Maison centrale de Conakry : « 35% des détenus sont jugés et 65% ne le sont pas » (Fallou Doumbouya)

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C’est un secret de polichinelle, la surpopulation carcérale à la maison centrale de Conakry accroît de façon exponentielle.

Face à cette situation, le parquet général près la Cour d’Appel de Conakry, décide désormais de juger les affaires pénales dans un délai raisonnable.

À cette occasion, il a réceptionné trois bus de 45 places chacun, pour le transport des détenus de la maison centrale pour les juridictions de jugement.

Selon un récent rapport de l’état des lieux à la maison centrale, seuls 35% des détenus sont jugés tandis que les 65% n’ont pas été présentés devant un juge, a révélé le procureur général, près la Cour d’Appel de Conakry.

« Au niveau de la maison centrale de Conakry, il y a une surpopulation carcérale qui ne cesse d’augmenter de façon exponentielle. Parce que quand vous prenez le ratio détenus jugés, et détenus non jugés, ceux non jugés, sont très élevés. À date, je peux dire aujourd’hui au niveau de la maison centrale de Conakry 35% des détenus sont jugés et 65% des détenus ne sont pas jugés. Cela viole l’ensemble des règles des Nations-Unies pour le traitement des détenus. Autrement dit les règles Mandela. Dans les conditions normales, le nombre de détenus condamnés doit être supérieur au nombre de détenus non condamnés », a-t-il déclaré à la faveur de cette réception dans l’enceinte de la maison centrale.

Les motifs de cette lenteur sont entre autres : le manque de diligence de la chaîne pénale et la quasi-absence de moyens logistiques.

« À Conakry, pas moins de huit juridictions répressives, on a qu’un ou deux bus qui doivent desservir ces huit juridictions », a-t-il déploré.

Suite à l’obtention des trois bus désormais, à travers le garage du gouvernement grâce aux hautes autorités du pays, Fallou Doumbouya assure que les affaires pénales seront jugé dans un délai raisonnable selon la loi.

« Le droit international lié au droit civil et politique dit que quiconque est poursuivi et qu’il soit privé de sa liberté, doit être jugé dans un délai raisonnable. Mais le constat au niveau de la maison centrale de Conakry, il faut avoir le courage de le dire, c’est un constat alarmant parce qu’il y a des détenus qui sont là qui ont fait cinq ans, six ans, sept ans, quinze ans, seize ans, sans qu’ils ne comparaissent devant un juge. Alors, il faut mettre fin à cette pratique, nous avons pris nos responsabilités conformément à notre serment et nous avons actionnés les parquets d’instance les procureur de la république de Conakry, ils sont tous là, les procureurs spéciaux c’est-à-dire le procureur militaire ainsi que le procureur du tribunal pour enfants à l’effet de diligenter ces responsabilités pour que nous ayons un taux de réponse au pénal pour qu’à la date du 31 juillet 2024, à hauteur de 90%. Je dis bien à hauteur de 90% et ça sera un indicateur de performance », a-t-il indiqué.

D’après lui, lorsqu’on est investi d’une mission de service public, on doit avoir le courage d’assumer ses responsabilités. À défaut, « Si vous n’assumez pas vous démissionnez » a lancé le magistrat.

Avec ces trois bus désormais, Fallou Doumbouya grand espoir que la situation va changer et que les audiences se tiendront désormais à neuf heures dans les tribunes d’instance relevant de la cour d’appel de Conakry.

Alhassane Fofana

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