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L ’école des aveugles et malvoyants de Ratoma, dans la capitale guinéenne, a rouvert ses portes dans une ambiance studieuse et pleine d’espoir le lundi, 6 octobre 2025. Malgré le manque de matériel didactique adapté, enseignants et encadreurs se montrent déterminés à offrir une éducation de qualité aux élèves déficients visuels. Entre passion, patience et solidarité, cette école spécialisée continue d’être un modèle d’inclusion et de persévérance, a constaté sur place Guineematin.com sur place à travers un de ses reporters.
À l’école des aveugles et malvoyants de Ratoma, la rentrée scolaire s’est déroulée dans un esprit de résilience et d’engagement. Enseignants, encadreurs et élèves ont repris le chemin des classes avec détermination pour l’année scolaire 2025-2026. Entre difficultés logistiques, innovations pédagogiques et témoignages poignants, cette école spécialisée de Conakry illustre la volonté d’inclusion et le courage quotidien de ceux qui refusent que le handicap soit un frein à l’éducation.
Selon Jean Böbö Kamano, directeur de l’école des aveugles et malvoyants de Ratoma, la rentrée s’est bien déroulée avec une forte présence des enseignants et des élèves. Malgré le manque de matériel didactique, les cours ont effectivement démarré. « Comme ça a été dit par les autorités, effectivement, il y a la reprise des cours. Les enseignants étaient là, au grand nombre, complets. Les élèves, presque la majeure partie, parce que les absences étaient peu. Alors, tous étaient là, presque au complet. Les cours ont réellement démarré et dans de bonnes conditions. Les enseignants ont donné les cours parce qu’on était déjà préparé. Depuis la rentrée administrative, les matériels didactiques, nous n’en avons pas encore à 100%. On a le petit stock de l’année dernière qui est là, nous consommons beaucoup le bristol, qui est là. Le reste, le dossier a commencé, le ministère a promis de passer et donner le matériel. Le nombre, c’est 10 élèves par classe. Mais cette année, nous avons plus de 10 élèves par classe parce que le nombre a augmenté. Et nous avons présentement 10, 11, 9, 5, 6 dans les salles. Nous avons huit classes, de la maternelle à la sixième année. La classe spéciale, passant la sixième année, c’est le cycle normal de l’école primaire. Mais nous avons encore une classe spéciale. Pour ceux qui ont perdu la vue dans leur cursus universitaire, c’est-à-dire de la septième jusqu’à l’université, nous recevons des enfants qui ont perdu leur vue dans ce cadre-là. Ils viennent ici, on les reçoit, on les initie en lecture et en écriture braille. Après avoir initié et accueilli la connaissance, ils retournent dans les écoles respectives et ils seront suivis par nous, jusqu’à l’université, c’est pourquoi nous avons neuf classes présentement. Ce n’est pas l’année dernière seulement, chaque année, depuis que nous sommes là, on fait 100%. Et les deux premiers de la commune, des fois le deuxième sort d’ici », a fait savoir M. Kamano.
Alsény Kourouma, formateur des personnes qui ont perdu la vue dans leur cursus universitaire en écriture Braille, explique que malgré le manque de matériel spécialisé, les apprenants progressent grâce à des méthodes adaptées. Il souligne aussi l’importance des outils technologiques qui facilitent aujourd’hui l’autonomie des non-voyants.
Alseny Kourouma, formateur des personnes qui ont perdu la vue dans leur cursus universitaire« Nous arrivons à faire cours avec un système simple, nous utilisons l’écriture Braille qui est une écriture avec des points saillants. Une écriture spécialisée pour les déficients visuels, c’est comme ça que nous enseignons. Oui, il y a des difficultés parce que dans toute activité, il y a des difficultés, des manques de matériel de Braille parce que ce sont des outils spéciaux. On ne peut pas trouver ça en Guinée, sur place. Tous nos outils sont commandés à l’étranger. Donc, ce sont ces difficultés que nous avons. À part cela, les apprenants apprennent bien, nous fournissons des efforts pour leur permettre de comprendre. Nous enseignons la lecture, la rapidité, l’écriture et le calcul avec le système métrique, les quatre principales options. Nous avons des téléphones dotés de synthèses vocales qui nous permettent de lire. Parfois dans ces téléphones, c’est le lecteur d’écran, dans les IOS c’est le voice-over. C’est comme mon téléphone, il est vocalisé. Vous voyez, il me dit tout ce que je veux. J’arrive à partir sur Facebook, à naviguer sur WhatsApp, à aller sur TikTok, bref tous les réseaux sociaux que je fréquente. Bien sûr, j’écris des textos, je fais tout ce que je veux avec mon téléphone », a expliqué le formateur.
Marie-Princesse Zoumanigui, monitrice dans la même école, décrit le déroulement quotidien des cours adaptés aux enfants aveugles.
Marie Princesse Zoumanigui, monitrice« Ces enfants, ils sont aveugles. Le matin, lorsque nous arrivons, nous les faisons asseoir sur la natte, ils vont déjeuner. Puis, les cours commencent : nous avons la lecture à faire, nous avons le français, nous avons l’exercice sensoriel. Là, ce sont les matières que nous faisons. Ça, c’est très facile, nous avons des matériels ici, par exemple pour la lecture, nous avons la tablette, nous avons le poinçon et le bristol que nous utilisons pour l’écriture. Et la lecture, nous avons des fiches que nous faisons, sous ces fiches il y a des lettres, et sous ces lettres les enfants arrivent à lire », a-t-elle fait savoir.
Mamadou Amirou Bah, ancien étudiant, devenu non-voyant à cause d’une maladie, a retrouvé espoir grâce à l’école des aveugles et malvoyants de Ratoma. Déterminé à être utile à la société, il témoigne d’un parcours de courage et de résilience.
Mamadou Amiro Bah, ancien étudiant devenu non-voyant« Après avoir fini mes études en 2016, j’ai obtenu le diplôme en 2017. En juin 2017, je suis parti en Côte d’Ivoire où j’ai eu du travail. J’ai commencé à travailler. Je me suis marié. Tout d’un coup, la maladie s’est présentée à moi. On s’est battu jusqu’à il a fini par prendre mes yeux en 2023. C’est en 2023 que j’ai complètement perdu mes yeux. Quand j’étudiais, je voyais. Jusqu’en 2022, je voyais. C’est en 2022 que j’ai senti que j’avais la maladie des yeux. D’après les médecins, c’est une maladie incurable, le glaucome. On s’est battu, mais ça n’a pas marché. Lorsque j’étais à Abidjan, j’ai vu une fille non-voyante qui me disait qu’elle étudiait pour être médecin. Quand j’ai perdu mes yeux, j’ai pensé directement à elle. J’ai voulu me rendre aussi à Abidjan. Mais il y a un oncle qui m’a parlé de cette école. J’ai cherché ça aussi, très fatigué. J’ai consulté YouTube. J’ai vu une publication de Guineematin, un certain M. Sow y a laissé son numéro. Je l’ai appelé, il m’a indiqué l’école. Je suis venu ici. Franchement, je dis Dieu merci. Avant d’être ici, le moral était très bon, et quand je suis venu ici encore, ça devient de plus en plus bon. Mon objectif, c’est d’être utile à la société. J’avais fait la Sociologie à l’université. Mon objectif, c’est d’être utile à la société », a laissé entendre notre interlocuteur.
Entre espoir, détermination et solidarité, l’école des aveugles et malvoyants de Ratoma incarne la preuve vivante qu’avec de la volonté, le handicap n’est pas une fatalité. Malgré les défis matériels, enseignants et apprenants poursuivent le même objectif : faire de l’éducation inclusive une réalité durable en Guinée.
Jacqueline Kourouma pour Guineematin.com
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