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Alors que le Sénégal voit sa notation par les agences américaines Moody’s et Standard & Poor’s (S&P) chuter, la Guinée-Conakry obtient sa toute première notation inaugurale positive, B+. Toutefois, selon des économistes cités par L’Observateur, le Sénégal pourrait rapidement inverser cette tendance.
L’agence de notation américaine Standard & Poor’s (S&P) vient d’attribuer à la République de Guinée sa première note souveraine, B+, avec perspective stable. Il s’agit d’un signal positif pour l’économie guinéenne, qui se positionne ainsi au-dessus de la moyenne africaine et en troisième position en Afrique de l’Ouest. Selon L’Observateur, le rapport de S&P met en avant la place de la Guinée comme leader mondial de la bauxite, ainsi que le développement du secteur du fer avec le projet Simandou, présenté comme devant devenir la plus grande mine de fer au monde et pouvant contribuer à une croissance du PIB de l’ordre de 10 % par an. Parmi les éléments pris en compte figurent également les efforts de transformation locale, la diversification économique, certains indicateurs budgétaires et une dette publique qualifiée de structurée, sans oublier les discussions en cours avec le FMI pour un nouveau programme. Il convient de rappeler que la Guinée a procédé à un rebasing de son PIB, sous la houlette de l’Institut National de la Statistique et avec l’appui de la Banque africaine de développement, du FMI et de la Banque mondiale. Cette révision a porté le PIB national 2024 à 36,3 milliards de dollars (plus de 20 000 milliards FCfa), soit une augmentation de près de 50 %, ce qui positionnerait la Guinée comme la deuxième économie de l’Afrique de l’Ouest selon ce nouveau calcul, souligne L’Observateur.
Pourtant, à en croire l’économiste-planificateur Ibrahima Kaba, interrogé par L’Observateur, la note B+ ne suffit pas à garantir la stabilité : la volatilité des cours mondiaux et le faible impact sur l’emploi et la diversification économique demeurent préoccupants. Ibrahima Kaba confirme : « La Guinée est riche en ressources minières, mais cela reste une économie spécialisée, vulnérable aux fluctuations des prix des matières premières et aux défis institutionnels ».
« La Guinée a une notation S&P meilleure que celle du Sénégal en ce moment, mais… »
Le Sénégal a vu sa note souveraine chuter en juillet dernier. Standard & Poor’s (S&P) a abaissé pour la deuxième fois consécutive la notation du pays, qui est passée de B en mars à B-, assortie d’une perspective négative. Il s’agit de sa note la plus basse depuis sa première notation en 2000. Selon L’Observateur, la détérioration de la situation budgétaire du Sénégal ainsi que les besoins de financements accrus sont identifiés comme les principales causes de cette baisse. Auparavant, en février, l’agence Moody’s avait également dégradé la note du Sénégal, passant de B1 à B3, avec des perspectives négatives.
Pour le Dr Seydina Oumar Sèye, économiste et consultant international, cité par L’Observateur, en 2023, l’économie guinéenne, marquée par une croissance minière volatile et portée par l’explosion de sa production de bauxite et d’alumine, a temporairement surpassé celle du Sénégal en termes de taux de croissance. Cependant, cette situation conjoncturelle masque des réalités structurelles profondément différentes et un potentiel de rebond sénégalais qui pourrait, à moyen terme, inverser à nouveau la donne, notamment grâce au rebasing du PIB sénégalais.
La notation de crédit ne mesure pas directement la taille de l’économie, le PIB, le revenu par habitant ou le rôle régional. « Elle évalue le risque de crédit, la capacité de remboursement et la stabilité macroéconomique », explique Ibrahima Kaba à L’Observateur. Selon lui, la Guinée bénéficie actuellement d’une notation S&P supérieure à celle du Sénégal, mais cela ne signifie pas qu’elle dépasse le Sénégal sur le plan économique. « Cette notation reflète avant tout que le risque souverain est perçu comme moins élevé en Guinée, notamment concernant la soutenabilité de la dette, les perspectives de croissance et la structure de la dette. Cela ne veut pas dire que la Guinée est ou sera immédiatement la deuxième puissance économique de l’Afrique de l’Ouest par rapport au Sénégal », précise-t-il.
« Le Sénégal est bien placé pour dépasser à nouveau la croissance guinéenne »
Selon le Dr Seydina Oumar Sèye, le rebasing du PIB et l’avènement des hydrocarbures constitueront les leviers majeurs du rebond économique sénégalais. « La donne économique du Sénégal est sur le point de connaître une transformation radicale, laissant présager un dépassement rapide de la performance guinéenne à court terme », explique-t-il à L’Observateur. Le potentiel des hydrocarbures jouera également un rôle déterminant. « Le véritable game-changer réside dans l’exploitation imminente des champs pétroliers et gaziers de Sangomar (pétrole) et de Grand Tortue Ahmeyim-GTA (gaz). Contrairement au modèle minier guinéen, ces projets généreront des recettes budgétaires massives, stimuleront la valeur ajoutée et l’emploi, amélioreront durablement la balance commerciale et garantiront la sécurité énergétique du pays ».
L’économiste souligne que le retour des équilibres macroéconomiques et de la confiance des investisseurs passera par une mise en œuvre réussie du programme du FMI et une gestion irréprochable et transparente des futures recettes pétrolières et gazières. Selon lui, la supériorité guinéenne ne constitue donc qu’une parenthèse conjoncturelle dans une course de fond où le Sénégal dispose d’atouts structurellement plus puissants et durables. « Le Sénégal est bien placé pour non seulement dépasser à nouveau la croissance guinéenne, mais surtout pour s’engager sur une trajectoire de croissance structurellement robuste, diversifiée et créatrice de richesse partagée, consolidant ainsi son statut de hub économique majeur en Afrique de l’Ouest », conclut-il à L’Observateur.
La situation actuelle, où la croissance guinéenne surclasse temporairement celle du Sénégal, reflète donc un phénomène conjoncturel. La dynamique fondamentale sénégalaise, reposant sur l’agriculture, le tourisme, les services, les industries et le BTP, offre un potentiel de croissance durable bien supérieur à court et moyen terme. Une notation légèrement supérieure de la Guinée traduit une perception plus favorable du risque, mais ne remet pas en cause le leadership économique du Sénégal dans la sous-région, souligne L’Observateur
Source : Senenews
L’article Notation S&P : La Guinée, deuxième économie devant le Sénégal, le vrai du faux ! est apparu en premier sur Actuguinee.org.