Sékou “Diamond Fingers” Diabaté, le guitariste légendaire du Bembeya Jazz, fait ses adieux, un portrait-statue pour célébrer l’icône

Après soixante-cinq années d’une carrière exceptionnelle, le légendaire guitariste du Bembeya Jazz National, Sékou “Diamond Fingers” Diabaté, tourne la page d’une vie artistique monumentale. Il signe son adieu à la scène à travers un double album hautement symbolique et profondément inspiré, intitulé “Double Carrière”.

C’est dans un réceptif hôtelier de Camayenne, à Conakry, entouré de figures emblématiques comme Jean Baptiste, Justin Morelle Junior, Isto Kera, Sékou le Gros, Djakoumba Sékou et bien d’autres ténors de la culture guinéenne, que l’annonce a été faite ce vendredi 7 novembre.

Véritable icône de la musique guinéenne et africaine, Sékou Diabaté a fait vibrer des générations entières par le toucher unique de sa guitare. Pour cet homme qui a littéralement “respiré culture” toute sa vie, le moment est venu de déposer l’instrument qui a porté son âme au sommet.

« J’ai tout donné pour le pays. Mais demain, quand je ne serai plus là, il restera une forme de Bembeya. Dieu m’a donné la chance d’être compositeur, arrangeur, guitariste, chanteur… alors j’ai voulu faire autre chose. On dira : “Oui, il a fait ça aussi.” C’est cette ambition que j’ai voulu présenter. »

En geste patrimonial, le maître a souhaité que sa guitare ainsi que l’un de ses complets traditionnels soient déposés au Musée national de Sandervalia, comme témoins vivants d’un héritage inestimable.

Deux albums, deux hommages

Le double album “Double Carrière”, entièrement produit en Guinée, se décline en deux volumes :

Le premier, intitulé “Menguè (Président)”, dont une vidéo a été projetée sur place, fort de douze titres, rend hommage au Président Ahmed Sékou Touré, père de l’indépendance et bâtisseur de la culture guinéenne. Il célèbre celui qui a permis l’émergence du Bembeya Jazz National, symbole d’une Guinée artistique rayonnante.

Le second, “Merci mon Général”, salue l’engagement du Général Mamadi Doumbouya, Chef de l’État, pour son soutien constant à la culture et à plus de 1 000 artistes guinéens. Par ces compositions, Sékou Diabaté exprime sa gratitude envers ceux qui ont élevé la musique nationale au rang de fierté collective.

Au nom de la famille Syli Sékhou, André Dédé Camara a remercié l’artiste pour « sa fidélité et sa constance envers la famille d’Ahmed Sékou Touré. De Tiro à Bagna, il a toujours tenu à maintenir le contact, même du vivant de Hadja Ramata, sœur du Président. »

Le ministre Moussa Moïse Sylla a, pour sa part, apprend-on, « fait la promesse d’ériger un portrait-statue de Sékou Diabaté au sein du Musée national de Sandervalia », symbole éternel d’un homme dont les cordes ont fait vibrer la conscience et l’âme d’une nation.

Au-delà de la musique — l’album fixé à 500 000 francs guinéens pour la version standard et à 1 000 000 GNF pour la version signée et préfacée par le maestro — “Double Carrière” porte également un message de solidarité. Une partie des bénéfices servira à offrir un toit à Sékou Bembeya et Sékou le Gros, deux compagnons de route du Bembeya Jazz National.

Sous le regard du représentant du Président Mamadi Doumbouya, les hommes de culture présents ont demandé un accompagnement à l’image de la grandeur du geste et de l’humilité de l’artiste.

Sékou le Gros, ému, a tenu à honorer la mémoire des neuf membres disparus du groupe :

« Nous remercions toutes les bonnes volontés qui ont accompagné le Bembeya Jazz et Sékou Diabaté. Nous prions le bon Dieu que le jour J nous trouve en bonne santé. »

Pour clore sa carrière, Sékou “Diamond Fingers” Diabaté a exprimé le vœu que tout se termine là où tout a commencé : au Palais du Peuple, sous le regard admiratif du Président Sékou Touré, lors d’un ultime concert prévu en décembre prochain.

À travers cette conférence chargée d’émotions et empreinte d’humilité, Sékou Diabaté quitte la scène, mais non les cœurs. Son nom, ses mélodies et sa virtuosité continueront de résonner à travers le temps, rappelant que la culture guinéenne est un trésor vivant, et que le Bembeya Jazz National demeure l’un de ses plus précieux joyaux.

Mayi Cissé

623 62 53 65

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