Makanéra : quand le parcours devient une leçon de vie (Par Mamady Touré)

il y a 3 heures 26
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Dans notre histoire, l’homme s’est toujours adapté au jeu qu’il a lui-même instauré, avec fidélité et perspicacité. C’est cela qui fait la différence entre les hommes.

Dans cette équation, il est essentiel d’aiguiser son regard, comme si l’on entrait pour la première fois dans la vie professionnelle quotidienne. Il faut oser, comme l’a fait Makanéra, en restant 20 ans dans l’opposition sans jamais rencontrer un ministre de la République ni même un simple directeur du régime en place. D’ailleurs, je pense qu’il a relevé le défi de prouver le contraire, sans que personne n’ait pu l’en empêcher.

Il faut oser être Makanéra. Tout au long de son parcours politique, il est toujours resté fidèle aux principes et aux idées, sans jamais se mettre au service d’une ethnie ou d’un groupe d’intérêts.

De la création des parties politiques en 1992, de l’UNR de Bâ Mamadou jusqu’à l’arrivée du Président Alpha Condé au pouvoir, il a su garder sa ligne. C’est d’ailleurs à un moment difficile pour Alpha Condé, alors en mauvaise posture face à son principal adversaire Cellou Dalein Diallo a élection présidentielle de 2010, que Makanéra a signé une alliance avec lui.

Le témoignage d’Ousmane Kaba en est une preuve : il a déclaré que, si le revirement en faveur du professeur Alpha Condé était une œuvre collective, Makanera, à lui seul, avait accompli 70 % du travail eux tous 30%. Ce dernier est encore vivant, et personne n’a jamais contesté ces faits — d’ailleurs, nul n’osera, car c’est la vérité.

Il faut être un Makanera pour accepter, après avoir lutté corps et âme afin de permettre au professeur Alpha Condé d’accéder au pouvoir — et avoir signé une alliance avec lui — d’occuper humblement un simple poste de conseiller dans un département ministériel.  

Pendant trois ans, il a exercé ses fonctions dans un bureau de moins de cinq mètres carrés, sans se plaindre. Alpha Condé comptait sur lui pour accompagner le ministre de l’Administration dans l’organisation du référendum, ce qu’il a accompli avec loyauté, abnégation et humilité.  

Personne ne peut nier car c’est une réalité. 

Après avoir accompli cette noble mission, Makanera a proposé au président Alpha Condé la création du RPG Arc-en-ciel, une coalition regroupant les grands partis politiques. Ce regroupement est devenu une force politique incontournable en République de Guinée, permettant au camp présidentiel d’obtenir la majorité à l’Assemblée nationale.

Par la suite, Makanéra fut nommé ministre de la Communication, fonction qu’il exerça avec rigueur. C’est dans ce cadre qu’un différend l’opposa au Directeur général de l’Office de publicité. Fidèle à ses principes, et ne voulant pas accepter l’humiliation ni voir ses droits de ministre piétinés, il rédigea sa lettre de démission et la déposa directement au bureau du ministre secrétaire général à la présidence, Kiridi Bangoura.

Ce dernier, toujours en vie, peut en témoigner. La démission de Makanéra fut rejetée par le président Alpha Condé, qui le rétablit dans ses droits, reconnaissant son talent et son importance dans la dynamique politique. Makanera contribua ensuite, avec humilité, à la réélection du président pour un second mandat.

Et sa « récompense » fut son limogeage du poste de ministre de la Communication. Malgré cela, Makanera retourna au sein du RPG arc-en-ciel pour mettre ses compétences et son expérience au service du parti qu’il avait lui-même contribué à fonder. Mais il fut de nouveau radié.

Il ne baissa pas les bras pour autant. Makanera rejoignit alors l’opposition républicaine dirigée par Cellou Dalein Diallo, président de l’UFDG, afin de former un front commun face au président Alpha Condé. Il devient même le porte-parole de cette opposition.

Mais l’ironie du sort frappa : Makanéra fut trahi par cette même opposition, notamment lors des élections communales à Boké, qui restent un témoignage marquant de cette trahison. Déçu, il décida de se retirer de l’opposition.

Par la suite, Alpha Condé le rappela, dans un esprit de réconciliation, pour lui exposer sa vision d’une Guinée meilleure et les grandes réformes à entreprendre dans le cadre d’un projet de société ambitieux. Il lui proposa de participer à la construction de la 4e République, en vue d’un premier mandat de 6 ans, Alpha fut élu pour un mandat de 6 ans renouvelable. 

Makanera fut député à l’Assemblée nationale et président de la commission Communication. Il y eut des désaccords entre lui et le président de l’Assemblée de l’époque, notamment en ce qui concerne la gestion interne et certains principes liés à leur projet de société.

Face à cette situation, le président Alpha Condé, soucieux du bon fonctionnement de l’Assemblée nationale, les convia à une rencontre pour trouver une issue favorable. Malgré cela, Makanera décida de suspendre toute intervention dans les médias pendant six mois.

Le pouvoir du président Alpha Condé fut renversé le 5 septembre 2021, exactement un an jour pour jour après son élection. Une semaine après le coup d’État, Makanéra fut le seul à intervenir sur les ondes pour défendre le bilan du professeur Alpha Condé et redonner espoir aux millions de militants déçus du régime.

Il déclara clairement que le CNRD n’était pas leurs adversaire car il était convaincu en avance que l’actuel politique dans son ensemble ont échoué, pendant que les autres, par peur ou opportunisme, restaient silencieux, cachés comme un chat fiévreux souffrant du paludisme.

Malgré les multiples démarches de certains de ses amis de rejoindre la transition en cours , Makanera est resté trois ans à observer l’évolution de la transition. Ce n’est qu’après avoir été convaincu que le président Mamadi Doumbouya est un homme providentiel, un patriote engagé au service de son peuple, qu’il a décidé de mettre ses compétences au service du CNRD pour une Guinée meilleure.

C’est pourquoi il me semble que cette attitude permet de lutter contre l’inertie du quotidien et de se renouveler, en trouvant à travers son travail une voie personnelle d’accomplissement.  

J’ose dire que l’action sans interrogation ennuie, l’interrogation sans découverte épuise, et la découverte sans action est frustrante.  

Je considère le cercle vertueux formé par ces trois attitudes comme une clé de progression, tant professionnelle que collective.  

Alhoussein Makanéra Kaké, l’homme de parole et de constance.  

Mamady Touré, membre fondateur de la Synergie GMD25.

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