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En 2012, j’ai décroché la première place nationale en Sciences Sociales Franco-Arabe (SS FA) au baccalauréat en Guinée. Un aboutissement que je chérissais profondément. Car, comme aujourd’hui encore, cette performance permettait aux meilleurs d’espérer une bourse pour poursuivre leurs études à l’étranger, notamment au Maroc.
À l’annonce des résultats des bourses, j’étais convaincu que mon nom y figurerait. Mais il n’en fut rien. Aucun lauréat de mon option n’avait été retenu cette année-là encore. C’était pour moi un choc. Tout mon projet reposait sur cette opportunité, et je n’avais jamais envisagé un autre scénario.
À ceux qui seront sélectionnés pour les bourses cette année, je tiens à leur adresser mes félicitations les plus sincères, par anticipation. Vous avez travaillé dur et si votre nom figure sur cette liste tant attendue, c’est que vous avez mérité votre place. Profitez pleinement de cette opportunité, mais gardez à l’esprit que partir n’est pas une fin en soi. Ce n’est qu’un départ. La réussite dépendra surtout de votre engagement, de votre capacité à apprendre, à vous adapter et à servir avec humilité.
À ceux qui ne seront pas sélectionnés, je voudrais vous dire ceci : ne vous découragez pas. Votre avenir ne se joue pas qu’en un instant, ni dans une seule décision administrative. Le parcours est peut-être plus long, moins linéaire, mais il peut être tout aussi riche et brillant. J’en suis un témoin vivant.
Face à la dure réalité, j’ai dû me réorienter et m’inscrire dans une université en Guinée. Un autre obstacle s’est alors présenté : l’établissement ne voulait pas m’admettre en Administration des Affaires. Selon eux, mon profil issu des Sciences Sociales Franco-Arabes ne me préparait pas à suivre un cursus exigeant en mathématiques et en gestion. Mon dossier n’a même pas été examiné au départ. Mais j’ai insisté. Et j’ai fini par obtenir mon inscription. Quelques années plus tard, j’étais major de promotion, et je décrochais un contrat à durée indéterminée dans une banque.
Je me souviens aussi avoir obtenu une admission via Campus France à l’Université de Bretagne Occidentale. Mais là encore, la prise en charge financière n’a pas suivi. Ceux qui souhaitaient m’aider n’en avaient pas les moyens, et ceux qui en avaient ne souhaitaient pas s’engager. Puis, une bourse s’est présentée pour poursuivre mes études à Riyad à la King Saud University, grâce à l’appui du ministre de la Coopération internationale d’alors, le Pr Koutoubou Moustapha Sano. Mais l’épidémie d’Ebola a stoppé tous les départs. D’autrespropositions sont venues plus tard, notamment pour l’Université islamique de Médine, que j’ai déclinée. J’avais entre-temps trouvé ma voie et décidé de continuer à bâtir ma carrière à partir de la Guinée.
Il m’est aussi arrivé, au fil des années, d’accompagner quelques amis revenus de l’étranger dans leur recherche de stage ou d’opportunités professionnelles. Pendant qu’ils finalisaient leur parcours universitaire hors du pays, j’étais déjà engagé dans la vie active, en CDI.
Je partage cette expérience non pas dans une logique de comparaison, mais pour illustrer une réalité simple : chaque parcours est unique. Certains partent, d’autres restent, mais chacun construit sa voie à son propre rythme. La réussite, elle, ne dépend pas tant du lieu d’étude que de l’effort, de l’intégrité, et du sens qu’on donne à ce que l’on fait. Il est tout à fait possible de construire un parcours solide en Guinée et d’être ensuite en mesure de tendre la main à d’autres.
Aujourd’hui, je suis conscient des nombreuses difficultés auxquelles les étudiants guinéens sont confrontés : infrastructures parfois vétustes, accès aux documents, qualité pas toujours satisfaisante de certains programmes. Mais je vois aussi les formidables opportunités offertes par les nouvelles technologies, par l’essor de l’intelligence artificielle, et par les plateformes d’apprentissage en ligne. En plus des cours à l’université, il est désormais possible d’accéder à des ressources de haut niveau, de suivre des formations certifiantes ou diplômantes à distance, et de se former de manière autonome.
J’ai eu la chance d’enseigner à l’université à partir de 2019, et j’ai vu émerger une jeunesse ambitieuse, curieuse, et déterminée à réussir malgré les obstacles. J’ai également poursuivi mes études en Guinée : une Licence en Administration des Affaires, puis un Master en Management et Stratégie d’Entreprise. Ces diplômes m’ont permis d’amorcer une carrière prometteuse dans le secteur bancaire.
Plus tard, j’ai fait le choix de poursuivre mes études en France. Ce n’était pas par défaut, ni par manque de perspectives en Guinée, mais par ambition personnelle : celle de renforcer mes compétences, de me confronter à d’autres environnements académiques et de m’ouvrir davantage à l’international. Mon passage par une grande école de commerce m’a beaucoup enrichi, humainement et professionnellement. Il a affiné ma vision et élargi mes opportunités. Mais je le dis avec conviction : ce chapitre n’a pas été la condition de ma réussite. Il en a été un prolongement, pas un point de départ.
Alors, chers nouveaux bacheliers, et vous qui le deviendrez demain : croyez en vous, investissez-vous dans votre formation, quelles que soient les circonstances. La Guinée peut vous offrir les bases nécessaires pour réussir, à condition d’y croire et de s’y engager avec sincérité et discipline.
Le chemin de chacun est unique. Le vôtre peut être grandiose.
BAH Alpha Ousmane
[email protected]
Consultant en Trade Finance à Paris
Diplômé en Banque – Finance et Management – Stratégie (Guinée – France)
Ancien major du Bac Sciences Sociales Franco-Arabe – Guinée, 2012
L’article Les conseils utiles de Bah Alpha Ousmane, 1er en SS FA 2012, aux nouveaux lauréats : ‘’Je n’ai pas eu ma bourse, mais j’ai construit ma carrière’’ est apparu en premier sur Mediaguinee.com.