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Depuis l’incendie du principal dépôt d’hydrocarbures de Conakry dans la nuit du dimanche au lundi, 18 décembre 2023, le gouvernement a ordonné la fermeture des stations-services du pays, afin d’évaluer le stock de carburant existant. Mais, cette mesure n’est pas sans conséquence sur la vie des populations. C’est pourquoi, depuis plus de 24 heures, les habitants de Conakry sont calfeutrés chez eux à l’appel du gouvernement et la circulation est moins dense à cause de la rareté du carburant et la flambée de son prix sur le marché noir.
Dans les gares routières visitées par un reporter de Guineematin.com dans la matinée de ce mardi, 19 décembre 2023, c’est une ambition morose. Contrairement à ce qu’on pourrait imaginer de loin, il y existe quelques véhicules prêts sur les différentes lignes à desservir les villes de l’intérieur du pays. Mais, certaines lignes ont déjà connu une légère augmentation du coût du transport.
Désigné par son secrétaire général, Amara Doumbouya, membre du syndicat de la ligne N’Zérékoré à la gare routière de Gombouya, soutient que cette situation n’a eu aucune répercussion sur le tarif. Ce syndicaliste reconnaît tout de même que la fermeture des stations a entraîné une paralysie dans le domaine.
« Depuis la fermeture des stations-services, notre travail est un peu paralysé. Mais, malgré cette situation, nous on n’a pas augmenté le transport. Jusqu’à présent nous nous prenons les gens à 300.000 de Conakry à N’Zerekoré (Minusbus) et le taxi c’est à 330.000. Chez nous ici, la consigne est claire, ceux qui ont fait le plein avant ces événements, ce sont eux qui viennent prendre les passagers. À part ça, globalement, il n’y pas de véhicule. Les passagers ne viennent qu’à compte-goutte. Vous savez, depuis ces événements, les gens ne sortent presque pas. Mais, néanmoins, il y a quelques passagers qui arrivent petit à petit. Nous savons que le gouvernement a parlé d’une période de 72 heures. Passé ce délai, qu’ils vont rouvrir. Nous leur demandons en tout cas de se pencher sur la question afin que les choses redeviennent à la normale », a dit ce transporteur.
Croisé au bord de la gare routière de Gomboyah où il est à la recherche d’une occasion (voiture personnelle) pour N’Zerekoré, Georges N’guessan a dit avoir fait 4 heures avant d’avoir un véhicule avec un écart de prix.
« Je suis là depuis 6 heures 30’. J’ai l’habitude d’emprunter les voitures personnelles qui vont vers N’Zerekoré, mais aujourd’hui il n’y en a pas. C’est quasi inexistant. C’est ainsi, j’ai cherché à avoir un minibus, ça aussi ce n’était pas facile, mais par la grâce de Dieu j’en ai eu un. En ce qui concerne le prix du transport, il y a eu une légère augmentation, ce qui est tout à fait normal, parce que c’est difficile d’avoir le carburant actuellement et les chauffeurs aussi doivent manger. Aujourd’hui, c’est de 350 à 380 mille pour minibus et taxis. C’était compréhensible », a dit ce jeune Ivoirien.
Mandjou Sangaré, secrétaire général du syndicat USTG de N’Zérékoré, lui aussi rencontré au bureau du syndicat de Gomboyah, invite l’État à agir.
« Nous les transporteurs nous souffrons plus que tout le monde en ce moment, parce que si on ne voyage pas, on ne peut pas gagner à manger. Nos voitures sont garées pour faute de carburant. Ce qui est arrivé, nous sommes conscients que ce n’est pas la faute du gouvernement. C’est pourquoi nous n’avons pas majoré le prix du transport. Toutefois, nous supplions le gouvernement de libérer les stations pour que les chauffeurs puissent s’approvisionner en carburant pour assurer le trafic. Sinon, si là où les gens se débrouillent est fermé, ça peut engendrer d’autres crises », a indiqué ce syndicaliste.
En instance de voyage sur Siguiri, Mariama Kaba vient corroborer le propos du syndicat.
« Pour dire vrai, on n’a pas souffert pour avoir la voiture. Ce matin, à notre arrivée, on a trouvé deux véhicules sur la piste. Depuis 8 heures on est là, et c’est maintenant (à 10 heures) que le premier véhicule a bougé. Et nous, nous sommes dans le deuxième. On a pris assez de temps ici. C’est 230 000 francs qu’on a payé d’ici Siguiri. Je pense que c’était le prix d’avant », a-t-elle dit.
À la gare routière de Kagbelen, c’est silence radio. Là-bas, syndicat et chauffeurs s’abstiennent de tout commentaire devant notre micro. Ils soutiennent cependant que tout va bien. Sauf qu’au terme d’une enquête menée auprès de quelques usagers et chauffeurs, il s’avère que malgré la disponibilité des véhicules sur les différentes lignes, le coût du transport a été revu à la hausse. C’est le cas de Koba qui quitte 35 000 à 50 000 francs. Cependant, sur la ligne de Fria et Boké, les prix sont restés inchangés.
« D’habitude moi je payais 50 mille d’ici Fria. Mais, à ma grande surprise, on me dit aujourd’hui que c’est à 40 mille. Et du coup, j’ai appelé mon père pour m’envoyer cette somme afin que je puisse acheter mon billet. En tout cas, la ligne Kagbelen – Fria, je n’ai pas constaté de l’augmentation. Quand même il n’y a pas assez de véhicules. Je n’ai trouvé que deux voitures sur la ligne quand je suis arrivé. Le premier est parti et le deuxième n’est pas encore rempli, vu la rareté des passagers. Je suis là depuis 8 heures et jusqu’à présent notre véhicule n’est pas rempli. Pour certains, il y a eu forcément une augmentation du prix du carburant, donc il faut reporter son voyage. C’est le cas d’un ami avec qui je devrais bouger aujourd’hui. Il m’a dit qu’il préfère attendre », a expliqué Mohamed Camara, élève en partance pour les congés à Fria.
Malick DIAKITE pour Guineematin.com
Tél : 626-66-29-27
L’article Pénurie de carburant à Conakry : notre constat dans les gares routières de Gomboyah et Kagbelen est apparu en premier sur Guineematin.com.