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Ce mercredi, 13 décembre 2023, Patrick Sesay, un commerçant Sierra-léonais basé à Istanbul, a été présenté pour une deuxième fois devant la Cour de Répression des Infractions Economiques et Financières (CRIEF). Il est poursuivi devant cette juridiction pour des infractions liées à la détention et au transport illégal de 638 plaquettes de tramadol et de tapendol, a appris un journaliste de Guineematin.com qui était à la CRIEF.
Initialement interpellé à l’aéroport international d’Ahmed Sékou Touré de Conakry par la cellule de ciblage, Patrick Sesay a d’abord été conduit à la gendarmerie avant d’être placé sous mandat de dépôt le 3 novembre dernier à la maison d’arrêt de Conakry. C’est sa deuxième comparution ce mercredi à la CRIEF. Il dit être un commerçant de vêtements et de chaussures et qu’il était en provenance d’Istanbul pour convoyer ses marchandises chez lui, en Sierra Leone, via la Guinée. Il a donc reconnu avoir été pris à l’aéroport international Ahmed Sékou Touré de Conakry avec 638 plaquettes de tramadol et de tapendol.
Patrick Sesay a déclaré à la Cour qu’il avait acheté des marchandises à Istanbul pour les vendre en Sierra Leone à la demande de clients. Son choix de vol pour Conakry était basé sur des considérations financières, le billet étant moins cher que celui pour Freetown. Il jure avoir reçu un colis de la part d’un voisin à lui en Sierra Leone, qu’il qualifie à la fois d’ami et frère, sans connaître le contenu du colis que ce dernier lui a remis à l’effet de le convoyer à Istanbul pour le grand frère de son ami Alfred.
Lors de l’interpellation à l’aéroport de Conakry, les autorités ont découvert le colis contenant les produits pharmaceutiques de type tramadol et tapendol au nombre de 638 plaquettes. Sesay affirme ne pas avoir eu connaissance du contenu et nie toute intention de violer la loi guinéenne.
« Je suis commerçant, vendeur de vêtements. Je suis à Istanbul, en Turquie où se trouve le grand frère d’un de mes amis qui est pharmacien résident en Sierra Leone. Ma femme m’appelait souvent pour me dire ce que les clients demandent régulièrement en Sierra Leone. C’est ainsi que j’ai acheté des vêtements et chaussures conformément à la demande des clients à l’effet de les faire écouler au courant de ce mois de décembre en Sierra Leone. Mais, pour le billet d’avion, il s’est trouvé que celui de Conakry était moins cher que celui de Freetown. A Conakry, c’est 1 100 dollars, alors que le billet pour Freetown était à 1 900 et quelques dollars. J’ai préféré acheter celui de Conakry et venir jusque-là. Pendant ce temps, le petit frère de Alfred venait lui aussi à Conakry. J’ai décidé en même temps de donner mes marchandises à ce dernier pour qu’il les envoie pour moi donner à la famille. Dans ce cas, de Conakry, je retourne à Istanbul. Quand je suis arrivé à Conakry, ce petit frère de mon ami Alfred m’a donné un colis que je devais envoyer pour leur grand à Istanbul. Mais, il ne m’a pas dit ce qui se trouve dedans. Moi aussi j’avais tellement confiance en lui que je ne lui ai pas demandé ce qui se trouve dans le colis. Il m’a juste dit de remettre le colis à son grand frère qui est à Istanbul et que c’est quelque chose que ce dernier doit utiliser. Je ne savais vraiment pas ce qui se trouvait dedans. Et, je ne doutais pas de lui non plus. De la manière dont le petit frère me l’a donné, c’est de la même manière que je l’ai mis dans ma valise. Maintenant, à mon arrivée à l’aéroport de Conakry, les agents m’ont interpellé et ont récupéré le colis en me demandant si je ne savais pas que la détention et le transport illégaux des produits pharmaceutiques étaient interdits en Guinée. J’ai dit : non, je ne savais pas que c’étaient d’abord des produits pharmaceutiques qui se trouvaient dans le colis que Alfred a dit à son petit frère de remettre, à plus forte raison connaître la quantité ou bien l’interdiction de la détention et le transport des produits pharmaceutiques en Guinée. C’est ma première fois de venir en Guinée. Si je le savais, je n’allais pas risquer ma vie pour quelqu’un. Tout le monde me connaît à Freetown. Je n’ai jamais été ni à la police, ni à la gendarmerie, à plus forte raison au tribunal ou bien devant une Cour. Je confirme que je ne connaissais pas le contenu du colis. Quand j’ai demandé c’est quoi, mon ami m’a dit que c’est quelque chose que son grand qui est à Istanbul doit utiliser. Puisque j’avais une confiance totale en mon ami, j’ai pris le colis » a expliqué le prévenu Patrick Sesay.
Au terme des débats, la Cour a suspendu l’audience pour une pause de 30 minutes avant de revenir dans la salle pour les plaidoiries et réquisitions. A la reprise de l’audience, le président Alassane Mabinty Camara a donné la parole aux parties pour les plaidoiries et réquisitions. Mme Joséphine Loly Tenkiano, représentante du ministère public à cette audience, a demandé à la Cour de retenir le prévenu Patrick Sesay dans les liens de la culpabilité des faits à lui reprochés et de le condamner à 5 ans de prison dont 2 ans fermes et 3 ans assortis de sursis et d’ordonner la saisie des produits incriminés.
« Le prévenu, devant vous ici et à l’enquête préliminaire, n’a pas nié l’évidence. Il a reconnu les faits de détention et de transport des produits mis en cause… Monsieur le président, le ministère public que je représente ici estime que les infractions articulées contre le prévenu sont bien établies. Ainsi, monsieur le président, nous requérons qu’il vous plaise de retenir monsieur Patrick Sesay dans les liens de la culpabilité des faits à lui reprochés. Et pour la répression, nous vous demandons de sévir contre ces pratiques en application des dispositions qui définissent et répriment les faits. Le ministère public requiert qu’il vous plaise de le condamner à 5 ans d’emprisonnement dont 2 ans fermes et 3 assortis. Nous vous demandons également la saisie des produits incriminés », a requis le ministère public.
De son côté, le conseil du prévenu a plaidé pour la libération de son client.
« Monsieur le président, le prévenu qui est devant vous a reconnu les faits de détention des produits pharmaceutiques incriminés dans cette procédure. Pour ça, je suis d’accord. Mais le transport, non ! Parce que ce n’est pas lui qui a pris les produits en Sierra Leone pour les envoyer à Conakry. C’est ici à Conakry qu’il a reçu le colis et il n’a pas bougé de Conakry pour nulle part. C’est un délinquant primaire. Il est à sa première fois. Et les produits qui sont pris sur lui sont des produits que je ne vais pas qualifiés de drogue, puisque ce sont des produits qui servent à soulager des douleurs. Je ne suis pas en train d’encourager les faits, mais je sais que ce sont des produits couramment utilisés… C’est pourquoi monsieur le président je plaide qu’il vous plaise de lui accorder de larges circonstances atténuantes en ordonnant sa libération. Si c’est pour s’amender, le temps qu’il a mis en prison et à la gendarmerie suffit largement pour lui. C’est un homme d’affaires qui ne s’était jamais retrouvé dans cette situation. Surtout, il n’a pas de parents à Conakry et c’est sa première fois de venir à Conakry », a plaidé Me Facinet Sylla.
La Cour a finalement mis l’affaire en délibéré pour décision être rendue la semaine prochaine, précisément jeudi 20 décembre 2023.
Mamadou Laafa Sow pour Guineematin.com
L’article Transport de Tramadol et de Tapendol : Patrick Sesay (citoyen Sierra-léonais basé à Istanbul) à la CRIEF est apparu en premier sur Guineematin.com.