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Les communautés impactées par la présence des sociétés minières à Boffa se plaignent de la précarité dans laquelle elles vivent. Pour inverser la tendance, elles ont décidé d’unir leurs forces pour faire la pression sur les autorités qu’elles appellent à mettre en application le projet référentiel relatif à l’indemnisation, la compensation et la réinstallation des communautés. Elles l’ont fait savoir ce mercredi, 15 mai 2024, à l’occasion d’une rencontre d’échanges tenue sur place et sanctionnée par la lecture d’une déclaration, rapporte un journaliste de Guineematin.com qui a assisté à cette rencontre.
Lancé en 2017, sur initiative du Ministère des Mines et de la Géologie pour doter le pays d’un document de référence juridique des communautés impactées par les projets de développement en république de Guinée, le référentiel national peine à être adopté et mis en œuvre. C’est Mohamed Conté, membre du groupe des impactés, qui a lu la déclaration dont voici la teneur :
« Déclaration des communautés pour l’adoption du référentiel national en République de Guinée.
En tant qu’instrument de référence complet à l’échelle nationale pour la protection des droits fondamentaux des populations impactées et ou déplacées du fait des projets de développement, l’élaboration du référentiel national témoigne de la volonté de l’État à relever les multiples défis auxquels nous, personnes impactées, sommes confrontées dans nos localités respectives.
Toutefois, nous constatons avec le temps, que cette volonté se heurte à une réticence de l’État à adopter le document final validé par toutes les parties prenantes au processus à Kindia, pour des raisons qu’on ignore. Pendant ce temps, les investisseurs s’installent et s’activent dans nos localités et sur nos terres dont nous dépendons, sans prise en compte réelle de nos préoccupations en termes d’amélioration du cadre de vie et d’accès durable aux moyens de subsistance.
Difficile de dire aujourd’hui avec exactitude le nombre de populations impactées par les projets de développement en cours dans le pays. Mais, il est important de souligner que nous avons tous subis des processus émaillés de mauvaises pratiques de compensation, d’indemnisation et de réinstallation, entrainant la dislocation du tissu familial, la détérioration du cadre de vie sociale et économique, créant au passage des hostilités entre nous et les sociétés qui évoluent chez nous. A cela s’ajoute la précarité qui se généralise et nous frappe de plein fouet.
Nous reconnaissons et saluons les efforts de l’État à mettre en place une telle initiative, la mener jusqu’à ce niveau. Mais, il est évident que cela n’a de valeur que lorsque le document dont il est question aboutit à être un véritable instrument juridique contraignant qui va mieux protéger les populations. Nous sommes convaincus que cela passe nécessairement par l’adoption dans un bref délai du référentiel national.
Pour nous, le moment est venu de mettre pleinement en pratique l’objectif qui a sous-tendu la décision de l’État à doter la Guinée d’un tel document pour favoriser le développement harmonieux des projets et taire toutes les hostilités dans les localités abritant les grands projets. Le référentiel favorise le strict respect des droits fondamentaux des communautés qui peinent encore à jouir des retombées des multiples projets d’investissement dans le pays. Nous le réitérons une fois encore, notre appel au gouvernement pour l’adoption dans un bref délai du référentiel national. Adopter le référentiel sur la compensation et la réinstallation, c’est protéger des milliers de familles contre la précarité. Vivement le référentiel… ».
Pour sa part, Alpha Camara, acteur de la société civile de Boffa, participant à cette rencontre, s’est réjoui de cette solidarité des citoyens dans leur réclamation. « La mission, elle est la bienvenue, étant donné que Boffa est une zone minière. On les a accueillis à bras ouvert. Connaissant l’importance de cette ONG, avec le débriefing qu’ils ont eu à faire, nous sommes ravis de leur présence à Boffa. Nous sommes à plus d’un titre réconfortés par le but de la visite à Boffa. Boffa étant une zone minière, on est confronté à d’énormes problèmes. Si cette mission est là aujourd’hui pour parler de cette question de compensation, on ne peut que se réjouir. Nous allons ensemble réformer le référentiel qui a été révisé, pousser l’État à adopter ce référentiel. Étant acteur de la société civile, on a eu des gens qui nous ont représentés dans la phase de la rédaction. Boffa était représentée et nos recommandations ont été prises en compte. On ne peut que remercier les initiateurs », a-t-il indiqué.
M’Balia Diallo, participante et impactée, n’a pas manqué de dénoncer les sociétés minières qui évoluent à Boffa. « Ce qu’on peut dire, on ne peut que les remercier. Ce qu’ils sont venus faire à Boffa, ils ont trouvé qu’il y a beaucoup de problèmes ici. Les sociétés qui travaillent ici, on ne voit rien dedans, on n’en sait rien. Si non, à Boffa il y a beaucoup de sociétés ici, mais on n’en voit pas l’intérêt, rien a changé ici. Même les sociétés qui sont venues tout récemment, tu ne vas rien voir et dire que ça a changé. Les jeunes ne travaillent pas, il n’y a pas de métiers ni de centre de formation. Il n’y a pas de bonnes écoles, ni de bons hôpitaux. Ceux qui sont venus, sont là pour nous aider ; que Dieu leur donne la force pour que ces difficultés disparaissent. Comme nous on n’a pas de moyens, on va s’unir pour les aider à avoir la force afin qu’on voit ce bonheur », a-t-elle laissé entendre.
Ismaël Diallo pour Guineematin.com
Tél. : 624693333
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