PLACEZ VOS PRODUITS ICI
CONTACTEZ [email protected]
Cette mission s’est déroulée à Conakry, du 21 janvier au 04 février 2024, dans une clinique de la place. Elle a été conjointement organisée par l’Association Guinéenne pour la Promotion de la chirurgie Orale et Maxillo-Faciale (AGUIPROCOM), avec l’appui de l’ONG française, les «Enfants Du Noma» et la fondation « Jida Khazal.»
Pour mieux comprendre le sens et la portée de cette activité médicale humanitaire, votre site d’informations guineenews a rencontré le Professeur Raphiou Diallo, chirurgien maxillo-facial, chef de service d’odontostomatologie et chirurgie maxillo-faciale de l’hôpital national Donka. Cet éminent spécialiste (professeur titulaire), est en même temps, le Président fondateur de l’ONG, AGUIPROCOM, initiatrice de la mission. (Entretien)
Guineenews :Bonjour professeur et merci de nous recevoir, malgré les contraintes qui vous font passer, chaque jour, de la consultation au bloc opératoire et inversement. Une circonstance qui nous oblige à ne pas abuser du temps précieux que vous avez, à assumer ces différentes charges et responsabilités. Pouvez-vous nous parler des résultats obtenus, au terme de cette dernière mission médicale humanitaire de chirurgie orale, maxillo-faciale, qui s’est tenue chez nous ?
Professeur Raphiou: merci de l’intérêt que vous portez à nos activités. Il est vrai qu’elles sont toutes, éminemment sociales, quoique assez espacées, eu égard aux moyens dont nous disposons. Nous sommes heureux de noter que votre site, guineenews, soutient toujours de telles causes, ce qui est tout à votre honneur.
Comme vous l’avez déjà rappelé, vous me permettrez de revenir là-dessus. C’est à la fois de la pédagogie, qui recommande la répétition et une confirmation de vos propos. Du 21 janvier au 04 février dernier, notre ONG, AGUIPROCOM, « Association Guinéenne pour la Promotion de la Chirurgie Maxillo-Faciale » a organisé, dans une clinique partenaire de la place, une mission humanitaire de chirurgie maxillo-faciale. Pour mener à bien cette activité, nous avons bénéficié du concours précieux et inestimable d’ONG partenaires, notamment, « les Enfants Du Noma,» une ONG française et la fondation « Jida Khazal.»
Pour en revenir aux résultats globaux, obtenus, durant les deux semaines qu’a duré la mission, 245 patients ont été consultés et 126 ont bénéficié d’intervention chirurgicale gratuite.
C’est le lieu de signaler que plusieurs de ces patients ont bénéficié, durant le même temps opératoire, de deux ou trois interventions, cela, selon le type de maladie. C’est le cas des ankyloses et des patients souffrant du noma, par exemple.
Guineenews : il paraît que cette dernière mission a eu la particularité de voir intégrer une approche multidimensionnelle, dans son déroulement. Pouvez-vous nous en parler ?
Professeur Raphiou : oui, c’est bien le cas. Au-delà du caractère médico chirurgical de cette mission humanitaire, nous mettons un accent particulier sur la formation continue des jeunes chirurgiens, dans le domaine de la chirurgie maxillo-faciale. Il s’agit donc aussi, d’une mission de transfert de compétences .
Guineenews : ce transfert de compétences, comme vous le dites, vous ne l’avez pas limité qu’aux jeunes chirurgiens guinéens, exclusivement. Vous l’avez aussi étendu à d’autres homologues africains. Serait-ce, pour donner à votre action, une portée, un rayonnement sous régional plus marqué ?
Professeur Raphiou : oui, c’est bien cela ! Vous avez vu juste. L’esprit qui nous anime est celui de faire rayonner notre action, le plus largement possible, au-delà des frontières de notre pays. Pourquoi pas, même plus loin. Il n’y a aucune prétention dans nos propos, non plus, aucune once d’ambition démesurée. Ce que nous vous disons, est du domaine du possible. ll suffit qu’il y ait une bonne organisation, un partenariat effectif, une spécialisation continue des acteurs et une synergie d’action, entre les ONG évoluant dans la discipline, pour tenir le pari. Nous voulons apporter des soins gratuits et concluants, à tous ceux qui souffrent de pathologies maxillo-faciales, où qu’ils se trouvent, bien entendu, en commençant par nos compatriotes. Par ce biais, nous vendons aussi l’expertise guinéenne, en réussissant des prouesses chirurgicales, parfois inédites, dans le contexte sous-régional, pour nous limiter à cette stricte échelle comparative.
Comme pour illustrer les prémisses de cette idée, nous avons reçu cette année, pour la formation, en plus des chirurgiens guinéens, deux chirurgiens maxillo-faciaux du Mali et un du Sénégal. Ces chirurgiens viennent avec des malades qui ne pouvaient pas être opérés dans leur pays d’origine, cela, à cause des difficultés liées aux types de maladies.
Guineenews : Avez-vous, là aussi, un bilan à présenter ?
Professeur Raphiou : oui, nous avons opéré en tout, en plus des guinéens, dix malades venant du Mali, cinq du Sénégal, un jeune venant du Bénin et deux du Libéria.
Guineenews : qu’est-ce que tout cela vous inspire, Professeur ? Vous, en tant qu’éminent spécialiste, dans un domaine aussi spécifique et pointu, mais aussi, en tant que président fondateur d’une ONG qui s’investit dans les soins gratuits apportés à des malades, à la limite du désespoir ?
Professeur Raphiou : un des aspects de votre question reflète une autre dimension qui s’attache à la mission de chirurgie maxillo-faciale que nous organisons à Conakry. C’est la dimension sous régionale de cette mission humanitaire que nous apprécions hautement, en tant que guinéen, car notre pays est connu pour son hospitalité. On peut y ajouter également, la nouvelle dynamique que le monde scientifique est en train de mettre en œuvre, à travers ce partenariat fructueux entre les ONG qui s’investissent dans ce domaine particulier qui est celui de la chirurgie maxillo-faciale. Des échanges fructueux que le monde scientifique est en train de systématiser et de partager, entre experts.
Avec les ONG guinéennes et étrangères participant à l’organisation de nos activités, depuis 2019, nous avons pu mettre en place, une véritable symbiose ou synergie d’actions, pour réussir cette mission humanitaire gratuite.
Guineenews : comment faites vous concrètement pour obtenir un tel résultat ?
Professeur Raphiou : notre démarche est simple. Dès le départ, nous avons voulu intégrer plusieurs ou toutes les dimensions de la vie humaine, notamment celle du malade et de sa famille. C’est ainsi que nous obtenons toujours d’assez bons résultats, au bout du compte. Nous capitalisons à la fois, l’adhésion et la confiance de nos patients, mais aussi, celles de leurs parents. Et croyez moï, quand le malade sait, qu’en plus du sourire qu’on lui renvoie, nous lui assurons également une qualité et une gratuité des interventions et des soins post opératoires, il y a toutes les chances de le voir guérir, vite et bien. C’est là, l’un des fondements de notre réussite.
Guineenews : quelles sont les pathologies maxillo-faciales que vous traitez le plus fréquemment, pendant cette mission ?
Professeur Raphiou : elles sont nombreuses. Je vous en cite quelques-unes : les tumeurs maxillo-faciales ; les améloblastines; les dysphasies fibreuses ; les tumeurs des glandes salivaires ; le noma ; les fentes labio-palatines ; les ankyloses ; les ostéomyélites ; les séquelles des brûlures de la face ; les séquelles des traumatismes de la face.
Guineenews : à l’énoncé de ces pathologies, on comprend bien toute l’étendue des maladies auxquelles doit faire face le chirurgien maxillo- facial que vous êtes. Il est certain que l’énoncé de ces maladies n’est pas accessible à la grande majorité de nos lecteurs. Il s’agit de mots « savants » qui appartiennent au monde médical. Aussi, allons nous vous demander de bien vouloir accepter que l’on revienne sur certaines de ces pathologies, dans un autre entretien. Cela, pour mieux asseoir leur compréhension. Mais, d’ici là, professeur, quelles sont les personnes les plus enclines à contracter ces maladies et de quels moyens dispose-t-on, pour s’en prémunir ?
Professeur Raphiou : les pathologies maxillo-faciales sont très diverses. Vous l’avez constaté sans doute, à l’énumération que nous venons d’en faire, un peu plus haut. Elles atteignent les personnes de tous les âges et sexes confondus.
Certaines d’entre elles, peuvent être prévenues. C’est le cas des pathologies liées aux infections bucco dentaires, notamment : les cellulites d’origine dentaire et les ostéomyélites, qui peuvent être évitées par une bonne hygiène de la bouche, c’est-à-dire un brossage régulier, au moins deux fois par jour et deux consultations, chez le chirurgien-dentiste, par an.
Certaines tumeurs d’origine dentaire seront évitées par le traitement précoce des dents cariées et l’extraction systématique de toutes les racines résiduelles des dents, détruites par les caries.
Pour ce qui est du noma qui est une maladie multifactorielle, sa prévention repose sur une bonne nutrition des enfants et la vaccination contre la rougeole et un traitement précoce de toutes les lésions de la bouche, chez l’enfant.
Guineenews : professeur, j’espère bien ne pas me tromper, en disant qu’on ne peut pas parler d’intervention chirurgicale, sans parler du lendemain de l’opération, c’est à dire, le suivi, les traitements dispensés, jusqu’à la guérison complète
Professeur Raphiou : vous avez parfaitement raison ! Mais, sur ce plan, il n’y a aucun souci à se faire. La prise en charge des malades opérés par la mission, est assurée, à notre siège, par l’équipe médicale de notre ONG.
Nous avons le contact de chacun d’eux et nous les appelons pour les pansements, pendant toute la durée de leur convalescence et cela, même les week-ends ou jours fériés. Il en sera ainsi et gratuitement, jusqu’à leur guérison complète qui est notre souhait le plus ardent. Nous nous devons de leur redonner, à tous, le sourire.
Guineenews : professeur, c’est aussi, avec le même sourire que vous voulez redonner aux autres, que nous vous disons merci, à vous, ainsi qu’à toutes les équipes qui vous accompagnent dans l’accomplissement de ce geste gracieux et magnifique, en faveur des malades qui en ont le plus besoin.
Entretien réalisé par Diao Diallo, pour Guineenews