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Dans une sortie médiatique ce vendredi 12 septembre 2025, Maître David Béavogui a tenu à clarifier les intentions derrière sa lettre ouverte adressée au Premier ministre guinéen, Amadou Oury Bah.
L’avocat au barreau de Guinée affirme sans détour que « cette note n’a aucune motivation politique », balayant les accusations ou interprétations partisanes que certains internautes ont tenté de faire circuler. Et ce n’est pas tout. Il a par ailleurs dénoncé des détentions illégales malgré des décisions judiciaires favorables, demandant le respect de l’État de droit, notamment dans les cas de l’attaque de la prison de Conakry et du colonel Claude Pivi.
« Cette lettre, loin d’être politique, est motivée par deux choses », indique-t-il, avant de poursuivre : « Premièrement, vous savez, tout récemment, j’ai fait une tribune sur Constant Mutamba, et vous avez été très nombreux à établir une similitude entre la situation de M. Mutamba en RDC et celle de certains détenus en République de Guinée. […] La deuxième est liée également […] à la défense du colonel Claude Pivi », a fait savoir Maître David.
Pour justifier son appel, Me Béavogui invoque l’article 51 de la Charte de la Transition, qui confère au Premier ministre la mission de veiller à l’exécution des lois et des décisions de justice. À cela, il ajoute des références religieuses (Coran et Bible) et la Déclaration universelle des droits de l’homme pour insister sur un principe fondamental : « seule la justice peut priver un individu de sa liberté ».
Détentions malgré une décision de non-lieu
Au cœur de ce dossier, l’attaque de la Maison centrale de Conakry survenue le 3 novembre 2023, ayant pour but de libérer des accusés du procès du 28 septembre 2009, dont l’ex-président Moussa Dadis Camara. Selon l’avocat, 74 personnes avaient été inculpées dans cette affaire par le tribunal militaire. Mais le 23 janvier 2025, le juge militaire Flomonan Sagno a rendu une ordonnance de non-lieu. Cette décision, qui a blanchi les accusés, dit Maître David, n’a pas été contestée et aurait dû aboutir à leur libération immédiate.
« Il y a 8 mois, jour pour jour, que les gens sont en détention alors qu’ils bénéficient d’une décision. On se pose la question : pourquoi cette décision n’est pas encore exécutée, pourtant elle ne fait l’objet d’aucun recours de la part des parties », a-t-il mentionné, avant de faire remarquer que la politique et le droit ne s’accommodent pas. « On ne peut pas mélanger le droit et la politique », a-t-il tranché.
L’autre volet : le cas Claude Pivi
L’autre volet de l’intervention de Me Béavogui concerne le colonel Claude Pivi, dont il assure la défense. Dans son message, il a alerté sur l’état de santé dégradé du colonel, qui a récemment perdu son épouse sans avoir pu assister aux obsèques. « Il est sous le choc, il est vraiment atteint moralement », déclare l’avocat, visiblement ému.
Sur le plan juridique, Me Béavogui affirme que le mandat d’arrêt militaire ayant conduit à son extradition est caduc. Il a par ailleurs tenu à préciser que, dans le dossier du 28 septembre, aucune décision de justice exécutoire ne justifie sa détention actuelle.
« Aujourd’hui, il est sans titre. Il est détenu sans titre de détention. […] Voilà, techniquement, comment on peut démontrer que la détention de Claude Pivi est illégale. »
Un appel direct au Premier ministre
Confronté à l’inaction des autorités judiciaires, malgré plusieurs courriers restés sans réponse, l’avocat affirme avoir agi « conformément à la loi » en adressant sa lettre au Premier ministre. Il l’invite à user de ses prérogatives pour ordonner la libération des détenus concernés, au nom de l’État de droit. « Le Premier ministre est garant de l’exécution des décisions de justice. »
Avant de terminer son intervention, Me Béavogui n’a pas manqué d’exprimer sa gratitude envers le bâtonnier Mamadou Diop Soiré, qui l’a, selon lui, autorisé à s’exprimer sur ce dossier sensible.
« Je ne pourrais terminer sans dire merci à un personnage stellaire du barreau de Guinée, qui est monsieur le bâtonnier, monsieur Mamadou Diop Soiré, qui m’a donné cette autorisation de m’exprimer sur un sujet aussi sensible », reconnaît l’avocat, qui en appelle à la responsabilité de l’État, à travers son Premier ministre, pour rétablir la légalité et restaurer la confiance dans la justice guinéenne.
Sâa Robert Koundouno
L’article « Ma lettre ouverte au Premier ministre n’a aucune motivation politique » : Me David Béavogui précise et évoque le cas Claude Pivi est apparu en premier sur Mediaguinee.com.