Lutte contre la drogue à Conakry : des jeunes de Nongo et l’imam Elhadj Mansour Fadiga victimes de menaces

En Guinée, la lutte contre la consommation de drogue est menée conjointement par les services de police et de gendarmerie. Mais au quartier Nongo, dans la commune de Lambanyi, des jeunes se sont engagés activement dans ce combat, aux côtés de certaines figures religieuses, notamment des imams. Mais, ils ont été menacés par des présumés dealers de ces substances néfastes et interdites par la loi. Le doyen des imams, Elhadj Mansour Fadiga, n’a pas échappé aux menaces des délinquants présumés. Interrogé par un reporter de Guineematin.com vendredi, 29 août 2025, Mohamed Fodé Soumah, citoyen du quartier, affirme que la situation est alarmante. Il indique qu’après plusieurs actions menées contre les consommateurs de drogue, les dealers ont proféré des menaces contre les jeunes du quartier et ciblé le domicile de l’imam.

Mohamed Fodé Soumah, citoyen du quartier Nongo

« C’est terrible dans le quartier, parce qu’au-delà de tout, les jeunes leaders du quartier se sont mobilisés face à cette situation catastrophique. On s’est dit qu’il fallait mettre un terme à ça. Du coup, on a formé une équipe dynamique, dirigée par un jeune, Aboubacar Demba Camara, qui a même été victime, ces derniers temps, d’injures et de menaces. On s’était dit qu’aucun drogué ne devait entrer dans notre quartier. Dès qu’on en voyait, on les expulsait vers un autre quartier. On leur disait : “Non, ici, ce n’est pas un endroit pour consommer. Ici, la réputation de notre quartier va au-delà de cela.” », a dit Mohamed Fodé Soumah.

Par ailleurs, notre interlocuteur est revenu en détail sur les actions engagées et ses conséquences. « On s’est mobilisé parce que, si on laisse passer ces actes malveillants, ces comportements contraires à l’éthique et à ce que représente le citoyen de Nongo, cela va nuire à la réputation de tous les jeunes. Alors, on a dit non. Non par nos actions. Et après 3, 4, 5 actions menées, on a vu qu’on avait pu mener le combat, et les drogués du quartier avaient disparu. Cela a dérangé les dealers du quartier, notamment les jeunes dealers. Puisqu’il n’y avait plus de marché pour eux, ils se sont mobilisés pour aller insulter les parents, voire même menacer la maison du premier imam de Nongo, le doyen, Elhadj Mansour Fadiga. Cette situation nous a tellement bouleversés que nous étions sans mots. On a voulu riposter la nuit, mais le vieux a fait tout son possible pour éviter que la situation dégénère. Finalement, on s’est calmés. Mais malgré tout, on s’est confié aux autorités pour nous aider à mettre un terme à cela. Car plusieurs jeunes ont été victimes d’injures, et certains ont même vu leurs familles être insultées publiquement. D’autres encore ont reçu des menaces de mort. »

Poursuivant, Mohamed Fodé Soumah déclare qu’ils mènent aussi des campagnes de sensibilisation et tentent de récupérer certains consommateurs grâce à l’aide de jeunes entrepreneurs locaux. « À chaque fois, nous menons des campagnes de sensibilisation dans le quartier. En plus de cela, nous essayons de récupérer certains jeunes. Des jeunes entrepreneurs du quartier, qui ont de petites entreprises, tentent de les embaucher, de les approcher. D’ailleurs, dernièrement, Aboubacar Demba a jugé nécessaire de mettre en place un programme d’assainissement. Il a essayé d’échanger avec ces jeunes drogués afin de les récupérer, parce qu’ils n’ont nulle part où aller. Mais malheureusement, cela n’a pas marché », regrette-t-il.

Mais, cela ne décourage pas la dynamique enclenchée dans le quartier. Mohamed Fodé Soumah appelle l’État à intervenir. « Hier, nous étions en réunion. Le conseil du quartier a convoqué une réunion d’urgence, où plusieurs points ont été évoqués. Même s’il y avait des insuffisances, et que cela ne semblait pas suffisant pour éradiquer totalement ce fléau, ils ont quand même essayé de nous accompagner à leur manière. Pendant les échanges, nous leur avons proposé de mettre en place une équipe dotée de badges représentant le quartier, pour mener des combats nobles dans la communauté. Comme vous le savez, dans notre société, les drogués et les dealers posent de véritables problèmes. Un drogué, quand il est sous l’effet de la drogue, ne se contrôle pas. Si vous essayez de l’empêcher de consommer, il vous prendra pour un ennemi. Face à cette situation, j’ai moi-même conseillé aux jeunes de ne plus sortir après 22h, car c’est vraiment terrifiant. Imaginez un dealer qui se déplace pour aller menacer quelqu’un engagé dans la lutte contre la drogue. Et si la personne est seule face à un groupe de dealers ? Que se passerait-il ? L’État doit intervenir. Si nous restons indifférents face à de telles situations, elles vont empirer. Et bientôt, nous perdrons le contrôle. Pour l’instant, la situation est encore contrôlable. L’autre jour, nous avons appelé la police, notamment le BAC 5, qui nous a aidés après l’incident, le conflit entre les jeunes et les dealers. Ils nous ont donné un vrai coup de main. Dès qu’on les appelle, ils interviennent rapidement, au bon moment. L’État doit mettre tous les moyens à notre disposition pour que nous puissions nous débarrasser de ce fléau, qui a un impact grave sur l’avenir de la jeunesse », a-t-il laissé entendre.

Joint par téléphone, Elhadj Mansour Fadiga, doyen des imams, n’a pas souhaité réagir pour le moment. « Laissez tomber l’affaire », s’est-il contenté de dire.

Ismael Diallo pour Guineematin.com

Tél. : 624 69 33 33

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