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Les tueries lors des manifestations de rue, la levée des sanctions contre la Guinée par la CEDEAO, la médiation entamée par les chefs religieux, sont entre autres des sujets abordés par notre rédaction ce mercredi 28 février avec le célèbre écrivain guinéen.
Toujours droit dans ses bottes, Tierno Monénembo a réitéré sa position en ce qui concerne le combat que les Guinéens doivent mener ensemble, pour empêcher toute forme de monarchie dans leur pays.
Cependant, l’auteur du roman les Crapauds-brousse jette le doute sur la démarche des chefs religieux du pays consistant à réunir autour de la table le mouvement syndical et le CNRD.
Bonjour M. Tierno Monénembo. Le mouvement syndical guinéen a fini par déclencher une grève générale illimitée pour exiger entre autres : la libération du Secrétaire Générale du Syndicat des Professionnels de la presse. Est-ce que vous approuvez toujours cette démarche ?
J’appuie toujours ce mouvement de grève et la reponse quasi unanime du peuple à l’appel des syndicalistes me conforte largement dans mon choix. Tout va mal dans ce pays. La répression est à son comble, la corruption aussi. Au marché, les denrées de première nécessité sont devenues inabordables. Jamais, en Guinée, un régime n’a été aussi impopulaire. Il est temps d’en finir avec cette junte de merde.
Vous avez tout le temps déclaré que seule la lutte libère. Donc, vous maintenez encore cette position ?
Oui, je le confirme seule la lutte libère. Le peuple de Guinée a lutté et lutte encore aujourd’hui malgré les régimes démoniaques qui se sont succédé à la tête de ce pays. Ce sont les élites qui sont à la traîne. Tant pis, le peuple lui, ne renoncera jamais, il sait que la victoire est au bout du fusil.
Au cours de la journée du lundi 26 février 2024, des cas de morts par balle ont été enregistrés à Conakry. Pourtant cela a toujours été dénoncé. Selon vous qu’est-ce qui explique cet agissement des hommes en uniforme ?
La réponse est simple : ils ont été formés pour ça. C’est tout ce qu’ils savent faire. La mort est leur métier pour reprendre le titre du roman de Robert Merle (La mort est mon métier). Ils n’arreteront de tuer que le jour où on les en empêchera.
Les religieux ont entamé une médiation dans l’optique de faire susprendre la grève enclenchée par le mouvement syndical guinéen. Qu’en pensez-vous ?
Je ne place aucune confiance en les autorités religieuses guinéennes. Elles sont toujours du côté du pouvoir. Il n’y a aucune raison pour que cela change.
Pendant ce temps, la CEDEAO lève les sanctions contre la Guinée. Quel regard portez-vous sur cette décision de la Communauté Economique des États de l’Afrique de l’Ouest ?
La Cedeao a toujours été illisible : floue avec les apôtres du 3ème mandat, laxiste avec la bande des putschistes. Lever les sanctions pourquoi : pour féliciter Doumbouya ou Tiani ou Goïta ou Traoré de tuer la démocratie, de confisquer la liberté du peuple ?
Pour terminer pensez-vous que cette démarche est motivée par le fait que des États ont décidé de se retirer de l’institution ? Si oui quel avenir pour la CEDEAO ?
Dieu seul sait ce qui motive les actions de la Cedeao. En tout état de cause, l’avenir de la Cedeao ne se trouve ni dans les mains de son exécrable bureaucratie ni dans celles des pseudo-généraux qui nous gouvernent. Il se trouve dans le désir irrépressible de nos peuples à forger leur unité pour se préserver et des effets du sous-developpement et du jeu pervers des grandes puissances.
Entretien réalisé par Hadja Kadé Barry