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Le port artisanal de Balaquikonie, situé à Dabondy, dans la commune de Matam, est confronté à d’énormes difficultés liées à la pêche artisanale. Manque de matériels et difficultés d’en obtenir, insalubrité, concurrence des gros bateaux de pêche, surpêche sont entre autres plaintes des acteurs de la pêche artisanale. Dans un entretien accordé à une équipe de Guineematin.com ce mardi, 16 septembre 2025, ils ont expliqué leurs difficultés et sollicité l’intervention de l’Etat pour changer la donne.
Mamadou Dos Camara, qui a commencé la pêche artisanale depuis le premier régime, explique les difficultés liées à ce métier.

« Cette activité de pêche artisanale, je l’ai commencée depuis le temps de Sékou Touré, mais les difficultés qui existaient à ce temps n’étaient pas nombreuses. Parce qu’à son temps, Sékou Touré nous aidait à avoir les machines. Les filets ne coûtaient pas chers, les machines ne coûtaient pas chères non plus. Mais aujourd’hui, les machines, si tu n’as pas 35 millions GNF, tu ne peux pas les acheter. Si tu veux les filets complets, si tu n’as pas 20 millions, tu ne peux pas les acheter, sauf si tu te débrouilles avec les petits morceaux que tu assembles pour pouvoir avoir des filets afin de subvenir aux besoins de ta famille. Moi, depuis que j’ai commencé ce travail au temps de Sékou Touré, jusqu’à présent, je n’ai pas pu construire une maison, je n’ai pas pu acheter un terrain. Il y a les ordures qui s’accrochent aux filets et les ordures pénètrent dans les filets. Ce jour-là, tu ne peux pas avoir la subsistance de la famille. Si tu mets 40 litres d’essence et que tu attrapes des poissons qui ont la valeur de 10 000 GNF, ton argent-là, tu l’as perdu. Les pirogues que nous avons ici, au bout de trois ou quatre mois, tu vas trouver qu’elles sont gâtées. Si ces pirogues se gâtent, les bois coûtent chers. On paie certains bois à 150 000 GNF. Si tu dois acheter 50 pièces ou 100 pièces, si tu n’as pas d’argent, tu vas te retrouver sans travail », a-t-il indiqué.
Un autre pêcheur, Macka Keita, explique que les détenteurs des gros bateaux mettent en péril leur activité et surtout mettent en danger les produits halieutiques.

« La pêche artisanale, rien ne l’a abîmée autant que les étrangers qui ont plus de force que nous. Ils attrapent tellement de poissons que si vous partez à Bonfi et que vous les voyez, vous n’allez pas y croire. Allez en Guinée-Bissau pour voir leur politique. Certains filets de pêche y sont interdits. Mais chez nous, tous les modèles sont là et personne n’ose dire la vérité aux autorités. Leur préoccupation principale, c’est d’avoir à manger. Cet océan devait nous apporter de bonnes choses. Ce n’est pas Dabondy seulement, tous les ports artisanaux travaillent. Pourquoi les étrangers sont laissés sans aucune restriction ? C’est pourquoi la population a faim. Chaque saison pluvieuse, les ordures et les débris de bois remplissent la mer. Là où les poissons doivent manger, ils ne trouvent plus rien. C’est pourquoi il y a la rareté des poissons à Dabondy. Si les autorités ne se lèvent pas pour mettre fin à cela, je crains », a indiqué Macka Keita.
Même son de cloche chez Yamoussa Camara, un autre pêcheur qui explique les difficultés liées à ce port artisanal.

« Il y a beaucoup de difficultés ici. La première difficulté est liée à l’aménagement de ce port. Même s’il n’est pas grand, nous aussi, pour que nous puissions quitter la boue et les ordures… Puisque tout ce que vous voyez ici, c’est nous qui nous sommes débrouillés pour faire ce qui est là afin de soulager un peu la population. La deuxième préoccupation, c’est le matériel de pêche : à commencer par les machines et les filets. Le gouvernement est en train de faire des efforts, s’il continue comme ça, je dirais Dieu merci. J’ai passé presque toute ma vie ici. Ce que je souhaite, c’est que la pêche artisanale aille de l’avant. Mais les bateaux nous fatiguent. S’ils partaient pêcher seulement leur quantité, cela serait mieux, mais ils vont pêcher toute sorte de poissons, même les plus petits. Si les enfants finissent dans une localité, il n’y aura plus de vieux dans cette localité. Alors ces pêcheurs dans les bateaux attrapent les petits poissons et, pire, certains même les jettent. Cette pratique diminue la production de poissons dans le pays », dénonce-t-il.
Pour sa part, Aboubacar Camara, demande à l’État de privilégier la pêche et l’agriculture pour le développement du pays.

« Nous demandons que la subvention puisse être bien répartie. En plus, les autres pays développés, eux, ne se concentrent pas sur les mines, ils se concentrent sur la pêche, l’agriculture et l’élevage, c’est ce qui peut faire avancer le pays. Les mines détruisent le pays. Nous n’accusons pas les autorités, mais ceux à qui elles confient la gestion ne la font pas bien », a martelé monsieur Camara.
Yayé Oumou Barry et Thierno Hamidou Barry, pour Guineematin.com
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