Zaly » : la source d’eau, fondatrice de N’Zérékoré, menacée de disparition

il y a 2 heures 12
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Au cœur de la ville de N’Zérékoré, la source Zaly, symbole identitaire et berceau du nom de la cité forestière, sombre peu à peu dans l’oubli. Jadis, lieu sacré et chargé d’histoire, elle se retrouve aujourd’hui envahie par les ordures et les eaux de ruissellement, menaçant de disparaître si rien n’est fait.

Un site fondateur à l’abandon

Plus qu’un simple point d’eau, la source Zaly est intimement liée à l’origine de la ville. Le terme « N’Zérékoré » tire en effet ses racines de « Zaly » (médicament) et « Kolè » (à côté). Selon l’histoire, le fondateur de la ville, souffrant d’une maladie de peau, y aurait trouvé la guérison grâce à ses eaux, donnant ainsi à la cité, son nom.

« Le village de N’Zérékoré était là ou il y a la Banque qu’on appelle BICIGUI. Une des personnes de la fratrie est tombée malade dans ce village, ses frères l’ont mis en quarantaine, derrière le ruisseau (Zaly). Un jour il s’est lavé avec l’eau de la source, ensuite il s’est endormi sur le sable. Quand il s’est réveillé, par miracle, il a constaté qu’il est guéri. C’est là qu’il a dit que : « mes frères m’ont donc envoyé à côté de mon médicament. » D’où le nom Zaly Kolè (N’Zérékoré). C’est pourquoi, on effectuait les rituels là-bas. On fait des sacrifices pour la quiétude, la paix, pour prévenir des calamités, des drames. Des simples demandes à la source, pour nous protéger lorsqu’on est dans des situations difficiles, ça s’exhortait. On guérissait même certains malades avec cette eau », a expliqué Edmond Gamys, secrétaire général du patriarcat de N’Zérékoré.

« Il y avait des grands baobabs au niveau de Zaly oú beaucoup d’espèces animalières se refugiaient. Il y avait assez de poisson aussi, mais on ne pêchait pas, parce que c’est sacré. À notre enfance, l’eau était tellement limpide, qu’on venait la puiser, pour l’envoyer au marché. Si on donne un gobelet aux commerçantes assises sous le soleil, pendant qu’il n’y avait pas de hangar, on amassait des fruits, des légumes et tubercules, qu’elles nous offraient pour donner à nos mamans. On se sentait heureux avec ça. Pour nous, c’est Zaly qui nous procurait ça », a poursuivi Edmond Gamys.

Aujourd’hui, ce patrimoine symbolique se dégrade sous les yeux impuissants des habitants.

« Aujourd’hui, c’est des constructions anarchiques, en place et lieu des arbres. Si vous contournez les soi-disant maisons au tour de Zaly, vous verrez que tous les déchets tombent dans le ruisseau. Il n’y a pas de fosse septique là-bas. Et la plupart des bâtiments qui sont au tour, c’est des lieux de délinquance. Des buvettes, des travailleuses de nuit. Toutes les eaux usées de la cour de l’hôpital régional de N’Zérékoré son drainées par un canal qui débouche à la source Zaly. Mais on ne peut rien, on est impuissants et on manque de moyens. Ce lieu est d’une importance capitale pour l’histoire de notre ville. Le voir dans cet état me touche profondément », témoigne Edmond Gamys, secrétaire général de la notabilité de N’Zérékoré.

Des efforts citoyens freinés par l’incivisme

Des riverains tentent régulièrement de nettoyer le site, mais leurs efforts sont réduits à néant par le manque de civisme. « C’est décourageant. Chaque fois qu’on nettoie, d’autres viennent déposer des ordures. Il y a même en caniveau qui vient se déverser au niveau de la source. Quad il pleut, toutes les ordures passent par ce caniveau pour terminer leur chute ici. Il faut des sanctions, mais surtout un vrai plan de sauvegarde », déplore Rodrigue Kouayo, un riverain.

Les autorités promises à l’action

Face à l’urgence, le président de la délégation spéciale de la commune urbaine de N’Zérékoré, Georges Oscar Lamah, a annoncé un projet de restauration.

« La source Zaly doit son nom à cette grande ville de N’Zérékoré. Donc vraiment, nous cherchons à la restaurer. Ça demande de grand moyens et nos moyens sont limités. Donc nous demandons à toutes personnes de bonne volonté de nous aider afin que cette source soit restaurée et surtout, préservée », a-t-il plaidé.

Préserver la mémoire et l’identité

La réhabilitation de la source Zaly ne se limite pas à une simple action d’assainissement. Elle représente un enjeu identitaire, culturel et touristique, pour toute la région forestière.

« C’est difficile, parce que si on dit que le nom de N’Zérékoré vient d’une source et que les autorités, les habitants ou natifs, les ONG, nous restons là et que ça disparaisse, ça veut dire que nous avons une part de responsabilité. Les autorités peuvent aménager le site pour qu’il soit visité, moyennant un coût. Ça pouvait être une source de revenus pour la commune et donc pour la population urbaine », a précisé, Amadou Baïlo Baldé, environnementaliste.

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