Attention aux “plateformes d’investissement” RICH VIP/SVIP : plus de 300 personnes disent avoir déjà été victimes d’escroquerie en Guinée !

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Les partages de liens de gain d’argent et de trading sont fréquents en République de Guinée, tant à travers les réseaux sociaux que dans les messageries de discussions comme WhatsApp. Ces derniers temps, deux plateformes dénommées RICH VIP et SVIP font particulièrement parler d’elles.

Dans le cadre du projet Implication des médias dans la prévention active des conflits et tensions (IMPACT) auquel Mosaiqueguinee.com participe, notre rédaction s’est intéressée à ce sujet. Après plusieurs semaines d’enquête, nous sommes en mesure de vous d’annoncer à nos lecteurs que ces deux plateformes constituent une nouvelle forme d’arnaque en ligne, derrière laquelle se cachent des personnes malintentionnées dont le seul but est de soutirer de l’argent aux citoyens guinéens sans fournir trop d’efforts.

RICH VIP et SVIP(Guinée) sont deux plateformes à travers lesquelles de nombreux Guinéens se sont fait (et continuent de se faire) arnaquer actuellement dans notre pays. Les informations distillées sont dans le seul but de tromper les gens et de leur soutirer de l’argent. Derrière ces deux plateformes, se cachent, visiblement, des gens malins et bien préparés pour atteindre leurs cibles.

Durant nos recherches, nous avons rencontré des victimes des stratagèmes de RICH VIP mais aussi de SVIP. Selon nos décomptes, ces deux plateformes avec pour interlocutrice un.e certain.e Laura ont arnaqué pas moins de 320 personnes en République de Guinée. Un groupe WhatsApp dédié à cet effet et administré par “Laura” qui donne des directives et oriente les candidats potentiels continue ses activités au moment de la rédaction de cet article. De l’aveux des victimes approchées, RICH VIP ou SVIP passent toujours par l’un des leurs ; soit un membre de la famille ou du cercle d’amis qui a déjà “investi” dans ces deux plateformes.

« C’est d’abord la plateforme RICH VIP que j’ai découverte par le canal d’une amie dont le mari était utilisateur. Celle-ci m’a expliqué le processus d’inscription et m’a aussi fait comprendre que son mari avait chaque fois des gains d’argent. C’est ainsi qu’elle m’a envoyé le lien et je me suis inscrit. J’ai eu confiance parce que le mari de mon amie est banquier, je me suis dis qu’il connait bien le système bancaire et les monnaies électroniques. Pour m’inscrire, on ne demande que le numéro de téléphone et à travers ça, on génère un mot de pass et on attribue un numéro d’identifiant (…) Le travail dans la plateforme consiste à valider dix commandes par jour. Selon les explications, l’entreprise RICH VIP avait des affiliations avec Amazon, Alibaba et d’autres entreprises de vente en ligne. En principe, ce sont des commandes de ces entreprises qui sont transférées là. On nous disait que ces entreprises de vente en ligne n’avaient pas des travailleurs pour valider ces commandes, et que si je parvenais à valider les 10 commandes par jour, je gagnerait un pourcentage. Et au-delà de ce pourcentage, on demande de déposer une somme d’argent pour avoir des bonus, c’est-à-dire des commandes à travers la somme qu’il y a dans votre compte. Si vous mettez par exemple 50 000 GNF, vous aurez des commandes 50.000 francs. Et à partir de là, vous avez des pourcentages. Le pourcentage augmente selon le montant que vous déposez », a expliqué Saidou, une victime que nous avons rencontrée dans le cadre de notre enquête, qui a souhaité garder l’anonymat.

Après le premier dépôt, les victimes sont encouragées par la plateforme à travers des “récompenses journalières” très alléchantes. C’est par le service Orange Money que toutes les victimes rencontrées dans le cadre de notre travail, effectuaient les dépôts mais aussi les retraits.

« On fait le retrait via Orange Money et le dépôt à travers un onglet dédié à cela. Avec mon compte SVIP, Laura a demandé à ce qu’on fasse des dépôts selon notre niveau. Moi, j’étais à un niveau dit SVIP 4. Elle s’était arrangée à créer des niveaux jusqu’à 10 pour permettre de faire des dépôts d’argent jusqu’à 50 000 000 GNF. Si tue déposes ce montant par exemple, tu avais un gain de 15%. Il y avait d’autres niveaux à 14%, 9% et même 5% (…) Mais c’était en fait une escroquerie bien montée. Personnellement, j’ai perdu 500 000GNF dans RICH VIP et 1 000 000 GNF dans SVIP. J’ai aussi perdu mon temps et ma connexion que je n’ai pas la possibilité d’évaluer », a-t-il poursuivi, en exprimant son regret.

Une autre victime que nous avons nommée Binta a également été arnaquée. Elle dit avoir perdu la somme de 3 000 000 GNF plus ses “intérêts”. Ses arnaqueurs sont passés par les mêmes moyens que ceux décrits par Saidou.

« C’est via Orange Money qu’on fait le dépôt. J’avais deux comptes, c’est-à-dire RICH VIP et SVIP. J’ai déposé à peu près 3 millions GNF. J’ai travaillé jusqu’à ce que mon solde ait atteint cinq millions. Ils ont fermé la plateforme alors que mon solde était à près de six millions. Précisément à 5 987 000 GNF. Avant de fermer la plateforme, ils avaient interdit le retrait d’argent pendant cinq jours. Ils ont dit que pour retirer, il fallait déposer au moins la moitié du montant de l’argent dans le compte. C’est là que j’ai compris qu’il y avait de l’arnaque derrière (…). Nous nous sommes fait avoir par RICH VIP et SVIP. Il y a d’autres personnes dans notre groupe de membres qui ne savent même pas que faire. Ils ont malheureusement mis toutes leurs économies dans ces plateformes, croyant qu’elles allaient les aider à fructifier leur argent », a déploré Binta, rencontrée dans le cadre de cette enquête.

Au stade actuel, il est difficile d’estimer le montant total que ces “plateformes d’investissement” ont soutiré à leurs pauvres utilisateurs. Mais il pourrait atteindre des dizaines de milliards de francs guinéens.

Des arnaques similaires dans d’autres pays d’Afrique de l’Ouest

Dans notre travail de recherche, nous sommes tombés sur des arnaques similaires à RICH VIP et SVIP au Burkina et au Mali. Au Burkina Faso, c’est plus de 11 milliards de FCFA que la plateforme dénommée 5M a soutirés aux pauvres citoyens en utilisant les mêmes stratagèmes. <iframesrc= »https://www.facebook.com/plugins/video.phpheight=314&href=https%3A%2F%2Fwww.facebook.com%2FActualitessurlaguinee%2Fvideos%2F872699544274323%2F&show_text=true&width=560&t=0″width= »560″height= »429″style= »border:none;overflow:hidden »scrolling= »no »frameborder= »0″allowfullscreen= »true » allow= »autoplay; clipboard-write; encrypted-media;picture-inpicture; webshare »allowFullScreen= »true</iframe>.

Au Mali, c’est sous l’appellation OpenAI Mali que les arnaqueurs ont évolué et volé de l’argent aux populations. Dans ce pays, rapporte le site d’informations numériques Socialnetlink.org, ce sont plus de 700 000 personnes qui ont été arnaquées. Là aussi, la plateforme OpenAI Mali a usé des stratégies similaires à celles de RICH VIP et SVIP pour arriver à ses fins. Le montant total de l’argent escroqué à l’ensemble des victimes est estimé à plus de 50 milliards de FCFA, soit environs 700 milliards de francs guinéens.

La mise en garde des autorités guinéennes contre ces entités qui se présentent comme des sociétés ou plateformes d’investissements

En Guinée, le ministère du Budget a lancé une alerte aux citoyens contre cette arnaque. En août dernier, dans une publication sur son compte X (anciennement Twitter), le département dirigé par Lancinè Condé a affirmé qu’il « n’est associé ni de près, ni de loin à cette manœuvre » qu’il n’a pas manquer de dénoncer. Selon le ministère, il s’agit « des personnes malveillantes cachées derrière des sociétés financières fictives ». <blockquote class= »twitter-tweet »><p lang= »fr » dir= »ltr »>

Ces personnes malveillantes cachées derrière des sociétés financières fictives se servent d’un faux certificat pour tenter d’arnaquer des Guinéens. <br><br>Le <ahref= »https://twitter.com/Budget_GN?ref_src=twsrc%5Etfw« >@Budget_GN</a>etle<ahref= »https://twitter.com/MEF_GN?ref_src=twsrc%5Etfw« >@MEF_GN</a> ne sont associés ni de près ni de loin à cette manœuvre qu’ils dénoncent et condamnent avec fermeté. <ahref= »https://t.co/zNNVaEj603« >pic.twitter.com/zNNVaEj603</a></p>&mdash; Ministère du Budget Guinée (@Budget_GN) <ahref= »https://twitter.com/Budget_GN/status/1691010997627039746?ref_src=twsrc%5Etfw« >August 14, 2023</a></blockquote> <script async src= »https://platform.twitter.com/widgets.js« charset= »utf-8 »></script>

Toutefois, aucune action judiciaire n’a encore été annoncée contre les auteurs de cette escroquerie financière et leurs complices.

Orange Finances Mobiles Guinée décline toute responsabilité dans cette escroquerie

Contactée par Mosaiqueguinee.com, Orange Finances Mobiles Guinée, la société propriétaire d’Orange Money (le canal par lequel les victimes disent être passées pour faire des dépôts et des retraits), a rejeté toute implication dans cette arnaque très bien ficelée.

« Orange Money est une solution de paiement. Nous mettons à disposition des clients qui peuvent être des entreprises ou des commerçants, des solutions de paiement. La relation entre le client et la personne à disposition de laquelle nous avons mis la solution de paiement, Orange Money n’intervient pas. RICH VIP n’est pas un client d’Orange Money et SVIP n’a pas de service de paiement avec Orange Money. C’est à travers les réseaux sociaux que nous avons appris qu’il y a une entreprise qui collectait de l’argent auprès des clients. Nous avons fait des investigations et nous nous sommes rendu compte qu’il y avait certains commerçants qui ont mis leurs solutions de paiement à disposition de la plateforme pour collecter de l’argent. Nous avons saisi la brigade de recherche de la gendarmerie de Kipé pour des fins d’enquête pour l’utilisation de l’image de notre société pour tromper ou escroquer. Les comptes qui ont été utilisés ont été bloqués, les enquêtes sont en cours. Une personne avait même été interpelée et mise à disposition du procureur », a confié à notre rédaction, Karim Bangoura, Directeur général d’Orange Finances Monile Guinée (OFMG).

Article rédigé par MohamedNana Bangoura dans le cadre du projet Implication des Médias Numériques dans la Prévention Active des Conflits et Tensions (IMPACT), sous la coordination de Thierno Ciré Diallo.

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