs que je serai un bon dirigeant »
Il y en a qui ont décidé de soutenir la junte pour qu’ils se maintiennent toujours au pouvoir (…) Le peuple de Guinée doit choisir ses dirigeants, nous sommes des démocrates (…) mais c’est au peuple de choisir. Une personne ne peut pas venir s’imposer à nous, s’imposer au peuple. Donc je ne vais pas vous infliger un long discours, je suis venu juste vous dire de vous mobiliser et de s’engager aujourd’hui plus qu’hier. Malgré toutes les calomnies, malgré toutes les frustrations, malgré toutes les injustices (…) parce que je sais que vous me faites confiance, la confiance ne se trahit pas (…) Quand je prie, ce que je demande à Dieu, qu’il m’aide à ce que tout ce qui a été dit: que si je prends le pouvoir, vous ne serez ni préfet, ni gouverneur, soyez-en sûrs que je serai un bon dirigeant. ».
Décryptage : Christine Finda Kamano
L’article Cellou Dalein Diallo : “vous ne respectez pas vos engagements, vous ne méritez pas de diriger” est apparu en premier sur Mediaguinee.com.