Que sont-ils devenus :  Le cri de cœur de Ibrahima Sory Diallo ‘’maître Kawachi’’ médaillé d’or du judo guinéen, en détresse

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Je n’ai aucune relation avec ce département (Sport, ndlr), ni avec aucun de ses cadres. J’ai tenté à plusieurs reprises pour avoir des rencontres, impossible et toutes les portes me sont fermées. On ne me permet pas d’exposer mes problèmes, ma misère. Je ne fais pas partie de la liste de ces anciennes gloires, qui continuent de bénéficier de ces 5.000.000 GNF. Pourtant sur le plan sportif, du judo, je suis un médaillé d’or et d’argent de ce pays. Je suis partout bloqué, et je ne profite de rien, même des invitations, ne serait-ce que par reconnaissance pour assister aux activités sportives dans le domaine du judo. Je suis un oublié, un laisser pour compte.

Ibrahima Sory Diallo alias ‘’ Maître Kawachi’’, est judoka 8ème dan, et fait partie de l’un des premiers médaillés d’or du judo guinéen en 1968. Né en 1943, il est fils de feu Thierno Abass, et de feue Mamadou Lamarana Dyioun Diallo. Marié à 2 femmes, il est père de 10 enfants.

Ibrahima Sory Diallo, n’a pas connu la route ou le chemin de l’école, et par contre, il apprendra la mécanique, pour servir plus tard, en qualité de contremaître général de la tour de fabrication de la société guinéenne de fabrication (SOGUIFAB). Il fait partie des premiers employés, dit-il de cette dite-entreprise.

Sur le plan sportif, Maître Kawachi a été capitaine de l’équipe nationale de judo, et celle de l’armée nationale. Plusieurs jeunes pour témoins, à travers notre rubrique, sont passés par son école, et ont été de grands champions, ou amateurs de judo en Guinée.

Guinéenews, à travers sa rubrique ‘’ Que sont-ils devenus ?’’, a rencontré cet ancien champion, médaillé d’or du judo guinéen, à son domicile, au quartier Nassouroulaye, dans la commune de Ratoma. Notre invité garde encore sa forme au vu de son physique, son talent, et surtout  son envie de relater ce qu’il ressent, pour avoir un jour servi la nation Guinée. Il essaye tant bien que mal de se maintenir. Ibrahima Sory Diallo ‘Kawachi’’, nous relate tout cela dans cette interview, qu’il a bien voulue nous accorder.

Découvrez, le parcours et la vie actuelle de cet ancien champion guinéen de judo, en détresse.

Lisez !

Guinéenews : Bonjour (par révérence) maître Kawachi, heureux de vous rencontrer, et dites-nous comment vous êtes venu à ce sport de judo ?

Ibrahima Sory Diallo ‘’Kawachi’’ : J’ai commencé tout d’abord à pratiquer la boxe, ensuite le Karaté, et finalement mon dernier choix fut le judo. Mon implication dans tous ces choix, était due au fait qu’un jour, une certaine personne (dont je vais taire le nom), s’était mise en position de combat contre mon père. Et depuis, très jeune, j’ai promis de venger, et de protéger les miens, à travers les arts  martiaux. C’est à partir de ce jour que j’ai lancé ce défi, j’ai décidé, et je me suis mis à l’œuvre dans l’apprentissage de toutes ces disciplines associées.

Guinéenews : parlez-nous de votre parcours ?

Ibrahima Sory Diallo ‘’Kawachi’’ : Mon parcours est fortement lié à celui du judo national guinéen. J’ai combattu au compte de la sélection nationale guinéenne, en tant que capitaine de l’équipe du moment, et celle de l’armée guinéenne. J’ai participé à de nombreux tournois sur le plan national et international. J’ai été médaillé d’or en 1968, j’ai combattu et reçu une formation aux USA, à l’académie Air-force de Colorado en 1981. Dans le même cadre, j’ai été à Washington, à New York, pour encore remporter d’autres combats organisés. Je suis diplômé de la fédération internationale de judo, sans compter que je suis récipiendaire de plusieurs satisfécits de la part du comité international olympique.

J’ai participé au 7ème championnat africain de judo en 1983, ainsi qu’à plusieurs autres championnats africains, dont je ne me rappelle plus les dates et lieux. Vous comprendrez que l’âge est en train de jouer, ou de gérer ces derniers temps. Je vous signale aussi qu’au temps de la Révolution, j’ai été toujours sollicité par pas mal de dirigeants, pour entraîner leurs différents fils au judo. J’ai eu l’opportunité d’entraîner même le fils du président feu Ahmed Sékou Touré, et ceux de plusieurs autres autorités politiques du pays.

Guinéenews : Peut-on connaître les noms de quelques-uns de vos coéquipiers de l’époque ?

Ibrahima Sory Diallo ‘’Kawachi’’ : J’ai eu pour entraineur maître Fadiga, et maître Barry. Parmi mes coéquipiers, je peux citer Sow Mamadou Aliou ‘’Tokyo’’, Pévé ‘’Dragon’’, maître Bouna, maître feu Salifou Kalagan, Diallo Cellou, feu général Diarra (le père du général Amara Camara) et plusieurs autres. J’ai réellement beaucoup plus travaillé en compagnie de feu maître Salifou Kalagan, avec qui, j’ai plusieurs fois voyagé en Afrique et dans le monde. Il fut un ami sincère, en dehors même de ce sport.

Guinéenews : Au vu de tous vos papiers administratifs et sportifs, nous avons constaté que le surnom ‘’Kawachi’’ est collé partout à votre identité. Peut-on savoir l’historique de ce surnom, qui court sur toutes les lèvres à chacune de vos apparitions, et qui a absorbé votre véritable nom ?

Ibrahima Sory Diallo ‘’Kawachi’’ : J’ai été surnommé ‘’Kawachi’’, lors d’un tournoi de formation de judo au Japon. J’avais remporté tous les combats de ma catégorie 63kg. Maître ‘’Kawachi’’, est le nom d’un grand champion japonais. C’est à la suite de ces différents combats livrés, que les Japonais m’ont octroyé ce surnom, qui est resté et qui domine mon nom de baptême : Ibrahima Sory Diallo.

Guinéenews : Combien d’années avez-vous fait dans la pratique du judo, et en quelle année avez-vous précisément pris votre retraite ?   

Ibrahima Sory Diallo ‘’Kawachi’’ : Je me rappelle plus précisément, de la date à laquelle, j’ai commencé la pratique de tous ces sports. Plus sûr, je pourrais affirmer que c’est juste après l’indépendance. Je n’ai pas totalement raccroché, et si je ne m’entraine pas au judo, je tombe malade. Jusqu’ici, je transporte tous les matins 11 bidons de 20 litres d’eau, du lieu de puisage à la maison, qui compte une petite distance quand même. Je continue de préserver ma santé, et à ma connaissance, de toute ma vie, je ne suis tombé malade que 5 fois (3 fois maux de tête, et 2 fois maux de ventre).

Guinéenews : Quelles sont vos réelles occupations qui couvrent votre quotidien ?

Guinéenews : Je fais mon sport tous les matins après la prière de l’aube, ensuite c’est devenu une corvée car, je puise de l’eau pour la famille. J’ai un lieu où je concasse à la main des roches pour en faire des matériaux de construction.

Je ne rate surtout jamais mes 5 prières, et de temps à autre, j’assiste aux affaires sociales du quartier, et au sein de la famille. Et tous les jours, je m’entraine au judo, soit seul, soit avec des élèves à moi, qui ne me lâchent jamais.

Guinéenews : Qu’est-ce que vous ressentez aujourd’hui, après toutes ces années de pratique du judo, et qu’est-ce que ce sport vous a-t-il apporté ?

Ibrahima Sory Diallo ‘’Kawachi’’ : Que de beaux souvenirs, quand je me rappelle du nombre de victoires obtenues, de médailles gagnées, de voyages effectués à travers le monde, c’est juste ce que je retiens comme avantages. Sinon, je n’ai rien eu d’autre, qui aurait pu améliorer ma vie. J’ai combattu au nom de la patrie, pour l’honneur de mon pays.

Aujourd’hui, je suis complètement ignoré, je vis dans un dénuement total. Je vis, comme si je n’ai jamais participé au développement de ce sport en Guinée. Le nombre d’élèves judokas que j’ai formés, sont des exemples de participation, ou de contribution dans le développement du judo en Guinée.

Guinéenews : De quoi vivez-vous, en clair quelles sont  vos sources de revenus ?

Ibrahima Sory Diallo ‘’Kawachi’’ : Je vis de ma retraite civile, une pension de 672.610 FG. Comment s’occuper d’une famille de 10 bouches à nourrir, avec un tel montant. C’est impossible, et j’habite d’ailleurs dans une concession familiale, c’est ce qui réduit un peu la charge, puisque je ne paye pas le loyer. Je n’ai pas pu avoir même un lopin de terre pour construire, pendant mon temps de pleines activités.

Présentement, il est aussi difficile pour moi de couvrir correctement les frais de scolarité de mes tout jeunes enfants. Je suis désorienté, et que faire ? Sinon que de s’en remettre à la volonté de Dieu.

Guinéenews : Avez-vous des relations avec le département des sports ?

Ibrahima Sory Diallo ‘’Kawachi’’ : Je n’ai aucune relation avec ce département, ni avec aucun de ses cadres. J’ai tenté à plusieurs reprises pour avoir des rencontres, impossible et toutes les portes me sont fermées. On ne me permet pas d’exposer mes problèmes, ma misère. Je ne fais pas partie de la liste de ces anciennes gloires, qui continuent de bénéficier de ces 5.000.000 GNF. Pourtant sur le plan sportif, du judo, je suis un médaillé d’or et d’argent de ce pays. Je suis partout bloqué, et je ne profite de rien, même des invitations, ne serait-ce que par reconnaissance pour assister aux activités sportives dans le domaine du judo. Je suis un oublié, un laisser pour compte.

Guinéenews : Quel message avez-vous à livrer aux autorités en charge du sport guinéen, au peuple de Guinée tout entier ?

Ibrahima Sory Diallo ‘’Kawachi’’ : Je remercie tout d’abord le Tout-puissant ALLAH, de m’avoir gardé jusqu’à ce jour encore en bonne santé. Je demanderais aux autorités compétentes, au peuple de Guinée, et surtout au Général Président Mamady Doumbouya, de venir à mon secours. Je mérite un soutien de la part de tous. Je vis dans l’anonymat sans aucune ressource, à part ma maigre pension. Je vis avec ma famille dans la concession laissée par mes parents. Et cette même maison, qui est l’unique abri, est en train de tomber en ruine, si l’on ne me vient pas en aide. J’ai besoin de rencontrer le Président Mamady Doumbouya, et jusque-là l’occasion ne s’est pas présentée encore, et je n’ai pas pu accéder à lui.

Je fus un sincère ami au père du Général Amara Camara. J’ai travaillé avec le défunt Général Diarra Camara (paix à son âme) aux camps Alpha Yaya et Samory Touré, dans le cadre du judo. Je demanderais donc à tout ce monde de me venir en aide. J’ai servi ce pays, j’ai défendu les couleurs nationales de mon pays, j’ai ensuite contribué à la formation des jeunes dans le cadre du judo. Il faudrait que les dirigeants de ce pays, pensent à nous, qui avons hissé haut le drapeau guinéen, dans tous les domaines.

Au peuple de Guinée, je dirais merci pour toutes ces considérations que cette population nous accorde à chaque rencontre. Malgré mon âge, je peux toujours apporter quelque chose au judo guinéen. Merci à vous aussi journalistes pour ce que vous êtes en train de faire pour nous les oubliés.

Entretien réalisé par LY Abdoul pour Guinéenews.

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